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Le français pour
Stéphane Bern
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Le prix Richelieu 2021 était
destiné à un journaliste de
télévision. Nul ne sera étonné
que ce soit Stéphane Bern qui
en ait été le lauréat.
Il a accepté de répondre à nos
questions.
DLF : Connaissiez-vous le prix Richelieu ?
S. B. Oui, absolument, et cela depuis qu’Olivier Barrot en avait été le
lauréat en 2009. La liste des récipiendaires permet d’ailleurs d’en
apprécier la valeur, car elle rassemble de grands défenseurs de notre
belle langue, dans la presse écrite, à la radio ou à la télévision.
DLF : En tant que journaliste, quelle importance attachez-vous à la langue française?
S. B. Depuis que j’ai commencé à exercer ce métier dans l’audiovisuel, dès
1992, je me suis attaché à m’exprimer publiquement de manière
irréprochable, car un journaliste a une responsabilité, celle de porter haut
les valeurs fondatrices de la profession et de défendre le « bien-parler »,
en évitant les écueils des facilités de langage comme des anglicismes.
DLF : On accuse souvent les journalistes de diffuser une langue appauvrie.
Qu’en pensez-vous ?
S. B. Il est une mode détestable qui veut que, pour paraître « dans le
coup », on use d’un vocabulaire familier ou que l’on manie la langue
de façon sommaire « pour que tout le monde comprenne ». J’ai toujours
pensé qu’il ne fallait pas niveler par le bas mais, au contraire, exalter les
charmes, beautés et curiosités du français. Pour faire jeune, pour faire
« peuple » et accentuer une fausse proximité, certains usent en effet de
procédés qui dénaturent et appauvrissent notre langue.
DLF : La langue française vous paraît-elle menacée par l’anglo-américain ?
S. B. Ce n’est pas l’anglo-américain qui menace notre langue, c’est
davantage notre faiblesse coupable, notre paresse à la défendre et notre
volonté de nous exprimer dans une novlangue internationale, en perdant
de vue l’idée forte que le français est l’une des langues les plus précises,
permettant le choix du mot idoine pour exprimer une idée claire et
singulière. J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour nos cousins du
Québec qui ont dû batailler pour défendre le français, et qui connaissent
donc le prix de la résistance au rouleau compresseur anglo-américain...
DLF : Comment intéresser les Français à leur langue ?
S. B. Admiratif de l’action pédagogique de Bernard Pivot, je me souviens
qu’il m’avait passionné en partant à la recherche de mots menacés de
disparaître et qu’il voulait sauver d’une mort certaine. Il en va de notre
langue comme de notre patrimoine national auquel je suis tant attaché :
c’est cette idée qu’il faut proposer aux Français pour les convaincre de
défendre le français, et l’on peut les y intéresser par une chasse au trésor
des mots en s’appuyant notamment sur leur étymologie. Chaque mot
du vocabulaire est une aventure en soi...
DLF : Quels sont pour vous les écrivains qui ont le mieux illustré la langue
française depuis le début du XXe siècle ?
S. B. Ayant été éduqué avec Chateaubriand, Balzac, Zola et quelques autres
grands auteurs classiques, j’ai sans doute placé la barre très haut. Au
XX
e siècle, je citerai donc Marcel Proust, Pascal Quignard, Anatole France,
mais aussi Jean d’Ormesson dont j’aimais autant la plume que l’esprit.
Stéphane Bern ,
né le 14 novembre 1963, à Lyon, animateur de radio et de télévision, acteur et écrivain.
Études : École supérieure de commerce de Lyon.
Carrière : rédacteur en chef de Dynastie (1985-1987) ; journaliste à Jours de France (1988),
au Figaro Magazine et au Figaro (depuis 1990) ; rédacteur en chef adjoint de Madame Figaro (depuis
1999). Chroniqueur à Europe 1 (1992-1997), à RTL (1997-2000) ; animateur du Fou du Roi sur
France Inter (2000-2011), puis d’À la bonne heure sur RTL (depuis 2011) ; présentateur de plusieurs
émissions sur France 2 et France 3, dont Secrets d’Histoire (depuis 2007) et Le Village préféré des Français
(depuis 2012). Conseiller municipal du IX e arrondissement de Paris (1999-2001). Président du
Conservatoire municipal Nadia-et-Lili-Boulanger (2002-2016), de l’Académie Grévin (depuis 2014).
Chargé de mission pour la sauvegarde du patrimoine rural en péril (depuis 2017)...
Parmi ses oeuvres : Châteaux Royaux de France (2013), Les Jardins préférés des Français (2014), Les Pourquoi
de l’Histoire, 4 tomes (2014-2018), Mon Luxembourg, un pays à découvrir (2016)...
Au nombre de ses décorations : chevalier de la Légion d’honneur, officier des Arts et des Lettres ;
chevalier de l’ordre de Grimaldi, officier de l’ordre de Léopold, chevalier de l’ordre de l’Empire
britannique, commandeur de l’ordre de Mérite du Grand-Duché de Luxembourg...
(D’après le Who’s Who 2023.)
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