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DLF, n° 295
100 MOTS LATINS POUR BIEN ÉCRIRE 1000 MOTS FRANÇAIS (PREMIÈRE SÉRIE) de Jean Pruvost Les Belles Lettres, « La Vie des Classiques », 2024, 166 pages, 11,50 €
Voici encore un ouvrage qui nous apporte bien des surprises. L’auteur, surnommé
« le prince des dictionnaires », va pouvoir ajouter à son nom un nouveau titre
comme « le seigneur des généalogistes » dans le royaume des mots. C’est en effet
en partant de racines latines repérées qu’il nous raconte leur évolution jusqu’à
cette abondante descendance. Une prolificité qui met à notre disposition un vocabulaire foisonnant
et nuancé, une profusion de termes que nous utilisons sans trop nous soucier de leur origine.
Dans ces grandes familles qui constituent notre vocabulaire usuel, bien des mots sont des cousins
éloignés qui ignorent leur origine commune. Souvent, ils ne se ressemblent guère.
Chaque mot-souche a son chapitre. Un exemple : « FAMA – Bruit colporté, renommée », apparaît
d’abord dans une brève phrase ou expression latine avec traduction en français : «
Fama crescit
eundo », « La réputation grandit au fur et à mesure » (sentence inspirée de Virgile,
L’Énéide, 19).
Fama allait nous donner le mot
fame aujourd’hui disparu signifiant « renommée » et comportant
la syllabe originelle
fam, qui indique ce qui est dit. Et cette syllabe se retrouve désormais dans
diffamer, infamant, etc. Elle est également présente dans
famosus qui donnera
fameux. Le vieux mot
français
fame réapparaît sous une forme empruntée et erronée dans l’expression courante « un
remède de bonne femme ». L’homophonie est responsable d’une confusion entretenue par la
bienveillance accordée aux femmes charitables qui reconnaissent et transmettent oralement
l’efficacité d’un médicament ou d’un traitement.
Cette première série, de
Aequus, Aequum (« égal, plat », « équité ») à
Humus (« sol, terre »), laisse
prévoir une seconde série pour la suite et la fin des cent mots latins retenus. Celle-ci montre la
richesse et l’évolution de leur fécondité.
À lire à haute voix ce premier tome, on en mesure mieux les qualités pédagogiques. Jointe à la
vue qui donne à l’histoire des mots la précision orthographique, l’ouïe ajoute la notion
d’articulation et de prononciation, ce qui paraît aujourd’hui indispensable. Que de mots « avalés »
nous échappent au cinéma, au théâtre et à la télévision. Cette étude claire et dynamique est un
nouveau bienfait pour l’usage correct et le rayonnement de notre langue.
Jacques Dhaussy
LE FRANÇAIS EN 100 FAUTES À ÉVITER POUR LES NULS de Marie-Dominique Porée First Éditions, 2024, 208 p., 14,95 €
Non ! Il ne s’agit pas d’assimiler les lecteurs de
DLF à des nuls. Ce serait injuste,
mais nous savons tous que même les savants ont des doutes, des hésitations et
parfois des oublis. Quand il est question de vérifier une information, de corriger
une idée fausse, de rectifier une orthographe incorrecte, tous les moyens sont
bons. Et cet ouvrage consacré aux fautes à éviter est extrêmement précieux pour
nous aider à respecter notre langue et pour lui garder sa noblesse. Cet ouvrage censeur-rectificateur
répond à une foule d’interrogations. Peut-être vous demandez-vous s’il faut écrire
prémisses ou
prémices. Le nom
prémices ne s’emploie qu’au pluriel et désigne les toutes premières fois.
Prémisse dépendant, lui, de la logique, s’utilise au singulier et au pluriel, et figure tout naturellement dans
les syllogismes. C’est là un exemple.
L’avantage de ce manuel pratique est de nous mettre immédiatement sur le chemin de l’exactitude.
Pour chaque faute éventuelle, chaque page de gauche affiche ce qui est bien et ce qui est mal. Le
mal est en rouge et le bien en vert. Pas de confusion possible. Sur la page de droite, en face, les
explications nécessaires.
Qu’il soit question de la concordance des temps, de l’usage de
deuxième ou de
second, ou encore de
«
deux impairs pour le prix d’un », criante horreur du «
je m’excuse, si j’ai dit “messieurs dames” »... ll
ne s’agit plus seulement de l’emploi des mots, mais du savoir-vivre et de la bonne éducation. Dans
ce manuel qui invite à ne plus employer des tournures déplacées, Marie-Dominique Porée ouvre
deux chemins de perfection pour notre langue : celui de la simplification, qui allège notre vocabulaire
et nous débarrasse des inutiles et disgracieux «
celles-zé-ceux », et le chemin de la précision. Les
deux finissent par se confondre dans la voie lumineuse de la distinction.
