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DLF, n° 274
DICTIONNAIRE ORTHOTYPOGRAPHIQUE MODERNE de Jean-Pierre Colignon CFPJ, 2019, 306 pages, 28,50 €
Celui qui fut, à dix-huit ans, le plus jeune correcteur de France, auteur de
plus de soixante ouvrages, de recueils de jeux, de centaines de mots croisés...
bref, un de nos maîtres les plus efficaces et admirés, entend aujourd’hui
nous révéler à quel point il est nécessaire, indispensable, vital, d’obéir aux
règles de l’orthotypographie. Un seul mauvais accord de participe passé,
une virgule abusive ou omise, la confusion entre majuscules et minuscules...
et voilà tout un texte fâcheusement, voire dramatiquement, dénaturé.
Désormais, grâce à cet ouvrage, vous saurez, si vous ne le saviez déjà, ou
l’omettiez, ou l’aviez oublié : comment rédiger une adresse... la liste des abréviations d’usage
courant... comment présenter les noms d’adeptes, adhérents, militants... ceux des adjectifs
numéraux cardinaux... comment et pourquoi mettre des guillemets, des parenthèses, des tirets,
des traits d’union, une capitale ou non... se rappeler que les signes du zodiaque sont des noms
propres à majuscule, d’où il résulte que votre bonne aïeule peut être Vierge, votre jeune frère
Poissons, et votre servante Taureau...
Nicole Vallée
L’ORTHOGRAPHE EN BD de Bernard Fripiat et Laurent Petitguillaume. Illustrations par POSTIT. Larousse, 2019, 256 pages, 17,99 €
Une présentation sous forme de BD contribuera-t-elle à améliorer l’orthographe
de nos concitoyens? La bande dessinée, née en France au XIXe siècle
avec des personnages aussi emblématiques que Bécassine, les Pieds Nickelés
et Tintin, allie en l’occurrence le 9e art et l’histoire (de notre belle langue).
Il est certain que le graphisme et les bulles colorées de cet épais volume
donnent envie de participer au dialogue engagé entre l’impétrant un peu
nigaud et insolent, et son pédagogue aussi longanime que Socrate. D’autant que les titres énigmatiques
du sommaire dérogent à une nomenclature usuelle et nous entraînent dans une libre déambulation,
émaillée de problèmes toujours solubles dans le bon sens. L’élève, adulte déjà entré dans le monde
du travail, utilise Facebook, envoie des SMS qui aggravent ses lacunes, souffre évidemment
d’anglomanie avec un vocabulaire français déjà réduit et se moque des étymologies suggérées par
le maître. Il convient donc de traiter les questions au jour le jour ; ainsi de la récente querelle
masculin-féminin qui empoisonne sa famille, du bon usage du participe passé qu’il n’a manifestement
pas assimilé enfant, du délicat traitement de
quoique, quelque ou
quel que, tel et
tel que, de la place du
trait d’union et de l’apostrophe dans l’écriture de
va-t’en. Un doute chronique quant aux accents
et aux traits d’union se manifestera vivement avec le mot
quasi, lequel risquera d’entraîner une
brouille entre le
quasi-crétin et l’enseignant d’une orthographe
quasi débile ! Néanmoins, les leçons
se poursuivent avec des interrogations sur le genre (par exemple, celui de gens), la finale du verbe
en
é ou
er (dont l’explication est cocasse...), la différence entre
ce et
se, etc. Mais le talent des auteurs
– qui se cachent certainement derrière les personnages iconiques du manuel – ne saurait se contenter
d’une sérieuse mise à niveau. En effet, certains sujets frôlent la métaphysique :
Qu’est-ce qui peut être
infini et singulier ?
Monika Romani
L’ART DU SOUS-ENTENDU de Laurent Pernot Fayard, 2018, 340 pages, 19 €, liseuse 13,99 €
Avions-nous pleinement conscience, avant la lecture du passionnant essai de Laurent
Pernot, que le sous-entendu représente «
une donnée immédiate de l’intelligence
humaine » ? En effet, à travers l’exploitation à l’infini des potentialités du langage,
l’allusion, le second degré, l’implicite, le non-dit et tant d’autres formes analogues,
ce sont les racines complexes de l’esprit qui dévoilent leur fonctionnement. L’auteur
nous invite à
« explorer ce continent », art qui trouve ses lettres de noblesse dans la littérature. «
Dire
par des moyens détournés ce qu’il n’est pas possible d’énoncer clairement » fut une nécessité sous des
régimes tyranniques ou absolutistes. C’est ainsi que l’Antiquité créa la rhétorique. Et plus près de
nous, des romans à clé, tels que
La Ferme des animaux et
1984 d’Orwell, ou encore
W ou le Souvenir
d’enfance de Georges Perec, incitent à dépasser le sens apparent du texte et à le déchiffrer. Savoir
lire entre les lignes pour interpréter fables, proverbes, poésie, théâtre et philosophie, c’est l’attitude
exigeante de ceux qui ouvrent «
le texte-oeuf » de Roland Barthes pour y trouver une signification
cachée. Cependant, après avoir circulé à travers «
les galeries souterraines » de la langue, on doute
qu’il soit possible de prendre le risque d’un franc-parler direct, dénué de toute arrière-pensée.
