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17e Conférence ministérielle de la Francophonie
Beyrouth, 15-16 octobre 2002
Intervention de S.E. M. Pierre-André WILTZER
Ministre Délégué à la coopération et à la Francophonie
de la République Française
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs,
J'éprouve une grande joie à participer pour la première fois à la Conférence ministérielle de la Francophonie et je suis heureux que cette Conférence et celle qui réunira les chefs d'État et de Gouvernement se tiennent ici, à Beyrouth. C'est un symbole très important.
Je félicite et je remercie les Autorités libanaises et, en particulier, notre Président et hôte, Monsieur Ghassan Salamé, pour l'excellente organisation de cette manifestation.
Je remercie également le Liban et le peuple libanais pour la chaleur de leur accueil.
Je souhaite marquer d'entrée mon intervention en faisant part de la satisfaction de la France devant les progrès majeurs que connaît la Francophonie institutionnelle depuis le sommet de Hanoï de 1997. La preuve est apportée que la Francophonie sait évoluer, qu'elle accroît sa crédibilité et démontre de mieux en mieux son utilité. Nous saluons les réformes courageuses entreprises par les opérateurs et nous appelons à la poursuite de cette politique de rationalisation qui contribuera à mieux maîtriser les coûts.
Comme l'a très justement dit notre Secrétaire général, les instances de la Francophonie doivent donner l'exemple et améliorer elles aussi leur fonctionnement.
Je tiens, à cet égard. à saluer les réflexions et les propositions que le Président Ghassan Salamé a présentées à l'ouverture de nos travaux. Il a tracé des voies qui nous paraissent très prometteuses. D'ores et déjà, nous nous félicitons des conclusions du rapport du Comité de suivi de l'évaluation de l'AIF, adopté lors du Conseil Permanent de la Francophonie le mois dernier.
Le point le plus important de ce rapport a été le constat que la Francophonie ne disposait pas d'un organe expressément chargé de la réflexion sur les grandes orientations stratégiques. Cette faiblesse sera bientôt derrière nous, puisque le CPF a été choisi pour assumer ce rôle-pivot.
Comme les autres grandes organisations internationales, nous serons désormais dotés d'un cadre stratégique à long terme qui améliorera l'élaboration des grandes priorités de la Francophonie en face des principaux enjeux internationaux. Les opérateurs vont avoir la durée nécessaire à toute action efficace, facilitant les partenariats et rendant plus lisible et visible l'activité de la Francophonie en matière de coopération.
Les réflexions sur la méthode ont également abouti, à juste titre, à décider du passage du cycle de programmation de 2 à 4 ans et de la recherche de meilleures voies pour améliorer le financement de la coopération multilatérale francophone.
Nous apprécions les recommandations visant à la simplification de l'organisation des instances politiques et à la clarification du rôle de chacun dans le respect strict du cadre juridique fixé par la Charte de la Francophonie.
Ces recommandations, vous les connaissez tout aussi bien que moi et leur rappel ne s'impose pas. Néanmoins, à titre d'exemple, je souligne notre pleine approbation de celle qui vise à regrouper les conférences ministérielles dites « Conférences du Sommet » et les « Conférences générales de l'Agence ».
De même, nous apprécions le schéma retenu de répartition des compétences entres les Conseils permanents et les Sommets.
Au-delà de ces réformes indispensables à la croissance et à la plus grande efficience de notre coopération, nous devons nous interroger sur la composante politique de notre action, singulièrement dans le domaine que nous dicte l'actualité, et qui est celui de la gestion des crises. Il serait de l'intérêt de la Francophonie de faire avancer la réflexion dans le sens d'une meilleure capacité de décision des instances. Que pouvons-nous envisager? Tout d'abord, la Déclaration de Bamako nous offre des possibilités d'action que nous n'exploitons peut-être pas à leurs justes mesures. Ensuite, nous pourrions nous interroger sur le mode de fonctionnement du CPF et, dans le strict respect de la Charte, voir quelles pourraient être les formules qui lui permettraient de réagir avec encore plus de célérité lors des situations de crise. Enfin, peut-être pourrions-nous aussi mener une réflexion, même si la question est large et délicate, sur la constitution d'un groupe restreint d'action ministérielle au sein de la Francophonie. Le Commonwealth a une telle structure, souple et efficace, composée d'une douzaine de ministres.
Comment, au-delà de ces quelques observations, partagées avec vous et soumises à votre analyse critique, pouvons-nous améliorer encore notre activité?
Nous estimons que le maître mot demeure celui de « concertation ». Il appartient à tous, États et Opérateurs, de jouer de ce levier, entre autres, à la veille et lors de grandes rencontres internationales.
La concertation et la solidarité des francophones du Nord et de ceux du Sud doivent être actives, pour peser sur les grandes décisions, économiques, commerciales et culturelles, qui engagent l'avenir de nos Nations. L'union fait la force. Nous devons mettre ce précepte en pratique. C'est la seule voie offerte à nos pays, permettant à chacun de défendre, de façon équitable, ses intérêts et à la Francophonie de mieux se faire entendre collectivement sur la scène internationale.
C'est d'autant plus important que c'est au sein de la Communauté Francophone que sont regroupés la majorité des pays dits « les moins avancés », c'est-à-dire ceux qui ont le plus besoin de la solidarité internationale.
Ainsi, la Francophonie institutionnelle, et l'AIF au premier plan, pourrait constituer un « pôle » d'expertise, doté des moyens adéquats, pour aider ceux d'entre nous qui le souhaitent à préparer les travaux et les assister dans leur participation aux négociations internationales. La Conférence de Johannesburg a démontré l'utilité de cette démarche.
Un autre angle de réflexion pourrait être de « mutualiser » le coût des experts étrangers indispensables pour renforcer les capacités des pays du Sud, en les aidant à élaborer des politiques nationales crédibles, à monter des dossiers éligibles auprès des institutions financières internationales. Une cellule d'appui technique pourrait être envisagée. Des pistes de réflexion sont ainsi ouvertes. D'autres peuvent l'être.
Dans ce contexte, un de nos objectifs majeurs demeure, compte tenu des moyens financiers disponibles, qui restent somme toute limités, de rechercher la synergie entre les opérateurs, les institutions financières internationales, les coopérations bilatérales. A cet égard, la France compte toujours sur la tenue prochaine, avant le Sommet de Ouagadougou, d'un symposium sur le financement du développement.
La rénovation du fonctionnement des instances et des opérateurs, la rigueur des politiques, mais aussi la concertation porteuse d'efficacité au sein des instances, ainsi que la solidarité active adaptée à la diversité des situations, voici les instruments indispensables à la relance de la Francophonie multilatérale. Grâce à eux, nous pouvons emporter l'adhésion de nos populations, faire la preuve de l'efficacité de notre organisation, et inciter tous les acteurs concernés à poursuivre le chemin avec nous.
Soyez assurés que la France multipliera les efforts, tant humains que financiers, pour contribuer au succès de cette profonde mutation.
Je vous remercie de votre attention.
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