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Le français pour Christine Kelly
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Lauréate du prix Richelieu 2024
Christine Kelly
a répondu à nos questions.
DLF : Connaissiez-vous le prix Richelieu ?
C. K. : Oui, j’en ai entendu parler lorsque ce prix a
été remis à Claire Chazal ou à Natacha Polony.
DLF : En tant que journaliste, quelle importance attachez-vous
à la langue française ?
C. K. : Pour moi, la langue française est le vecteur
essentiel de la communication, c’est-à-dire de la
précision et de la clarté dans la transmission de l’information. Elle doit permettre
de transmettre des idées de manière nuancée et rigoureuse, ce qui est crucial
pour une compréhension précise des événements.
Dans mes émissions, je laisse toujours de la place pour des sujets et des débats
sur la question de la langue française.
En respectant et en soignant l’usage de notre langue, nous contribuons à préserver
et à promouvoir notre patrimoine culturel.
DLF : On accuse souvent les journalistes de diffuser une langue appauvrie. Qu’en
pensez-vous ?
C. K. : Certains accusent les journalistes d’utiliser une langue appauvrie, souvent
caractérisée par un recours excessif à des expressions simplifiées, des clichés
ou des formules stéréotypées. Il faut reconnaître que le travail des journalistes
est souvent soumis à des contraintes très strictes de temps, ce qui parfois limite
leur capacité à développer des analyses approfondies ou à utiliser un langage
plus élaboré.
De plus, dans un contexte médiatique où la concurrence est forte et où
l’information circule rapidement, il peut être tentant pour les journalistes de
privilégier la simplicité et la concision au détriment d’une expression plus
riche et plus nuancée. Mais cela ne signifie pas que tous les journalistes utilisent
une langue appauvrie ; de nombreux professionnels s’efforcent au contraire
de produire des contenus de qualité, en veillant à utiliser un langage précis et
évocateur. Ce qui répond à un large public qui réclame une certaine qualité
et un certain niveau intellectuel.
DLF : La langue française vous paraît-elle menacée par l’anglo-américain ?
C. K. : La langue française est confrontée à l’influence croissante de l’angloaméricain,
notamment dans certains domaines tels que la technologie, le
commerce et la culture populaire. La langue est surtout menacée par
l’effondrement culturel et scolaire, au niveau même de l’instruction, qui constitue
la base pour la protéger. La langue est menacée par le manque général de prise
de conscience de son importance pour l’ensemble de la société.
La maîtrise de la langue française va au-delà de la simple communication ; elle
permet également une meilleure compréhension, une meilleure expression et
la maîtrise des émotions. Les mots ont le pouvoir de refléter nos pensées et nos
sentiments de manière précise et nuancée, ce qui favorise une communication
émotionnelle plus riche et authentique. Ainsi, une bonne maîtrise de la langue
française peut contribuer à une meilleure gestion et expression des émotions,
tant dans les relations personnelles que dans les interactions sociales et
professionnelles.
DLF : Comment intéresser les Français à leur langue ?
C. K. : Selon moi, il faudrait travailler sur plusieurs piliers en même temps
pour intéresser les Français à leur langue.
Les Français doivent s’intéresser à leur histoire, à leur nation, et renouer avec
une certaine fierté de leur identité.
Inciter à la lecture, organiser des évènements culturels, des concours de poésie,
des clubs de lecture, pour encourager la découverte et la pratique de la
littérature française.
Ne pas négliger l’importance de la langue française dans le monde : dans les
domaines de la diplomatie, de la science, de la culture et de la communication.
Le français est langue officielle et langue de travail des institutions de l’Union
européenne, mais qui y veille ? Il est important de le rappeler.
Il faut aussi utiliser les médias et les réseaux sociaux : diffuser des contenus
éducatifs et ludiques sur la langue française, partager des citations, des
expressions ou des proverbes français, et encourager les discussions autour de
la langue et de sa richesse.
En mettant en oeuvre ces différentes initiatives, il est possible d’inciter les
Français à s’intéresser davantage à leur langue et à en apprécier toute la beauté
et la diversité.
DLF : Quels sont pour vous les écrivains qui ont le mieux illustré la langue
française depuis le début du XXe siècle ?
C. K. : Dans les méandres de la mémoire, où l’étranger se perd dans la recherche
du temps perdu, la voie royale se dessine, illuminée par la condition humaine.
Sous le ciel étoilé, les mémoires d’Hadrien s’entrelacent avec la nausée, tandis
que le petit prince contemple l’absurdité de l’existence, révélant la peste qui
ronge l’âme humaine. (Albert Camus, Marcel Proust, André Malraux, Marguerite
Yourcenar, Jean-Paul Sartre, Antoine de Saint-Exupéry...)
Christine Kelly, journaliste et écrivaine, est née à Pointe-à-Pitre en 1969.
Études : institut universitaire de technologie de Bordeaux, diplôme de journalisme.
Carrière : animatrice, productrice et reporter à Archipel 4 et animatrice à Radio K’Danse FM, en
Guadeloupe (1992-1994); animatrice, productrice et reporter à RFO Guadeloupe et Martinique (1995-
1996); journaliste, reporter à Sud Ouest, Chérie FM, RFO international, France 3 Rouen, France 3
Tours, France 3 Montpellier, France 3 Paris et Île-de-France, puis France 3 national (1997); présentatrice
à la chaîne de l’emploi (groupe Canal+, 1997-1999); journaliste à la chaîne Météo et à la chaîne Voyage
(1999-2002); jounaliste, présentatrice à LCI (2000-2009) ; rédactrice en chef à Ushuaïa TV (2005-
2006); membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (2009-2015); jounaliste à CNews (depuis 2018);
membre du conseil d’administration du Press Club de France, de la Fondation Newen, de la Commission
nationale française pour l’Unesco, de la Fondation ENGIE, de la Fondation Nestlé et du Centre de
ressources d’expertise et de performance sportive (CREPS) (depuis 2015).
Parmi ses oeuvres : L’Affaire Flactif (2006, Prix du meilleur document 2006); François Fillon, le secret et
l’ambition (2007, Prix de la biographie politique 2007); Le Scandale du silence (2012); Invitée surprise (2015);
François Fillon, coulisses d’une ascension (2017); Libertés sans expression (2022); Femmes en politique : premier bilan
(2024).
Distinction : Prix de la meilleure journaliste de l’année au Blackworld Victories Award (2002); prix de
l’European Federation of Black Women Business Owners (2003); trophée Africagora des femmes (2004);
premier prix des Étoiles d’or de la meilleure présentatrice de télévison (2021).
Décoration : officier de l’ordre national du Mérite.
(D’après le Who’s Who 2024.)
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