Alors, consultons d’abord Michel Foucault et son analyse du concept de
parrhèsia (étymologiquement :
tout dire), et nous admettrons finalement qu’il n’est pas aisé d’être simple !
Monika Romani
RABELAIS, LES CINQ LIVRES traduits du moyen français, présentés et annotés par Claude Pinganaud Arléa, 2019, 920 pages, 28 €
Une courageuse maison d’édition, qui ne compte pas parmi les « importantes »
mais sait prendre des risques, nous offre aujourd’hui l’oeuvre complète de François
Rabelais, transcrite en français contemporain, avec tout un appareil de notes
explicatives, plus intéressantes et pertinentes les unes que les autres. Et ce n’est pas
n’importe quel français contemporain, mais un langage clair, fluide et agréable...
Vous allez éprouver un vif plaisir en (re)découvrant des personnages et des expressions qui sont
parmi les meilleurs piments de notre langue : les repas pantagruéliques ou gargantuesques, les
moutons de Panurge, les guerres picrocholines, l’abbaye de Thélème... Vous allez aussi trouver la
liste complète des adjectifs s’appliquant au... mari trompé. Bien sûr, vous ne lirez pas cet ouvrage
d’une traite. Mais posez-le bien en vue dans votre bibliothèque, et feuilletez-le quand vous serez
d’humeur maussade. À coup sûr, il vous ragaillardira !
Nicole Vallée
NDLR : Nicole Vallée est remerciée «
pour ses relectures nombreuses et scrupuleuses ».
300 EXPRESSIONS BIEN FRANÇAISES POUR ÉPATER LA GALERIE d’Alfred Gilder Omnibus, 2019, 256 pages, 14 €, liseuse 9,99 €
Que signifie bien connaître une langue? Lire, écrire et converser dans de nombreux
domaines. Mais la maîtrise authentique, c’est la capacité spontanée d’illustrer ses
propos par quelques locutions verbales qui élèvent le langage à un tout autre niveau,
celui du jeu avec les mots, de l’humour, de l’ambiguïté intelligente. Cependant, «
il
ne faut pas se monter le bourrichon », cette compétence n’est pas enseignée dans les
manuels. Héritage des siècles ? Ces métaphores sont si anciennes que leur origine en demeure
énigmatique. C’est tout le talent de l’auteur d’en déployer le sens, parcourant ainsi l’animalerie
de nos terroirs (on y rencontre même une girafe...), la table et ses délices mais aussi la Bible, la guerre ou toute autre situation concrète. «
Nous avons du pain sur la planche » avant d’intéresser la
galerie, sans oublier nos territoires francophones riches d’un parler particulièrement imagé. Par
exemple, aux Antilles, «
l’argent-braguette » est celui des allocations familiales. Au Cameroun, «
glisser
sous quelqu’un », c’est tomber sous son charme. Et en Côte d’Ivoire, «
on pose sa candidature » en
guise de déclaration d’amour.
