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L’espéranto, un outil pour la sauvegarde et le rayonnement de la langue française ?
Dans mon ouvrage « La Nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou », j’ai abordé d’une façon complète et très approfondie le problème linguistique européen. L’espéranto me parait être la seule langue capable de sauver toutes les langues nationales européennes, de nous débarrasser à terme du « Basic English » et d’éviter que la France, Québec actuel de l’Europe, devienne d’ici un siècle une nouvelle Louisiane !
L’espéranto, langue commune neutre des Européens et bouclier contre l’impérialisme linguistique de l’Amérique
L’Europe a besoin d’une langue neutre et commune. L’espéranto est l’allié naturel du français et des langues nationales européennes. N’appartenant à aucune puissance, l’espéranto réduit le risque d’uniformisation culturelle, chaque peuple conservant et développant l’usage de sa langue nationale tout en la mettant à l’abri du nivellement engendré par le monopole d’une autre langue nationale telle que l’anglais. Son usage permet ainsi la sauvegarde du multilinguisme et de la diversité culturelle du monde. L’espéranto n’est pas impérialiste.
Si la langue anglaise devait devenir la langue de l’Europe, les anglophones deviendraient supérieurs en droits par rapport aux autres locuteurs européens. La volonté de bâtir un monde en apparence plurilingue (un cheval bilingue anglo-américain pour une alouette plurilingue italienne ou allemande) est rassurante, mais ouvre en fait un boulevard à l’américanisation et à l’asservissement linguistique. Le non français à la Constitution était aussi un non à l’anglo-américain de Bruxelles !
L’espéranto doit devenir la première langue obligatoire dans toutes les écoles d’Europe. Contrairement à ce que pensent ses détracteurs, l’espéranto revitaliserait l’usage des langues car il constitue une excellente introduction pour l’apprentissage des idiomes et le temps gagné à maitriser cette langue utilitaire sept fois plus facile que l’anglais permettrait d’apprendre d’autres langues par nécessité, affinité, intérêt particulier, plaisir ou goût culturel.
L’espéranto, langue équitable des Paneuropéens
Si l’on compare l’anglais à une rose rouge qui pousserait naturellement et ferait dépérir toutes les fleurs d’un jardin, l’usage de l’anglais nous mène tout droit à un jardin plein de roses rouges, mais sans aucune autre fleur. Le tout est de prendre conscience que ce jardin sera monotone et pauvre en couleurs linguistiques. L’anglais met en danger la diversité culturelle qui est une des richesses de l’Europe. L’espéranto, lui, n’a pas pour but de remplacer les langues nationales, mais de servir de langue auxiliaire commune. Si l’UE adopte l’espéranto, ce sera la première étape pour sauvegarder toutes les langues européennes.
La politique actuelle du multilinguisme en Europe est un non sens et une hérésie. Ceci nous met dans une situation comparable à celle où, en France, un Basque français, un Breton,un Alsacien ou un Provençal, en supposant qu’ils n’aient pas le français comme langue commune, ne devraient qu’au hasard de pouvoir se comprendre, parce qu’ils auraient appris telle langue étrangère plutôt qu’une autre. Les Anglo-saxons et certaines élites défaitistes européennes cherchent à placer l’anglo-américain dans le rôle de langue unique européenne devant laquelle devront s’effacer toutes les langues nationales, afin d’imposer de nouvelles structures mentales aux Européens et de les contraindre à voir le monde à l’américaine, à penser à l’américaine.
Depuis 1945, la promotion de la langue anglaise est au centre de la stratégie mondiale de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, et le British Council joue un rôle clé pour maintenir les positions de la langue de l’ancien colonisateur dans les Etats issus de son empire, ainsi que dans le monde post-communiste, où l’on prêchait la globalisation par l’intercession de la trinité de l’économie de marché, des droits de l’homme et de l’anglais. Ainsi que l’explique le Rapport annuel du British Council pour 1960-61 : « Enseigner l’anglais au monde peut être considéré comme une extension de la tâche qui s’imposait à l’Amérique lorsqu’il s’agissait d’imposer l’anglais comme langue nationale commune à sa propre population d’immigrants. »
Les efforts financiers réalisés pour promouvoir les langues en Europe et le fameux discours sur le multilinguisme, soutenus par l’Union européenne, se soldent par un échec total. Dans un système entrepreneurial, les promoteurs de ce système seraient renvoyés. Ce système naïf et hypocrite de multilinguisme conduit en fait directement au « tout anglais ». On ne peut imposer à tous les membres de l’Union européenne la langue d’un pays et de l’hyperpuissance qui vont en sens inverse de l’idée européenne ou la freinent. A ce sujet, David Rothkopf, du cabinet de consultants de Kissinger, cité dans la revue américaine « Foreign policy » estime qu’ « il y va de l’intérêt économique et politique des Etats-Unis de veiller à ce que, si le monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais ; que si le monde adopte des normes communes en matière de télécommunications, ce soit des normes américaines ; et que, si les différentes parties sont reliées par la communication, la radio et la musique, les programmes soient américains (..) » . Qu’attend-on ? Il est urgent que la France et l’Allemagne conjointement d’abord et la Russie ensuite introduisent ou rendent obligatoire, dans toutes les écoles, l’enseignement de l’espéranto, tout comme Charlemagne avait favorisé à son époque l’enseignement du latin...
