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Le français pour Claire Koç
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Invitée d’honneur, le 20 janvier, Claire Koç,
journaliste à France Télévisions, nous a décrit le
combat qu’elle a mené, depuis son entrée à
l’école, pour s’approprier la langue et la culture
françaises, puis obtenir enfin la nationalité
française. Dans son livre poignant Claire, le
prénom de la honte (voir p. II), « Claire Koç
raconte ce parcours en ayant cependant encore le
sentiment d’être en permanence ramenée à ses
origines [turques] dans une France qui valorise le
multiculturalisme plutôt que l’universalisme, alors
qu’elle voudrait juste clamer “son amour à la
France qui lui a permis d’être libre”. [...] Son livre est un rare plaidoyer
pour la liberté et l’intégration, contre le communautarisme et tous les
obscurantismes ». (France Info, 10 mars 2021.) Voici, rédigés à
l’intention des lecteurs de DLF, les mots que Claire Koç a
prononcés à la fin de sa conférence.
Sans langue française, il n’y a pas de nation française. Et donc pas
d’héritage, pas de sentiment d’appartenance à une littérature qui a
influencé et rayonné dans le monde entier. Avec la littérature
française, je me suis émancipée car c’est en la maîtrisant que l’on
s’élève intellectuellement et socialement.
On nous parle toujours du « rêve américain » mais il y en a un encore
plus beau et plus précieux : c’est le rêve français qui a permis à un
Jean Giono, autodidacte, de devenir un des plus grands auteurs
français. L’école de la République et les hussards noirs permettaient à
ces parcours incroyables d’exister par le biais de la méritocratie.
Je me suis émancipée par la langue française, par la lecture.
Comment ?
En apprenant à m’exprimer avec finesse et subtilité, en structurant
ma pensée, en accordant sa place à la nuance. Car la langue française
est l’art de la conversation.
Elle représente pour moi l’héritage du bon goût, du beau parler. Et
ce qui est merveilleux avec elle, c’est qu’il existe un mot pour chaque
sentiment. Je dis souvent que la France aurait pu me manquer, dans
le sens « rater », c’est ça la subtilité de la langue française.
La France m’a apporté la liberté, je lui offre en
retour un livre où je lui témoigne tout l’amour que
j’ai pour elle et pour sa langue.
* * *
Deux extraits de ce livre :
«
Puisque j’aime la France, et comme je veux en faire partie, je préfère
retenir ses valeurs » (p. 66).
«
Quel plus beau cadeau que de recevoir Dumas, Balzac ou Proust en
héritage ? Ce goût du savoir et des lettres a suffi pour m’attacher
irréductiblement à la France et à son destin » (p. 67).