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Le journalisme pour Monique Raux
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Lauréate du prix Richelieu 2020, pour
la presse régionale (voir DLF
n° 285), Monique Raux nous a adressé
le discours de remerciement qu’elle
avait rédigé pour la cérémonie de
remise des prix, le 9 juin 2022, dans le
salon Édouard-Bonnefous de l’Institut
de France.
C’est un grand honneur et un double plaisir pour moi d’être ici,
aujourd’hui, dans ce haut lieu de la culture et du patrimoine, pour
recevoir le prix Richelieu 2020. Double plaisir, parce qu’il y a d’abord
eu l’annonce – si inattendue ! – au printemps 2020 de cette distinction.
C’était juste avant le, non, « les » confinements... et puis, il y a quelques
semaines, cet autre courrier qui m’informait de la tenue de cette
cérémonie. Qui a réactivé le plaisir. Et l’émotion.
À vrai dire je n’espérais plus... Je n’étais ni triste ni déçue, ni même
frustrée, le simple fait d’avoir été distinguée suffisait à mon bonheur.
Et me voici, journaliste de la Presse quotidienne régionale de l’Est, en
brillante compagnie. Plus que jamais, à la lumière de l’actualité si
brûlante qui nous occupe depuis des mois et nous bouscule, je me dis
que le rôle des journalistes est indispensable.
Les réseaux sociaux, dans l’urgence, souvent dans l’approximation ou
la manipulation, nous bombardent d’ « informations » fausses, tronquées, orientées grâce aux algorithmes, diffusées par des non-journalistes, des
pseudo-experts, ou des témoins... La vie, le monde et son chaos, en
quelques dizaines de signes, saupoudrés de fautes souvent... pour
collecter le maximum de clics.
Les journaux, et je parle ici de la presse écrite à laquelle j’ai eu le
bonheur et l’honneur d’appartenir, confrontés à la révolution
numérique, se sont réinventés mais ils demeurent pour beaucoup un
moyen de comprendre le monde. À condition peut-être de prendre un
peu plus de temps qu’un bref coup d’oeil sur un smartphone.
Écrire court, écrire vite, mais écrire bien. « Écrire pour son lecteur »,
c’était le titre d’une formation au Centre de formation professionnelle
des journalistes ! Après tout, le lecteur doit prendre plaisir à lire son
journal en même temps qu’il s’informe...
Plus que jamais ce mot d’une collègue de
L’Est républicain – devenue
une amie – à l’époque où j’étais journaliste au
Républicain lorrain résonne
en moi : «
Ce métier, ce n’est rien d’autre que raconter la vie des gens aux
gens. » Qu’il s’agisse d’économie, de justice, de politique, de faits divers,
de la covid ou de la guerre en Ukraine, que seraient les « papiers » s’ils
ne disaient, avec des détails, et beaucoup d’humanité, un peu plus que
l’information brute ? C’est ce que j’ai voulu partager avec mes lecteurs.
Toujours.
Monique Raux, née le 23 avril 1957 à Nancy, journaliste.
Après des études de droit à Nancy, entre au Républicain lorrain, en 1979, comme pigiste
et y fait l’essentiel de sa carrière journalistique jusqu’en septembre 2012 où elle passe
sous pavillon Est républicain. Nommée chef adjoint de la Région, chargée, en particulier,
de mettre du liant dans les relations entre les deux journaux. Il s’agissait alors d’échanger
des articles. Les « papiers » des journalistes du RL étaient transmis à l’ER et vice versa.
Monique Raux est correspondante pour Le Monde depuis 1987.
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