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DLF, n° 298
DIEU À TRAVERS LES MOTS ET LEUR HISTOIRE de Jean Pruvost Desclée de Brouwer, 2025, 336 pages, 20,90 €
Jean Pruvost, professeur émérite des universités, lexicologue renommé, aborde
dans son dernier livre une nouvelle thématique dans laquelle
« Dieu » dans toute
sa majesté quand il est au singulier ou les « dieux », avec un d minuscule quand
ils sont au pluriel, se retrouvent au coeur de notre langage quotidien.
Il nous fait découvrir, à travers plus de mille mots soigneusement répertoriés, le
sens profond de ce vocabulaire de la religion en présentant l’origine de chaque
mot et son histoire. Un index à la fin du livre permet un accès facile à la recherche. Un vrai travail
de bénédictin!
Si la formule biblique nous rappelle qu’au commencement était le Verbe, la parole de Dieu prend
une autre dimension dès lors que l’on touche au sens premier des concepts religieux avec leur
étymologie. Ainsi la parole d’évangile vient-elle d’un mot grec qui désigne « la bonne nouvelle ».
Après la lecture de ce livre, tous ces mots n’auront plus aucun secret pour vous et vous ne pourrez
plus dire alors : « Dieu seul le sait ! »
L’auteur prend le soin également d’illustrer chaque mot par des citations prises chez les plus grands
écrivains à travers les siècles, ce qui témoigne d’une grande érudition. Mon Dieu, que tout cela est
passionnant! Le lecteur partagera donc avec passion toutes ces découvertes dont certaines ont été
oubliées, ne serait-ce que l’origine du mot
Dieu, lui-même venant du latin
deus, apparenté au latin
dies, signifiant « le jour », ce qui justifie de dire « Dieu est lumière ». Le style est facile à lire, jamais
pontifiant ! Un livre à faire connaître « ex cathedra » et qui s’adresse à tout public, croyants ou
incroyants.
Philippe Le Pape
LA LITTÉRATURE FRANÇAISE POUR LES NULS de Jean-Joseph Julaud First Éditions, 2025, 798 pages, 24,95 €
Quoi de neuf aujourd’hui chez Les Nuls, en ce premier quart du XXI
e siècle,
où Jean-Joseph Julaud nous offre une nouvelle édition de son indispensable
Littérature française, du Moyen Âge à nos jours ?
Un chamboulement, une vague gigantesque débarquée d’outre-Manche,
sans agressivité aucune car elle nous berce lentement, sentimentalement,
à l’instar de la carte du Tendre au temps jadis. Appelons-la d’un terme
générique : romance. Le Père des Nuls l’observe avec objectivité («
un succès
fou, plaît à tous les publics, même les plus fatigués de tout »). En termes sonnants
et trébuchants, les ventes atteignent plus de 7 % du marché ! Cette importation anglo-saxonne
porte parfois un nom bizarre :
chick lit... «
on est obligé de faire avec », ajoute-t-il avec philosophie,
tout en fronçant les sourcils face à ce camouflage, un peu lourd, de patriarcat !
Dark romance, new
romance, plus aisées à traduire, à peine moins exotiques, se situent sous des cieux rassurants (beaucoup
de
happy ends !), par exemple dans ces titres emblématiques que sont
Le Journal de Bridget Jones, ou
Cinquante nuances de Grey. De belles heures de lecture en perspective pour des millions de lecteurs.
Mais n’oublions pas «
les urgences », c’est-à-dire l’essentiel de la vraie littérature : celle que J.-J. Julaud
appelle, sans la moindre nuance péjorative, «
ordinaire », parce qu’elle ne recherche pas les effets
de style et traite de la vie
« ordinaire », et aussi de l’Histoire, ou des multiples genres de l’imagination
créatrice.