Jacques Dhaussy
LE GOÛT DE LA FRANCOPHONIE textes choisis et présentés par Emmanuel Maury, préface de Tahar Ben Jelloun Mercure de France, 2024, 144 pages, 9,50 €
Sur le port de La Rochelle se dresse Le
Globe de la Francophonie, formidable oeuvre
d’art en bronze sur laquelle figurent les États adhérents de l’Organisation
internationale de la Francophonie (OIF). Belle manière de dire, avec son fondateur
le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, qu’elle représente «
un Humanisme intégral qui
se tisse autour de la terre ».
Comment peut-on évaluer le goût d’une langue ? C’est d’abord par son étrangeté charmante aux
oreilles du voyageur, celui qui ne connaît que le français de l’Hexagone ; l’écrivain Tahar Ben
Jelloun la décrit comme «
une mariée avec des robes de toutes les couleurs, un chapeau de paille, un parfum
d’Orient et des épices d’Afrique et du Monde arabe ». Des nations aussi différentes que le Québec, la
Suisse, le Liban ou la RDC, l’ont épousée et, précise encore l’auteur, un peu « nationalisée »...
Le goût, c’est aussi l’attachement intellectuel à la langue-mère, dénommée souvent «
la langue de
Molière », assidûment apprise à l’école puis privilégiée pour la littérature. Rappelons ici le Franco-
Algérien Boualem Sansal affirmant dans son dernier essai,
Le français, parlons-en !, que Souleymane
Bachir Diagne, Alain Mabanckou «
et d’autres de la même trempe, pourraient venir coloniser la France,
linguistiquement parlant »!
Dans ce recueil, Emmanuel Maury nous offre une odyssée passionnante à travers des textes parmi
lesquels figurent, vers la fin du XIXe siècle, des précurseurs nés en Cochinchine et mêlant leur propre
culture, teintée de bouddhisme et de confucianisme, à leur admiration pour Victor Hugo, Lamartine
et Baudelaire. Après eux, les Modernes et les Contemporains, parmi lesquels une quarantaine de
grandes figures littéraires, tels François Cheng, Amin Maalouf, Aimé Césaire, Assia Djebar... C’est
un vrai bonheur de parcourir ces morceaux de créativité linguistique, avec l’annonce d’autres
découvertes.
Monika Romani
CHAPERLIPOPETTE. JEUX DE MOTS CHAMAILLEURS & CHATOYANTS de Daniel Lacotte (textes) et Pierre Fouillet (dessins) Larousse, 2024, 224 pages, 17,95 €
Docteur en sciences physiques, Daniel Lacotte a été successivement professeur,
journaliste, rédacteur en chef, chroniqueur et auteur d’une cinquantaine de romans,
biographies, documents, essais. On lui doit notamment plusieurs ouvrages consacrés à l’histoire et à la « jubilation » du langage. Daniel Lacotte a un combat : il veut sauver le patrimoine
linguistique. Avec
Chaperlipopette, il s’est amusé à dresser le portrait de 130 félins facétieux et
imaginaires, du catamaran, «
petit rigolo d’origine britannique qui participe très souvent à la Transat en
solitaire », jusqu’à l’échasse «
qui marche avec deux longs bâtons », en passant par le charabia «
qui
s’exprime dans une langue incompréhensible ». Ces chats sont joliment mis en images par Pierre Fouillet
qui dessine pour la presse, illustre des livres pour enfants ainsi que des bandes dessinées et des
romans graphiques.
Pierre Gusdorf
FAÇON DE PARLER. PETITES ET GRANDES HISTOIRES DE MES EXPRESSIONS PRÉFÉRÉES de Frédérick Gersal Les Éditions de l’Opportun, « Opportun poche », 2024, 224 pages, 7,90 €
Savez-vous que l’expression « vieux de la vieille » a des origines napoléoniennes ? Que
« faire les 400 coups » renvoie aux 400 canons installés par Louis XIII lors du siège
de Montauban en 1621? Que le « tonnerre de Brest » est également une réminiscence
canonnière, des détonations signalant l’ouverture et la fermeture de l’arsenal de Brest
ainsi que l’évasion d’un prisonnier du bagne? Frédérick Gersal, qui raconte l’Histoire
sur France Télévisions, nous révèle les petits et les grands secrets de nos expressions favorites. Il
s’est livré à de petites « enquêtes linguistiques » dont il nous communique les résultats. Le lecteur
pourra ainsi briller en société et épater la galerie avec des anecdotes de bon aloi.
Pierre Gusdorf
Signalons aussi :
- LE PETIT LIVRE DES MOTS INCONNUS AU BATAILLON, de Catherine Guennec (Éditions First, 2025, 160 p.,
3,50 €, livre électronique 1,99 €).
