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ASSISES ECONOMIQUES DU FORUM
FRANCOPHONE DES AFFAIRES
Intervention de M. Pierre-André WILTZER,
Ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie,
aux assises économiques du Forum francophone des affaires
(Beyrouth, 17 octobre 2002)
Madame la Présidente du Comité national libanais du FFA,
Monsieur le Président du Bureau international,
Madame la Secrétaire générale internationale du FFA,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires et les Elus,
Mesdames et Messieurs les Membres du Corps diplomatique,
Beyrouth est cette semaine la capitale mondiale de la Francophonie. C'est un symbole particulièrement important, chacun en voit les raisons.
Je suis heureux de participer aux assises de la Francophonie économique organisées par le Forum francophone des affaires, dans ce cadre prestigieux. Le Comité national libanais, les chefs d'entreprises et les autorités libanaises ont trouvé là un cadre idéal pour travailler et tracer des voies d'avenir.
Quelques réflexions : la dimension économique n'a jamais été absente du projet francophone, en dépit des apparences et des difficultés. La Francophonie a été présente dans le combat pour le développement solidaire, l'éducation et la santé, et plus récemment la défense des biens publics mondiaux dont les Francophones ont contribué à forger le concept, reconnu par le sommet de Johannesbourg comme le fondement du développement durable. Elle est au coeur de notre action pour l'enracinement de 1'État de droit, des pratiques démocratiques et de la sécurité juridique dans l'espace francophone, qui seul peut apporter la confiance aux investisseurs et les garanties juridiques des transactions.
C'est au sommet de Chaillot, en novembre 1991, que l'idée a pris forme d'un engagement de tous les pays francophones à mener des actions communes pour créer un véritable partenariat économique francophone. Avec l'adoption en 1999 de recommandations des ministres de l'économie et des finances réunis pour la première fois à Monaco puis, au Sommet de Moncton la même année, l'adoption d'un plan d'action des Chefs d'État et de gouvernement, le développement d'un espace économique francophone est devenu une composante essentielle de la Francophonie. II nous revient de donner plus de contenu à cette affirmation, de renforcer les structures économiques et l'intégration régionale pour permettre aux francophones du Sud de mieux s'insérer dans le jeu des échanges commerciaux internationaux et de la réglementation de l'investissement. Les entreprises, de leur côté, doivent être motivées pour développer leurs priorités en direction de notre espace francophone. En effet, l'interdépendance entre nos économies est encore faible, de l'ordre de 15%, alors que le niveau d'intégration commerciale du Commonwealth se situe entre 35 et 40%.
Ayant vocation à traverser les espaces régionaux et continentaux, la Francophonie peut influer sur les débats en cours dans les enceintes internationales économiques et financières. Son poids dans le monde 1' y engage : 10 % de la population de la planète, 11% du PIB mondial, 15 % des échanges commerciaux, sans compter que cinq de ses membres font partie de 1' OCDE et que deux États appartiennent au G7/G8. La succession, en quelques mois, de plusieurs concertations internationales de haut niveau consacrées au développement -Conférence de Monterrey, NOPADA-NEPAD, Sommet du G8 à Kananaskis, Sommet mondial de Johannesbourg - a donné aux francophones l'occasion de faire entendre leur voix. Un symposium francophone sur l'accès aux financements internationaux, prévu avant le prochain sommet francophone de Ouagadougou, visera à définir une méthodologie permettant à la fois une synergie accrue avec l'action des organisations internationales qui financent le développement et, parallèlement, une meilleure efficacité des démarches des pays du Sud demandeurs de financements.
La France présidera en 2003 le G7/G8. En matière de développement, le Président de la République a pris des engagements forts dans les enceintes internationales. L'augmentation de l'aide publique au développement compte parmi les cinq priorités du Gouvernement français: elle augmentera de 50% en cinq ans. Nous soutenons les objectifs du nouveau partenariat pour le développement africain, le NOPADA-NEPAD, qui doit être mis à profit pour passer définitivement d'une culture de l'assistance à une culture du partenariat, particulièrement en Afrique, ce continent qui est au coeur de nos préoccupations. La France, notamment au G8, s'emploiera à y faire valoir les vues de l'OIF et des opérateurs.
