Défense de la langue française   
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LE MESSAGE TONIQUE DE MAURICE DRUON

« Les déplorations, c’est fini ! Le déclin de la langue française, c’est terminé ; son recul dans le monde s’est arrêté grâce aux efforts des asso-ciations, grâce à l’Académie ! » Au cours du déjeuner de DLF, le 17 octobre, au Cercle des Armées, Maurice Druon, secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie française, présenté par notre administrateur M. François Archambault, a voulu faire entendre un « autre ton ». Il a voulu aussi donner de l’espoir et soutenir les efforts de ses auditeurs.

« La mondialisation entraîne le rejet d’une seule culture, dont les productions, les sous-produits proviennent des États-Unis. Certes, ils sont venus deux fois au secours de l’Europe, mais cela ne leur donne pas le droit d’imposer une seule culture. Ce serait un immense danger. Il est d’ailleurs ressenti par les peuples et par nos contemporains. » Il n’y a de progrès, d’inventivité que par le mouvement des idées. Avec une seule culture, en effet, « il n’y a plus rien à échanger ». « L’uniformité est une situation de mort et l’esprit humain ne veut pas mourir. Une seule culture entraîne les mouvements terroristes à tuer, à faire mourir leurs semblables qu’ils prennent pour dissemblables. »

« La culture française est la plus irréversible des cultures. » Les imbrications sont profondes. Charlemagne avait une vision de l’univers. Théo Zeldin a pu écrire : « Les Anglais ont inventé la liberté pour eux, les Français l’ont inventée pour l’univers. »

Maurice Druon évoque des souvenirs proches. Il participait dernièrement à un colloque à Essaouira (Maroc), et ce colloque s’est tenu en français. À Yang-taï, au nord-est de la Chine, il y a actuellement une centaine de francophones. De même dans les pays de l’Est européen, on veut aujourd’hui échapper à l’uniformité.

Le français leur offre une chance inégalable par la variété de ses mérites : le droit est le domaine de la langue française. Par sa syntaxe et sa précision, c’est aussi la langue diplomatique par excellence.

L’ancien ministre de la Culture rappelle qu’il a lancé un manifeste pour que le français soit la langue du droit européen et que ce document a obtenu immédiatement l’agrément et la signature de personnalités comme Otto de Habsbourg, Mario Soares, Siméon de Saxe-Cobourg, Bronislaw Geremek, le président Abdou Diouf... pour n’en citer que quelques-uns... (voir DLF, n° 214, p. 18)
Députés et sénateurs lui ont fait un accueil unanime, car la langue française est une patrie sans frontières partisanes. Il faut une langue au Droit européen. Le français n’est-il pas la langue du Code civil ?
Nous voyons donc naître un Comité pour le français, langue du Droit européen. Le français doit être la langue juridique de l’Europe. Il faut que notre gouvernement adopte une politique de la langue française.
Il est indispensable que le gouvernement français ait un esprit de reconquête, qu’une véritable politique de la langue française se manifeste dans les institutions françaises à l’étranger, que plus un lycée français ne soit fermé... « Cette politique extérieure devra être doublée d’une grande vigilance intérieure, afin que le français garde cette pureté qui lui a donné sa place dans le Droit. »
L’école doit être le lieu de son maintien dans sa noblesse et sa pureté, dès les classes primaires. Et cela va de pair avec le respect que le maître, certes, doit avoir pour l’élève, mais aussi que l’élève doit avoir pour le maître. « Il n’y a pas de respect sans autorité et sans tenue. Il faut en effet donner aux enfants des modèles. La démolition de l’enseignement dans le primaire et le secondaire est une opération politique marxiste. »

Maurice Druon, qui a rappelé le mot de Montesquieu : « Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires », a répondu ensuite à de nombreuses questions avec beaucoup d’esprit et de sérénité. Non, pas de vaines déplorations ! Du travail, des efforts et des réactions ! C’est là le prix de l’espérance et le sens du combat...

Jacques Dhaussy
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