Ainsi du statut des femmes, exprimé dans sa crudité, sans fioritures, du vrai, du vécu, par exemple
le viol chez Virginie Despentes, la masculinité brutale, mais aussi le quotidien précaire des marginaux
au sein même de la capitale. Et la famille, analysée dans tous ses états : avec Annie Ernaux le concept
de transfuge de classe, très présent aussi chez Nicolas Mathieu, qui situe ses romans dans les
« territoires », nouvelle façon de dire la province. La famille encore, et la violence de la pauvreté
et de l’alcool décrits par Édouard Louis, tandis que le côté obscur de l’inceste est relaté par
Neige Sinno.
Nous les Nuls, on ne se lasse pas de déambuler à travers les récits de nos propres aventures, et cette
lecture nous fait beaucoup de bien à l’âme.
Monika Romani
LES DESSOUS DE LA LANGUE FRANÇAISE de Joëlle Scoriels De Boeck Supérieur, 2024, 192 pages, 14,90 €
Dans son dernier ouvrage, la charmante journaliste nous propose un « voyage au
pays dément des mots », recueil des chroniques qu’elle donne sur les ondes de La
Première, station de radio belge. Sous le titre « La La langue », elle y raconte l’histoire
de mots tirés de l’actualité, du rythme des saisons ou de sa fantaisie.
D’
adultère à
voix au chapitre, elle nous fait découvrir la petite histoire des mots et
expressions, leur étymologie, leur évolution au fil des siècles. C’est plutôt drôle,
enlevé et légèrement pimenté.
Pierre Gusdorf
PARLEZ-VOUS POLOCHE ? PETIT DICTIONNAIRE D’ARGOT POLITIQUE ET PARLEMENTAIRE DE 1789 À NOS JOURS de Bruno Fuligni Maisonneuve & Larose / Hémisphères Éditions, 2024, 242 pages, 24 €
On sait encore aujourd’hui ce qu’est un
Grenelle ou une
raffarinade ; on se souvient
des listes
chabada ; les plus anciens ont connu les
juppettes et les
chalandonnettes... Mais
rares sont ceux qui connaissent les termes
pohérisation,
couesnonnade ou
ragusade.
C’est tout le mérite de l’historien Bruno Fuligni de faire renaître un vocabulaire argotique
pittoresque, en usage parmi les députés, les sénateurs, les ministres et les journalistes. Mille mots,
familiers ou oubliés, font revivre des épisodes connus ou moins connus de la vie politique de notre
pays. Son ouvrage fourmille d’anecdotes qui font sourire et réfléchir. Passionnant.
Pierre Gusdorf
PARIS-BABEL. HISTOIRE LINGUISTIQUE D’UNE VILLE-MONDE de Gilles Siouffi Actes Sud, 2025, 368 pages, 18,80 €
Gilles Siouffi, professeur en langue française à la Sorbonne, auteur du
Génie de la
langue française, plonge dans l’histoire de la langue parlée à Paris, des origines
jusqu’à nos jours. Siège de la standardisation du français, notre capitale a été tout
au long de son histoire «
un creuset de langues, d’idiomes, de parlers divers, une véritable
Babel ».
Du gaulois au latin jusqu’au cosmopolitisme culturel et au globish, l’auteur décrit avec minutie
l’évolution de l’usage de la langue face à la fabrication de la norme linguistique. Un ouvrage qui
intéressera non seulement les linguistes mais aussi tous les amateurs d’histoire.
Pierre Gusdorf
Signalons aussi :
- 100 (SAVOUREUSES) EXPRESSIONS ANGLAISES. ET EN FRANÇAIS, CE N’EST PAS MAL NON PLUS, de Jean Pruvost
(Le Figaro littéraire, 2025, 144 p., 9,90 €).
- QUELLES POLITIQUES POUR NOS LANGUES ?, sous la direction de Roseline Claerr, Linda Marchetti et Paul
de Sinety (Honoré Champion et École des chartes, « Lexica. Mots et dictionnaires », 2025, 250 p., 29 €).
- DÉRIVES, DIVAGATIONS ET DÉVOIEMENTS. COMMENT LES IDÉOLOGIES DÉFONT LA LANGUE ET LA CULTURE, de Pierre
Hartmann
(L’Artilleur, 2025, 400 p., 22 €).
