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Le français pour Guillaume Roquette
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Lors de notre déjeuner au Bouillon Racine, Guillaume Roquette, lauréat
du prix Richelieu 2014, nous a longuement
parlé de la langue française et de ce qu’elle
représentait pour lui. L’abondance des
propos ne nous permet pas de les publier,
c’est pourquoi vous trouverez ci-dessous
ses réponses au questionnaire que nous
adressons à tous nos lauréats. Elles
résument assez bien sa pensée et le
discours qu’il nous a tenu.
DLF : Connaissiez-vous l’association DLF et son prix Richelieu ?
GR : Je connaissais le prix et je me souviens que, lorsque Yves Calvi l’a
reçu, je m’étais pris à rêver que je puisse en être un jour lauréat. Je
n’espérais pas que cela puisse arriver si vite ! En revanche, je ne
connaissais pas DLF et pensais que le prix était l’émanation de
l'Académie française.
DLF : En tant que journaliste, quelle importance attachez-vous à la langue
française ?
GR : C’est un bonheur d’en être dépositaire. Je ne parle pas assez
l’anglais, ni aucune autre langue étrangère d’ailleurs, pour savoir si l’on
peut retrouver ailleurs la même précision et la même richesse que dans
le français. Il y a un plaisir du mot juste, une musique de la phrase bien
construite, qui peuvent sauver des textes par ailleurs banals. La langue
est souvent la bouée de sauvetage du journaliste peu inspiré !
DLF : On accuse souvent les journalistes de diffuser une langue appauvrie.
Qu’en pensez-vous ?
GR : C’est souvent vrai, car les journalistes sont à la fois le fruit et le
reflet de leur époque. Il y a parfois aussi chez eux la tentation de
parler comme les « vrais gens », ce qui est une erreur à mon sens : le
lecteur, comme le téléspectateur, apprécie qu’on s’adresse à lui dans
une jolie langue, c’est une forme de courtoisie.
DLF : La langue française vous paraît-elle menacée par l’anglo-américain ?
GR : Oui, parce qu’elle reflète les valeurs du monde anglo-saxon :
modernité (notamment technologique) et énergie. Difficile de ne pas
céder à la tentation !
DLF : Avez-vous des projets en faveur de la langue française ?
GR : Non, hormis m’efforcer de ne pas trop l’abîmer lorsque j’en use.
DLF : Quels sont pour vous les écrivains qui ont le mieux illustré la
langue française au XXe siècle ?
GR : Tout en haut Céline, qui l’a réinventée. Je n’ai pas d’auteurs
fétiches, mais certains livres m’ont marqué par leur style, comme ceux
de Déon, ou
Service inutile de Montherlant. Plus près de nous, j’ai
beaucoup d’affection pour Jean d’Ormesson et beaucoup
d’admiration pour Franz-Olivier Giesbert, grand journaliste et vrai
écrivain. (Mais le modèle absolu à mes yeux en matière de style reste
Chateaubriand.)
Guillaume Roquette,
né en 1965. Journaliste.
Carrière : au Figaro, journaliste à la rédaction
économique (1988-1994).
Chef de service (1994-1998).
Rédacteur en chef adjoint puis rédacteur en chef (1998-1999).
Directeur de la rédaction (2000-2006).
Éditeur de L’Entreprise (2003-2006).
Au Groupe Valmonde, directeur général et directeur des publications (2006-2012).
Depuis 2012, directeur de la rédaction du Figaro Magazine.
Coproducteur et coprésentateur sur LCI (1999-2001).
Producteur et animateur sur Radio Notre-Dame (2003-2005).
Coanimateur à BFMTV (2005-2006).
Éditorialiste politique à iTélé (2009-2011).
Chroniqueur politique à France Inter (depuis 2010), LCI (2010 à 2012) et
Europe 1 (depuis 2012). (D’après le Who’s Who 2014.)
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