Monika Romani
30 DICTÉES POUR PASSER DU 100 FAUTES AU SANS-FAUTE ! de Philippe Dessouliers, préface de Daniel Lacotte Éditions Ellipses, 2019, 236 pages, 12,50 €
«
Vaste programme », selon le commentaire du général de Gaulle, en réponse à un quidam
qui appelait à la mort de la... bêtise (soyons politiquement corrects). L’auteur, lauréat
des Dicos d’or de l’illustre Bernard Pivot, en est à son troisième recueil de dictées... Et
pourtant, il pratique surtout l’anglais, dans un environnement international. Alors,
pour se consoler, il compose des dictées, destinées à des concours, en France et ailleurs, qu’il anime
depuis 2005. Et voilà que le ministère de l’Éducation nationale prône le retour de la dictée quotidienne
à l’école élémentaire. Mais qui vous empêche de pratiquer ce bienfaisant exercice pour agrémenter
vos « vékindes »? En première partie, vous avez les dictées d’Orsay, six dictées pour les apprenants :
« le soufre », « automnale », « qui était censée »... avec les commentaires idoines. Puis les dictées de
Beaucourt, cinq dictées :
« opprobre », « être absous »... Les quatre dictées de Belfort : « maillots de
bain, bikinis vraiment rikiki », « quoi qu’il en soit », « appétence »... Les quatre dictées de Paris, Sénart,
Viroflay : « la caresse moelleuse », « claustrophobe », « n’a pas plus tôt commencé »... Cinq dictées des
Nations :
« la tectonique », « allures bonhommes ». Il ne manque même pas les dictées de Belgique et
les dictées d’ici et de là... Alors, si vous repoussez avec mépris l’idée de devenir un accro de l’orthographe,
surtout, n’ouvrez pas ce brûlot. N’oublions pas l’excellente préface de Daniel Lacotte, dressant un
panorama de l’histoire de notre langue et de la pertinence de ses règles.
Nicole Vallée
ENCORE PLUS DE BONBONS SUR LA LANGUE de Muriel Gilbert La Librairie Vuibert, 2019, 224 pages, 17,90 € (Désormais disponible chez Points pour 7 €.)
«
Le français n’a pas fini de vous surprendre », annonce d’emblée une consoeur et
chroniqueuse, fervente amoureuse du français et de ses délices. Piochons, voulezvous,
dans la table des gourmandises : « Je n’en veux point, je n’y vois goutte »,
« Maudites consonnes doubles », « Quand la majuscule change tout », « Fake news
ou infox ? », « La faute numéro UN », « En Corrèze ou dans la Corrèze ? », « Les
mystères de l’impératif »,
« Larousse et Robert, la guerre des mots », « Suis-je une auteure, une
autrice ou un auteur ? », « Elle a l’air heureux ou heureuse ? » Et tous ces bonbons sont plus goûteux
les uns que les autres. L’écrivaine (parfaitement) fait état de nombreuses lettres, courriels, ou appels
téléphoniques, dont elle se réjouit d’avoir bénéficié, venant de tous les milieux, voire de tous les
sexes (!), de tous les âges… Quand vous aurez terminé ce délectable ouvrage, aurez-vous aussi des
questions à lui poser ? Zeugme alors !
Nicole Vallée
LE TOUR DU MONDE DU FRANÇAIS, sous la direction de Marie Verdier
La Librairie Vuibert, 2019, 192 pages, 18,50 €
« Le français comme on le parle ailleurs, enquête sur ce qui est bien plus qu’une langue. » On ne
saurait mieux dire. Encore fallait-il en donner des exemples. C’est désormais chose faite, et
abondamment. Un régal pour les plus exigeants. De l’Algérie au Vatican, de la Belgique à la Suisse, en passant par Haïti, Israël, le Liban, Madagascar, le Maroc, La Nouvelle-Orléans,
Pondichéry, le Congo, le Rouanda, ce voyage nous dévoile des facettes nouvelles de
notre langue, bien plus surprenante que vous ne l’auriez imaginé. En Algérie, «
le
français est la langue de la réussite ». En Belgique, l’intégration des premiers belgicismes
dans le Larousse suscite encore un tollé. «
Il en drache des carabistouilles », titre
Le
Soir... Deux écrivains québécois se révèlent amoureux de la «
parlure ». Les Congolais
éduqués en français se nomment les «
évolués ». Au Sénégal, la notion mathématique
d’«
échelle » n’a aucun équivalent en wolof. Au Vatican, c’est une journaliste franco-italienne qui
est la voix française du pape. Ce voyage autour du monde nous démontre que parler français est
d’abord un mode de vie, qui dépasse la simple question du vocabulaire. Rappelons enfin que notre
très chère langue est parlée par 300 millions de personnes dans le monde.
Nicole Vallée
LE FÉMININ & LE MASCULIN DANS LA LANGUE. L’ÉCRITURE INCLUSIVE EN QUESTION sous la direction de Danièle Manesse et Gilles Siouffi ESF sciences humaines, 2019, 208 pages, 13,90 €
La langue française a-t-elle été volontairement amendée pour en exclure les femmes ?
Qu’est-ce que le genre? Y a-t-il un neutre en français? Pourquoi l’accord au masculin
domine-t-il? Est-ce un sujet à traiter par l’école? D’éminents linguistes entendent ici
replacer l’étude et l’histoire de la langue au coeur de la réflexion. Puisons dans le
sommaire : « Les femmes et les hommes dans les mots », « L’écriture inclusive : questions d’usage
ou d’autorité ? », « L’accord de proximité et la grammaire »... Ce livre passionnant vous fera
redécouvrir la langue française, ses influences et ses évolutions. Sa lecture est facilitée par des
encadrés, ainsi que par des reproductions de documents.