La nouvelle économie, on le sait, est fondée sur l'inventivité et la créativité. Or, précisément, la diversité culturelle n est pas un réflexe de repli. Elle permet au contraire les échanges et la compétition pacifique. Gardons aussi à l'esprit que le capital culturel est lui-même devenu une ressource d'emplois et de revenus, qu'il s'agisse de tourisme ou de valorisation de sites naturels et archéologiques.
Je soulignerai enfin l'importance de la langue que nous partageons dans le développement de la francophonie économique. Le français, langue des affaires, n'est pas un pis-aller lorsque l'on ne maîtrise pas bien l'anglais. C'est une langue adaptée à tout type de transaction et qui a toutes les vertus opérationnelles nécessaires, toute la concision et la précision voulues. Des opérations telles que « le Mot d'or » contribuent à la valoriser. Je tiens à remercier le FFA et toutes les associations, dont l'Association francophone d'amitié et de liaison, l'Association pour la diffusion internationale francophone de livres ouvrages et revues et la Fédération internationale des professeurs de français, qui assurent la promotion de ce concours inventif et utile.
Dans le même esprit, la France, en partenariat avec la Communauté française de Belgique et le Luxembourg, s'emploie énergiquement à promouvoir l'usage de la langue française dans les enceintes de l'Union européenne dans la perspective de l'élargissement. N'oublions pas que parmi les candidats à l'entrée dans l'UE, six sont membres ou observateurs de la Francophonie. C'est largement dans les enceintes internationales que se joue le sort du français en tant que langue technique, économique et scientifique.
De tels objectifs, qui sont ceux de la Francophonie, nous les partageons avec des associations, des fondations, des métropoles de langue française, des collectivités territoriales, des milliers de chefs d'entreprises.
Enfin, je voudrais insister sur un aspect nouveau et prometteur de la coopération francophone c'est celui du partenariat.
Nous assistons en ce moment à une véritable mutation de la coopération et des politiques de développement.
Le NEPAD en est l'illustration, et c'est d'autant plus important qu'il s'agit d'une initiative africaine.
Ce nouveau partenariat repose sur quelques principes de base dont l'un concerne tout particulièrement le monde économique et le secteur privé: c'est celui de la conjonction des efforts et des moyens entre des partenaires de natures différentes (Etats, institutions internationales, organisations non gouvernementales et entreprises) pour concevoir et réaliser des projets de développement.
Cette méthode a déjà été utilisée ponctuellement et elle a donné de bons résultats. Elle est appelée désormais à se généraliser. Le gouvernement français approuve et soutient cette démarche.
Cela nous conduira à renforcer nos concertations et nos collaborations, et à modifier en conséquence nos méthodes traditionnelles en matière de coopération.
Les entreprises n'apporteront pas que des capitaux. Elles apporteront dans la définition des projets et dans leur mise en oeuvre leur expertise et leur souci d'une gestion rigoureuse de fonds investis.
Il s'agit donc d'un nouveau domaine qui s'ouvre au monde des affaires, que vous représentez.
Il serait intéressant que vous puissiez réfléchir aux conditions dans lesquelles le secteur privé pourra prendre place dans ce nouveau dispositif et, pour ma part, j'attacherai beaucoup d'attention aux suggestions et aux recommandations que vous pourrez présenter, afin que ce nouveau partenariat puisse entrer réellement dans les faits.
Les assises économiques qui s'ouvrent aujourd'hui témoignent de votre engagement dans la bataille du développement. Le Forum Francophone des Affaires a fait oeuvre de pionnier dans ce domaine. Puissions-nous ensemble donner corps à l'espace économique francophone dans la nouvelle donne mondiale.
Je forme des voeux sincères pour la poursuite de vos travaux et j'en examinerai les résultats avec la plus grande attention.
Je vous remercie.!.
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