Avec le nombre croissant d’Etats-membres et de langues dans l’Union européenne, la gestion du multilinguisme est devenue plus compliquée et moins efficace, et les anglophones de naissance bénéficient d’un énorme avantage. Cela justifie le besoin d’une recherche sérieuse de réformes du système. Pour que les idéaux d’égalité et de multilinguisme soient assurés, il importe que soit sérieusement prise en considération la possibilité d’adopter un outil neutre de communication. En fait, il existe déjà, c’est l’espéranto !
Le remplacement de l’anglo-américain par l’espéranto en Europe est inéluctable et son succès sera comparable à celui du système métrique
L’espéranto n’a aucune nation derrière lui à ce jour, mais il représente une idée juste et équitable ; rien ne peut arrêter une idée si elle est vraie. Avant1791, les anciennes mesures françaises comportaient des unités différentes avec des noms différents ou portaient le même nom, mais leur valeur variait d’une province à l’autre et les subdivisions n’étaient pas décimales. La loi du 7 avril 1795 institua en France le système métrique d’une très grande simplicité. Dès 1816, ce système fut adopté par les Pays-Bas et petit à petit l’Europe, puis l’ensemble du monde suivit, à l’exception des Etats-Unis, de l’Angleterre et du Canada. Il avait suffi de la volonté d’un seul pays, la France, pour proposer un système décimal simple. Il va en être exactement de même pour le lancement de l’espéranto. Au fatras des poids et des mesures, la France opposa le système métrique. Il importe que maintenant la France introduise l’espéranto afin de sortir du fatras linguistique européen.
Les Français doivent admettre que leur langue est belle, magnifique, mais qu’elle est difficile, avec une grammaire compliquée, avec des articles féminins ou masculins pour les choses qui n’ont pas de sexe, l’allemand ajoutant le neutre ! Le français a perdu pour des raisons historiques (Traité de Paris en 1763) l’universalité de sa langue et par suffisance la bataille de la langue de l’Europe à Bruxelles ; il lutte à partir de maintenant comme toutes les autres langues nationales européennes pour sa survie, la politique de multilinguisme ayant prouvé qu’elle ne pouvait arrêter à elle seule le rouleau compresseur anglo-américain.
Le système métrique s’est développé grâce à sa facilité et la lutte n’est plus aujourd’hui qu’entre l’anglo-américain et l’espéranto. Mais si l’on introduit l’espéranto, le français a toutes les chances de garder son universalité, de rester une grande langue internationale scientifique et de communication et de devenir davantage encore la langue culturelle de l’élite. Le grand perdant serait l’anglo-américain coincé entre d’une part l’espéranto qui lui aurait pris l’essentiel de son fonds de commerce utilitaire dans le monde et d’autre part le français, latin du XXI
e siècle, mais aussi le mandarin en Asie, l’espagnol aux Amériques, la francophonie, la lusophonie,l’arabe et le russe !
La France devrait être le pays pionnier pour l’espéranto et l’on pourrait même imaginer que la France et l’Allemagne lancent la bataille de l’espéranto, langue de l’Europe, en l’introduisant conjointement d’une façon obligatoire dans les écoles puisqu’elles ont été incapables, en raison de la mondialisation et de la poussée de l’anglo-américain, d’imposer l’enseignement réciproque de leurs langues dans l’autre pays. Assurés de pouvoir communiquer entre eux grâce à l’espéranto, les Français et les Allemands devraient aussi laisser une place pour l’apprentissage d’une langue étrangère quelconque selon le choix de l’étudiant, pas nécessairement européenne, par exemple le mandarin, afin de pouvoir s’ouvrir au monde entier. Par là même, la France et l’Allemagne reprendraient une idée du général de Gaulle qu’elles adapteraient au XXI
e siècle et lanceraient un magnifique combat qui se traduirait à terme par la survie des langues nationales européennes, de l’identité européenne, de la diversité culturelle européenne, tout en mettant en place un outil international de communication qui se répandrait très vite dans le monde entier, la Russie pouvant même être tentée de se joindre, dès le début, à cette initiative.
Il n’est pas possible d’arrêter une idée juste et équitable qui a tout pour réussir. Il est urgent d’agir et de briser le rêve dominateur conjoint de la perfide Albion et de l’Empire américain. Rayonnement du français et des autres grandes langues de communication, survie de toutes les langues nationales européennes, multilinguisme, diversité culturelle, espéranto, même combat !
M.Rousset*
Le 5/10/2009
*Auteur de « La Nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou »-538p-Editions Godefroy de Bouillon-2009