Nicole Vallée
Signalons aussi :
- COMMENT DIRE ?... SACHEZ UTILISER LES FIGURES DE STYLE EN FONCTION DE VOS BESOINS, de Jean-Pierre Colignon
(ediSens, « En français dans le texte », 2019, 236 pages, 16 €).
- De Giovanni Dotoli (L’Harmattan, « L’Orizzonte », 2019, 20 €) :
• DÉFENSE ET ILLUSTRATION DE LA LANGUE FRANÇAISE ET DE LA FRANCOPHONIE (224 p.).
• DÉFENSE ET ILLUSTRATION DE LA LITTÉRATURE (182 p.).
- ÉCRIRE SANS FAUTES, SANS FAUTE ! ET AVEC STYLE, d’Alfred Gilder (Éditions Glyphe, 2019, 250 p., 15 €).
- LES MOTS VOYAGEURS. PETITE HISTOIRE DU FRANÇAIS VENU D’AILLEURS, de Marie Treps (Points, « Le goût des mots »,
réédition, 2019, 504 pages, 8,30 €).
* * *
- SUR LE BOUT DE LA LANGUE, de Bertrand Périer (J.-C. Lattès, 2019, 190 p., 18 €).
- PARLEZ-VOUS TRONQUÉ ? PORTRAIT DU FRANÇAIS D’AUJOURD’HUI, de Bernard Cerquiglini (Larousse, 2019, 192 p., 14,95 €).
- LE BRUIT DES MOTS, de Daniel Percheron (Le Passage, 2019, 144 p., 15 €).
- Aux éditions Le Figaro littéraire, « Mots et cætera », 2019, 128 p., 12,90 € :
• LES PLUS BELLES EXPRESSIONS DE NOS RÉGIONS: HISTOIRES ET ORIGINES CERTIFIÉES, d’Anne Camberlin.
• L’ART D’EXPRIMER SES SENTIMENTS (AVEC LES MOTS DE NOS PLUS GRANDS AUTEURS), de Jean-Loup Chiflet.
- LE DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE, d’Alain Rey (Le Robert, 2019, nouvelle édition augmentée, 4 416 p., coffret de trois volumes, 69,99 €).
- L'ANNÉE FOLLE DES MOTS CROISÉS : 1925, d’Yves Cunow (autoédition, 2019, 712 p., 25 €).
- SAURIEZ-VOUS VENIR À BOUT DES GRILLES DE 1927 ?, d’Yves Cunow (Larousse, 2019, 64 p., 4,99 €).
Nos adhérents publient
- Le numéro 2 de Défendre,
belle revue francophone et
historique d’Alain Ripaux vient
de paraître.
ripauxalain@gmail.com.
- Marie Treps a écrit l’article
« Un mal, des mots », dans
l’Histoire universelle de la
connerie (Sciences humaines,
2019, 490 p., 18 €).
- Giovanni Dotoli publie
Défense et Illustration de la
poésie. Mémoire et Formulation.
La Poésie sauve le monde
(L’Harmattan, « Orizzonte »,
2019, 264 p., 25 €).
- Le docteur Rolf Massin
annonce qu’un chapitre est
consacré à la langue française
dans son Nous sommes tous
aimables, collection d’anecdotes
qui se passent dans le
Midi, avec des gens simples
et modestes. Le commander
à rolfmassin@neuf.fr (10 €).
- Voici le nouveau livre de
Christian Massé : Georges
Berger, heurs et malheurs
d’un artiste tourangeau
(Edita, 2019, 224 p., 15 €).
- Noël Le Gall, fils de notre
amie Béatrice Didier, publie au
Lion de Mer une histoire
romancée du Dauphiné : La
Tour Toscan (122 p., 15 €).
- Alain Dubos voyage dans
l’Histoire, avec Rendez-nous
l’Amérique, version numérique
de L’Épopée américaine
de la France, enrichie d’illustrations
(Amazon, 9,50 €).
- Bernard Leconte publie au
format numérique Georges
Bernanos, dans la collection
« Duetto » des éditions
Nouvelles Lectures (2,99 €).
- Gérard Leborgne propose
150 explications d’un médecin
de terrain. Vous accompagner
pour mieux vous soigner
(Dauphin Éditions, 2019,
216 p., 20 €).
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