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DLF, n° 292
100 MOTS ET EXPRESSIONS DE LA LANGUE FRANÇAISE QUI ONT CONQUIS LE MONDE de Jean Pruvost Le Figaro littéraire, 2024, 146 pages, 9,90 €
Pour un magicien des mots tel que Jean Pruvost, la découverte dans les langues
étrangères de quelques expressions typiquement françaises, prononcées parfois
de façon surréaliste, fournit la preuve que notre «
art de vivre » et notre «
charme »
sont universellement désirables, tout comme la «
baguette » inscrite en 2020 au
Patrimoine mondial.
L’auteur précise que cette heureuse contagion remonte au règne de Louis XIV, les dictionnaires
l’attestent, nous sommes un peuple qui exporte sa
« joie de vivre », dans le langage courant et dans
les chansons ! En japonais, la shanson est un outil didactique pour s’initier aux langues, mais reste
le plus souvent associée à Paris, à la France où
on voit la vie en rose ; le joyeux rock and roll de Chuck
Berry immortalise l’expression
c’est la vie ! Formule adaptée internationalement, tout comme le
savoir-vivre, appliqué aux domaines de la mode, des rapports sociaux et, bien sûr, de toute entreprise
de séduction. Ainsi, l’Anglais, l’Espagnol, l’Italien, l’Allemand donnent des
rendez-vous, vivent des
affaires de coeur suscitées par un
coup de foudre, connaissent des situations
osées, tel le
ménage à trois,
jusqu’à l’invitation directe : «
Voulez-vous coucher avec moi ? »
Cependant, n’oublions pas que le français a été, jusqu’à la Première Guerre mondiale, langue
internationale de la diplomatie. C’est ainsi que le «
coup d’État », qui demeure une constante du
vocabulaire japonais (küdetā), est revu et multiplié en Grande-Bretagne comme simple «
coup »
mais aussi «
coup de maistre », «
coup de grace »,
coup d’eclat », «
coup de théâtre », etc.
Ce qui ne signifie pas que tous les coups sont permis !
Monika Romani
LE JARDIN DES MOTS. DICTIONNAIRE AMUSANT ET SAVANT DES SENS FIGURÉS de Roland Eluerd Aux Feuillantines, 2024, 370 pages, 29 €
Dans son
Jardin des mots, le linguiste Roland Eluerd distingue cinq territoires
originels : ceux des hommes (physique et spirituel), des animaux, des végétaux,
des artefacts, et de la nature. Ce sont toutes les dénominations du dictionnaire,
autrement dit leur sens premier, celui qui renvoie d’abord à leur signification
concrète d’usage courant, enseignées aux enfants et aux étrangers comme
deuxième langue. Mais croit-on que ces noms propres veuillent se maintenir à
l’intérieur de leur place initiale sans tenter quelques trajectoires sémantiques vers les autres domaines ?
Car l’impulsion spontanée de tout vocable consiste à quitter volontairement son sens premier pour
s’évader vers de multiples sens figurés. De ce fait, à partir de 170 mots-sources, l’auteur nous conduit
à 10 000 significations métaphoriques et poétiques, celles de la langue véritablement constituée au
fil des siècles, vivante et divertissante, abstraite et savante. Par exemple, des mots aussi indéterminés
que
chose et objet s’enrichissent considérablement grâce aux contextes qu’ils visitent : avant de
s’élever jusqu’à la
chose pensante de Descartes ou, plus haut encore, la
chose en soi kantienne, on peut
déjà envisager, plus urgentes, les
choses à dire et les
choses à faire. Et que penser de la
femme-objet, de
l’
objet du désir, mathématique? grammatical ?
Quant à l’
or, il a fait anciennement fortune grâce à ses références bibliques et mythologiques.
Peut-on
tuer la Poule et ses oeufs, adorer le Veau ? Cueillir les pommes des Hespérides ? Même le
zinc, dernier
cité, célèbre le 76
e anniversaire des noces !
Monika Romani
CHERCHEZ LA FAUTE ! de Bruno Dewaele Éditions de l’Opportun, 2024, 320 pages, 16,90 €
En ce printemps 2024, chassez les oeufs et aussi les fautes ! Celui que l’on désigne
comme « le champion du monde de l’orthographe » est coutumier des ouvrages
sur le sujet. Ces 320 pages referment 150 petits jeux et leurs 150 solutions. Au recto,
la page contient un texte volontairement truffé de plusieurs fautes à identifier. Au
verso, ces fautes sont pointées avec un bref ajout pédagogique et souvent
humoristique. Il peut s’agir de fautes d’orthographe, de typographie (par ex. : pas
de majuscule aux mois de l’année), de grammaire ou de lexique (où l’on apprend que le forsythia
de cette saison vient du nom d’un horticulteur anglais, William Forsyth).