- À QUI LA FAUTE ? L'IMPOSSIBLE (MAIS NÉCESSAIRE) RÉFORME DE L'ORTHOGRAPHE, de Bernard Cerquiglini (Gallimard,
« Folio Essais », 2025, 160 p., 7 €, livre électronique, 6,99 €).
- C’EST QUOI, DÉJÀ, LE MOT EN FRANÇAIS ? LES ANGLICISMES ET NOUS, de Michel Feltin-Palas
(Héliopoles, 2025,
168 p., 17 €, livre électronique, 12,99 €).
- 100 ANS DE NOUVEAUX MOTS (DE 1920 À 2020), de Nicole Gex (Le Figaro littéraire, 2025, 138 p., 9,90 €).
- QUATRE SAISONS. UNE ANNÉE DE LANGUE FRANÇAISE, de Karine Dijoud (Le Robert, 2025, 256 p. reliées, 22,90 €).
- ÉCRIRE LE FRANÇAIS. TOUTE UNE HISTOIRE, de Gabriella Parussa (Actes Sud, « La compagnie des langues », 2025,
200 p., 19,90 €).
- 65 DÉFIS POUR AMÉLIORER VOTRE FRANÇAIS, de Charline et Virginie Dorizon (Ellipses, 2025, 144 p., 14 €).
- Aux Éditions First et CLE international, 2025, Le DELF [diplôme d’études en langue française] pour les
Nuls, de Stéphane Jouaud et Fabien Delcambre :
• NIVEAU B1 (504 p., 24,95 €).
• NIVEAU B2 (562 p., 24,95 €).
- LE DICO DU DARON. LE PARLER JEUNE EXPLIQUÉ AUX PARENTS, de Jean-Christophe Erbstein
(Christine Bonneton,
« Au fil des mots », 2024, 200 p., 17,90 €).
NOS ADHÉRENTS PUBLIENT
- Avec Les Rues parallèles
(Cohen & Cohen, 2025, 133 p.,
20 €), Gérald Tenenbaum, mathématicien
et écrivain, signe un
recueil de quatorze nouvelles
poétiques entremêlant les
lieux et les époques. D’une
écriture remarquable, tantôt
linéaire, tantôt discontinue,
elles mêlent absence, souvenir,
temps, disparition... L’Histoire
croise la mythologie, les
sciences se mélangent à l’art
et à la musique, tandis que
réflexions philosophiques et
religieuses s’invitent au détour
de chaque page.
- Bernard Fripiat, pédagogue,
auteur dramatique, chroniqueur
et grand défenseur de
la langue française, vient de
publier Chroniques médicales.
Les professionnels du XIIe étage
triomphent de l’empathie
(124 p., 5,28 €, disponible
sur Amazon et Kindle), livre
consacré à l’hospitalisation
de son épouse et complice
Nicky Ward, réalisatrice
d’Orthogaffe, dans lequel il
relate avec tristesse et ironie ce
séjour d’un mois, à l’issue tragique.
Témoignage intime
d’un accompagnant « qui n’a
pas tout compris ».
- Avec Une vie en chantier,
Philippe Deniard, président du
Cercle des écrivains cheminots,
signe son troisième roman :
un jeune ouvrier « fait ses
classes dans un atelier avant de
découvrir la vie sur les
chantiers ». Cet ouvrage, 15 €
plus frais de port, est à
commander à l’auteur :
deniard.p@wanadoo.fr.
- Laurent Sauzé, secrétaire de
la délégation de Lorraine,
est l’auteur, entre autres, du
livre Les Messines. Nouvelles
historiques (Éditions des
Paraiges, 2014, 124 p., 13 €),
et Jean-Yves Degos, président
de ladite délégation, a publié
avec Jean-Guy Degos Premiers
pas en mathématiques financières
(Ellipses, 2013, 304 p.,
24,50 €).
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