Défense de la langue française   
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POUR TOUT L’OR DES MOTS

      C’est sous cette dénomination que l’association Semaines de la lecture a ouvert à Fribourg (Suisse), à la mi-janvier 2009, une exposition interactive du plus haut intérêt. Le concept est fondé sur la structure d’une banque. Mais il s’agit d’une banque spéciale où le visiteur est invité à découvrir, à compter, à jouer, « bref à investir dans la valeur, la richesse, la beauté, le pouvoir, l’art des mots ».
      Ainsi, au guichet de l’emprunt et du prêt, il découvre d’où viennent les mots élixir, jasmin, canif, tunique, chenapan, etc. Il apprend aussi à quand remonte la première vague d’anglicismes, combien de mots le français a emprunté à d’autres langues et pour quelles raisons. Et il reçoit des réponses à nombre d’autres questions.
      Au guichet du change, le visiteur passe aux mots de la francophonie, en particulier ceux d’Afrique et du Québec. En voici quelques-uns :
    - Il se prend pour le berlicoco du monde (le nombril du monde).
    - Assez de babouner (bouder).
    - Elle se dadine (elle marche comme un mannequin lors d’un défilé de mode).
    - Elle alla voir le cabinard (le médecin).
    - Virguler vers de nouvelles parlures (bifurquer vers d’autres manières de parler).
    - Réduisez vos talons (soyez moins orgueilleux).
    - Laissez-vous cadeauter (dorloter).
Quant au guichet du capital, il permet d’évaluer son capital personnel de mots et de réfléchir aux nuances du vocabulaire.
      Dans la salle des coffres, « le dictionnaire se décline en autant de découvertes insolites ».
      Le couloir des mots montre le pouvoir des mots. Délicats à manier, ils peuvent blesser ou guérir, faire pleurer ou chanter, ouvrir ou fermer les cœurs. Ils peuvent donner des coups de cœur, de foudre, de pouce, de bec, de chance, de grisou, de vieux, de maître, d’éclat, de baguette magique, d’État, etc.
      L’exposition comporte encore une colonne où des écrivains font part de leur rapport aux mots, ainsi qu’une paroi où peintres et plasticiens offrent au visiteur des œuvres qui expriment ce que leur inspirent les mots.
      En chiffres, le Petit Robert comprend 60 000 mots ; un vocabulaire de culture générale en représente 30 000 et le vocabulaire courant est estimé à 3000 mots.
      Cette remarquable exposition s’adresse au grand public comme aux élèves des écoles de différents niveaux. Dès sa fermeture, le 11 mars, elle sera transférée à Porrentruy (canton du Jura) où elle constituera un fleuron de la 14e Semaine de la langue française et de la francophonie dans cette ville. Au demeurant, des entretiens vont être engagés avec une délégation de Limoges en vue d’une présentation dans la capitale de la Haute-Vienne.
Étienne Bourgnon
8 février 2009
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