Défense de la langue française   
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Le français pour Alexandre des Isnards
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Invité d’honneur de notre déjeuner d’automne, Alexandre des Isnards a répondu aux nombreuses questions des participants, expliquant, en particulier, que pour pouvoir lutter contre l’invasion d’un vocabulaire contestable il fallait commencer par connaître ce vocabulaire. Voici trois des entrées de son Dictionnaire du nouveau français (Allary Éditions, 2014, 528 p., 21,90 €).
Argh
ONOMATOPÉE D’USAGE DANS LES CONVERSATIONS NUMÉRIQUES EXPRIMANT LE DÉPIT, LE REGRET OU LA FRUSTRATION.

Argh est un soupir numérique. À distance, d’écran à écran, il permet de partager ses regrets avec les autres internautes. « Argh ! J’ai laissé des fautes dans mon commentaire. » En réponse à une mauvaise nouvelle, « argh » est de mise pour témoigner son soutien.
Osys dit : « J’ai acheté mes billets à la mauvaise date. 400 € foutus en l’air. » Stef34 répond : « Argh ! »
La compassion sans l’implication.
Variante émoticon
:- < Les deux points pour les yeux, le tiret pour le nez, le signe inférieur pour la moue dépitée...

Clivant
QUI DIVISE OU SUSCITE LA POLÉMIQUE.
Du néerlandais klieven (fendre un minerai cristallisé dans le sens de ses couches lamellaires), une idée clivante est une idée tranchante, un propos qui sépare nettement le camp du « pour » de celui du « contre ». L’adjectif s’applique à tout ce qui suscite la polémique ou divise. « Le pays est clivé » : il est divisé. Parfois, clivant a valeur d’euphémisme. « Il s’est montré trop clivant », comprenez agressif.
VERBE ...................................................................................................
Cliver : diviser. En matière politique, tout est élaboré et analysé à l’aune de ce qui clive ou rassemble...

Contrainte (j’ai une)
FORMULE D’USAGE POUR ESQUIVER UNE INVITATION.
Une contrainte étant une pression exercée par l’extérieur, cette expression permet de ne pas endosser la responsabilité d’un refus. Avec « empêchement, ou « obligation », « contrainte » est un mot de plus à la disposition de ceux qui veulent esquiver un rendez-vous ennuyeux. Et puis, l’excuse sans détail est toujours la meilleure.
« Dispo ce soir pour une mousse rue Oberkampf ? », demande François par SMS. « Dsl pas possible pour moi ce soir. J’ai une contrainte », répond Claude.
– Ça te dirait une bière rue Oberkampf ce soir ? – Désolé, je ne suis pas libre ce soir, j’ai une obligation.

Alexandre des Isnards, né en 1973.
Écrivain.
Diplômes : licence d’histoire et diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris.
Carrière : consultant internet, pendant neuf ans, dans une agence média et web agency.
Publications : en collaboration avec Thomas Zuber : L’open space m’a tuer (2008) et Facebook m’a tuer (2012). Et cette année : Dictionnaire du nouveau français.
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