- 100 CURIOSITÉS DE LA LANGUE FRANÇAISE, de Laurence Caracalla (Le Figaro littéraire, 2024, 144 p., 9,90 €).
- J'AI UN MOT À VOUS DIRE - ET AUTRES FANTAISIES SUR LA LANGUE FRANÇAISE, de Jean-loup Chiflet (Bouquins,
992 p., 2024, 32 €).
- LE VOCABULAIRE POUR TOUS, d’Adeline Lesot (Hatier, « Bescherelle », nouvelle édition, 2024, 288 p., 10,50 €).
- L'ASSERVISSEMENT PAR L'ANGLAIS ET VIVE LES J.O. UNILINGUES EN ANGLAIS À PARIS, d’Yves Bouchereau
(Éditions
Baudelaire, 2024, 120 p., 13,50 €, livre électronique 8,99 €).
- LE NAUFRAGE DU FRANÇAIS, LE TRIOMPHE DE L’ANGLAIS. ENQUÊTE, de Lionel Meney (Éditions Hermann,
2024, 282 p., 22 €).
- DICTIONNAIRE D’HISTOIRE MILITAIRE DE LA FRANCE DES ORIGINES À NOS JOURS, de Rémy Porte (Éditions Lemme
Edit, 2024, 362 p., 23 €).
- Aux Éditions Le Robert, 2024 :
• MISCELLANÉES, L’ÉLÉGANCE DE LA LANGUE FRANÇAISE, de Karine Dijoud (192 p., 19,90 €).
• EN ALSACE ÇA SE DIT COMME ÇA !, de Pascale Erhart (144 p., 12,90 €).
• À MARSEILLE ÇA SE DIT COMME ÇA !, de Médéric Gasquet-Cyrus (144 p., 12,90 €).
- Aux Éditions Lambert-Lucas, 2024 :
• PAUL PASSY, UN LINGUISTE RÉVOLUTIONNAIRE, de Jacques Durand et Chantal S. Lyche (368 p., 39 €).
• LES ORIGINES DE LA SÉMANTIQUE DE FRANZ BOPP À MICHEL BRÉAL, de Gabriel Bergounioux (168 p., 29 €).
• LA SOCIOLINGUISTIQUE ENTRE SCIENCE ET IDÉOLOGIE (« une réponse aux Linguistes atterrées »), de
Lionel Meney (128 p., 20 €).
- LE CAHIER DES AMOUREUX DE LA LANGUE FRANÇAISE. 80 PAGES DE JEUX AVEC LES PARENTHÈSES ÉLÉMENTAIRES,
de Karine Dijoud
(Gallimard, 2024, 10,95 €).
Nos adhérents publient
- Après La joie venait toujours
après la peine (2020), qui
couvrait les années 1939 à
1947, et Coquelicots de la
mémoire (2022), les années
1919 à 1938, Nadine Najman
remonte encore le temps
pour narrer l’histoire de sa
famille de 1914 à 1918 avec
Un seul ciel pour tout le
monde (Éditions du bout de la
rue, « Témoignages », 288 p.,
18 €). Cet ouvrage lui a valu
des articles très élogieux
dans L’Informateur (12 septembre),
Le Courrier picard
(16 septembre) et L’Union
(13 octobre).
- Auteur de romans, d’essais,
de manifestes, de chansons...,
Pierre-Dominique Sammarcelli
nous a adressé son nouveau
recueil de poèmes, Instants
de vie, cinquante-quatre beaux
douzains en alexandrins
(Les Éditions Baudelaire,
2024, 66 p., 11 €).
- Jean Marcel Lauginie, qui
préside l’APFA (Actions
pour promouvoir le français
des affaires et les langues
partenaires), a publié en
décembre le numéro 12 de
la Nouvelle Lettre du français
des affaires. Il y cite notamment
la dernière liste rendue
publique par la Commission
d’enrichissement de la
langue française, consacrée
au vocabulaire des batteries.
- Pour Le Mérite, revue de
l’Association nationale des
membres de l’ordre national
du Mérite (no 181), Jean
Clochard explique, dans son
article intitulé « Qualités et
grandeur de la langue française
: lettres, mathématiques,
sciences », l’importance primordiale
de la maîtrise de
notre langue et invite à une
mobilisation générale pour
la sauvegarder.
- Sous le titre Les Réfugiés,
Michel Mourlet publie deux
de ses pièces : L’Album de la
princesse (Liane de Pougy) et
L’Impromptu de Lucerne,
rencontre historique entre
Chateaubriand et Dumas
(France Univers, « Masques
de théâtre », 114 p., 10 €).
- Alain Ripaux, président de
Francophonie force oblige,
signe plusieurs articles de sa
Revue francophone d’information
(n° 10), dont « La
libération de Paris, en août
1944 », « Jacques Chirac,
grand ami du Québec et de
la Francophonie » et « Les
actualités francophones ».
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