Le lecteur désireux d’améliorer son orthographe peut à loisir ouvrir cet ouvrage à une page au
hasard. Rêvez-vous professeur de dictée, car « les fautes des autres, c’est toujours réjouissant »,
comme le dit Gide, cité par notre champion, et munissez-vous de votre stylo rouge pour partir à la
chasse aux fautes !
P.-S. : une faute s’est glissée dans cet article. Saurez-vous l’identifier ?
Lucie Méfano
DICTIONNAIRE DES MOTS OUBLIÉS de Gilles Fau Édition revue et augmentée, 2023, 312 pages, 20 € + 5 € de frais de port (le commander à
l’auteur : Le Bourg, 46500 Miers).
Gilles Fau, directeur d’école honoraire, diplômé d’archéologie, auteur de romans,
de nouvelles, d’ouvrages sur l’histoire du vin et sur la langue française, a publié
en septembre 2023 une nouvelle édition enrichie de son
Dictionnaire des mots
oubliés, paru en 2004, déjà revu et augmenté en 2014. Elle comprend environ
1 500 mots et présente un historique des dictionnaires du XVI
e siècle jusqu’au
Petit Larousse de 1905. L’auteur a souhaité sauver de l’oubli des mots facilement utilisables dans
l’expression orale et écrite. Ainsi
pandiculation qui signifie « le fait de s’étirer en bâillant ». Ou
architriclin qui désigne « celui qui préside à l’organisation d’un repas ». Ou
zinzolin : une « couleur
violacée tirant sur le rouge ». «
C’est un livre militant destiné à sauver les mots de l’oubli », explique
l’auteur, qui nous invite à donner vie à son lexique, à habiter et adorner le pays de la langue française,
notre premier patrimoine.
Pierre Gusdorf
DICTIONNAIRE DES VERBES DU FRANÇAIS ACTUEL. CONSTRUCTIONS, EMPLOIS, SYNONYMES de Ligia Stela Florea et Catherine Fuchs Éditions Ophrys, « L’essentiel français », 2023, 284 pages, 19,95 €
Ligia Stela Florea, professeure émérite à l’université de Cluj-Napoca (Roumanie)
et Catherine Fuchs, directrice de recherche émérite au CNRS, ont fait paraître
une nouvelle édition de leur
Dictionnaire des verbes du français actuel. Ce type de
dictionnaire renseigne le lecteur sur la prononciation et la conjugaison des verbes,
mais également sur leurs synonymes, leurs combinatoires et leurs emplois.
L’ouvrage de Ligia Stela Florea et Catherine Fuchs (avec la collaboration de Frédérique Mélanie-
Becquet) a la particularité d’être facilement accessible à un lecteur non spécialiste. Sa présentation
attractive permet de s’entraîner et d’acquérir les bons réflexes pour une bonne maîtrise de la langue
française. Les enseignants y trouveront également des pistes d’exploitation pédagogique.
Pierre Gusdorf
Signalons aussi :
- LE GRAND HÉRITAGE DES GAULOIS, de Jacques Lacroix (Yoran, 2023, 256 p., 15 €).
- LE FÉMININ AU FIL DES MOTS ET DE L'HISTOIRE, de Jean Pruvost (Tallandier, 2024, 352 p., 21,90 €).
- DICTIONNAIRE DE L’ARGOT BRUTION, de JeuMeu, préface de Philippe Segretain, avant-propos de Jacques Launay,
postface de Jean Pruvost, nombreuses illustrations (Éditions Maïa, « Savoirs partagés », 2024, 304 p., 29 €).
- OÙ EST LA FAUTE ? TESTEZ ET AMÉLIOREZ VOTRE NIVEAU DE FRANÇAIS. TOME 2, de Jean-Pierre Colignon
(ediSens,
« En français dans le texte », 2024, 240 p., 16 €).
* * *
- POUR EN FINIR AVEC 100 TICS DE LANGAGE, de Sarah Belmont (Aux Feuillantines, 2024, 388 p., 29 €).
- LES BONS MOTS D’ALFRED GILDER, d’Alfred Gilder (Glyphe, 2024, 280 p., 18 €).
- CULTIVONS LA LANGUE FRANÇAISE !, de Michel Feltin-Palas (Héliopoles, 2023, 156 p., 17 €).
- DICTIONNAIRE DES MOTS HAÏSSABLES, de Samuel Piquet (Le Cherche midi, 2023, 224 p., 18,90 €).
- LE FRANÇAIS À LA DÉRIVE, d’Antoine Minaud [†](Yellow Concept, 2019, 166 p., 14 €), s’adresser à Mme Minaud :
antoine-minaud@orange.fr.
- Aux Éditions Le Robert (2024, 144 p., 12,90 €) :
• ÇA SE DIT COMME ÇA À MARSEILLE, de Médéric Gasquet-Cyrus.
• ÇA SE DIT COMME ÇA DANS LE NORD ET LA PICARDIE, d’Alain Dawson et de Liudmila Smirnova.
• ÇA SE DIT COMME ÇA EN BRETAGNE, de Ronan Calvez et Jean Lecoulant.
Merci, monsieur Pivot...
« Encore un peu de thé ? », demandait gaiement Bernard Pivot à Vladimir
Nabokov en transférant une bonne dose de whisky dans sa tasse. C’est l’un
des innombrables souvenirs que laisse ce passionné de littérature amoureux
de la langue française qui vient de nous quitter. L’émotion que suscite
cette disparition est à la mesure de la place qu’il occupait dans la vie
culturelle. « L’habitude des radios de m’appeler à la mort d’un écrivain est si
grande que, le jour où je mourrai, elles m’appelleront », écrivait-il.
Malicieux, érudit, bienveillant, curieux, Bernard Pivot donnait rendez-vous
à la France entière le vendredi soir autour d’ « Apostrophes ». Ce fils
d’épiciers lyonnais a donné le goût de la lecture à toute une génération :
en 1983, une enquête montrait qu’un tiers des achats de livres en France
était lié à son émission. Des dizaines de personnalités françaises et étrangères ont été soumises
à son célèbre questionnaire, qui constituait également le point d’orgue de l’émission new-yorkaise
Inside the Actors Studio. Amateur de football, de beaujolais, de bonne chère et de mots, Pivot était
profondément respectueux du bon usage de la langue. Dans les années 1980, il a réussi le tour
de force de moderniser la dictée et d’en faire un sport national.
Notre association avait le projet d’une dictée intergénérationnelle sur le porte-avions Charlesd-de-
Gaulle, jumelée avec la remise du prix du Plumier d’or. Bernard Pivot s’était enthousiasmé
pour cette idée, laquelle n’a pu se concrétiser, car le Charles-de-Gaulle avait dû subir un arrêt
technique.
Pierre Perret lui a consacré une chanson qui conclut : « Un homme est venu rehausser le niveau,
c’est Bernard Pivot ». Pierre Gusdorf.
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Nos adhérents publient
- Chartreuse, dix-neuvième
livre de Bernard Leconte, est
un roman d’aventures plein
d’humour : cinq copains et
un nouveau compagnon
cherchent dans le port de
Fécamp un ami disparu
(Héliopoles, 2024, 144 p.,
21 €).
- Dans De Gaulle entre le
blâme et l’admiration, Michel
de Crousnilhon évoque les
principaux épisodes de la vie
de l’une des grandes figures
de l’histoire de la France,
sans omettre certains aspects
qu’il juge « sombres », voire
machiavéliques (Lulu.com,
2024, 180 pages, 12 €).
- En souvenir de son épouse,
René Coulomb a publié Jalons,
recueil qui associe des poèmes
à des dessins souvent abstraits
(Isidore Éditions, « À
sauts et à gambades », 2023,
68 p., 15 €).
- L’éditeur Éric Martini
(Éditions Glyphe) a publié :
• Les Derniers Secrets de
l’Humanité. Coulisses d’un
tournage en Chine, de Jacques
Malaterre, récit des six mois
passés avec une équipe
chinoise pour la réalisation
du film du même titre
(170 p., 16 €).
• José Giovanni. Histoire
d’une rédemption, de Gilles
Antonowicz (250 p., 22 €). Ce
livre a valu à son auteur
le Coup de Shako, prix
littéraire des Hussards, dont
le jury est présidé par Éric
Naulleau.
- À l’occasion de la publication
de son nouveau livre,
Le Grand Héritage des
Gaulois, Jacques
Lacroix a mis en ligne une
nouvelle vidéo sur YouTube,
dont le lien figure sur le site
de DLF.
- Marc Favre d’Échallens
analyse, dans le bimensuel
Royaliste (n° 1274), les
tentatives du Parlement pour
mettre fin au développement
de l’écriture inclusive en
France.
- Ange Bizet et l’ADELFY
contribuent au projet Babel,
site associatif qui a pour objectif
d’accueillir des dictionnaires
en ligne, cours de
langue et textes bilingues.
Babel est une composante de
Lexilogos, portail consacré à la
promotion du patrimoine
linguistique. (Cf. DLF n° 291.)
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