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La dictée pour Rachid Santaki
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Invité d’honneur, le 18 janvier 2024, Rachid Santaki nous a expliqué pour
quelles raisons il organise des dictées géantes
et nous a communiqué son enthousiasme.
Florilège.
La dictée, c’est un prétexte pour se retrouver. Pour quelle raison suscite-t-elle
un intérêt de la part de personnes de tous âges et de toutes conditions ? Cela
tient à la recherche de la maîtrise des mots. Nous avons cela en nous : pour
pouvoir exprimer nos émotions, il faut trouver les mots. Et si l’on dispose de
cette maîtrise des mots, de cette fluidité, on parvient à s’exprimer avec facilité.
La maîtrise de l’orthographe, c’est l’accès à la culture, c’est l’insertion
professionnelle, c’est le lien social. Mais certaines personnes ont parfois des
freins qui les empêchent de trouver les mots. Le rapport à l’écrit et à la parole
passe par le desserrement de ces freins qui sont souvent liés à la honte : on a
honte de faire des fautes. L’orthographe est un marqueur social.
Or la dictée n’est pas un outil d’évaluation ou de culpabilisation. C’est un
outil qui nous permet de nous rencontrer. La dictée de Saint-Denis en 2015
était un temps fort qui a réuni plus de 1 000 personnes. Il y a eu la dictée au
stade de France, la dictée avec Thomas Pesquet, celle des Champs-Élysées en
2023. J’en organise bientôt également en Tunisie et au Maroc.
Que penser de la réforme de l’orthographe ? Simplifier la langue en
prétextant que c’est pour faciliter son usage, c’est renoncer à se défier, à se dépasser. En athlétisme, si on veut courir 400 mètres, va-t-on, sous prétexte
de simplification, se limiter à 40 mètres ? Il est important de savoir se dépasser,
il est important de maîtriser l’orthographe traditionnelle. Dans l’apprentissage,
le levier est de réussir à identifier ses erreurs, ses freins, ses traumatismes, pour
se libérer et pouvoir écrire, parler, s’exprimer, ouvrir le champ des possibles.
La langue française est une très belle langue. C’était une langue diplomatique.
Dans le monde actuel et notamment depuis l’arrivée d’internet, on veut tout,
tout de suite. Dans cette recherche du résultat immédiat, les abréviations ou
les anglicismes sont plus séduisants que notre langue traditionnelle. C’est
pourquoi il faut rendre accessible l’histoire de la langue française, sans la
déformer mais en montrant que cette noblesse, malgré sa complexité, est une
de ses valeurs.
Nous pouvons faire la même comparaison avec des jeunes issus de milieux
modestes qui admirent les footballeurs, les rappeurs, et qui croient naïvement
qu’ils sont parvenus à ce résultat sans travail. Bien évidemment ce n’est pas le
cas. Il en est de même pour la langue : la langue, c’est du travail. Une fois
qu’on la maîtrise, il faut l’entretenir, il faut aimer ce que l’on fait et à partir
de là on peut faire pas mal de choses. Donc, effectivement, aujourd’hui j’essaie
de diffuser la dictée et j’essaie de partager cela avec un maximum de
participants par le divertissement, le jeu, le plaisir, la dérision aussi, mais... en
respectant toujours la langue française.
Rachid Santaki, né en 1973 à Saint-Ouen, est journaliste, romancier et scénariste, entrepreneur et
organisateur de dictées géantes.
Carrière : éducateur sportif (1995) ; lance 5Styles, magazine gratuit sur les cultures urbaines (2003) ;
crée « La dictée des cités », dictée itinérante dans toute la France (2013), crée le label « La Dictée
géante» (2018), 1 493 participants au stade de France !
Parmi ses oeuvres : La Petite Cité dans la prairie (2008) ; Les anges s’habillent en caillera (2011, Prix des
trophées de la nuit 2011); Des chiffres et des litres (2012); Flic ou Caillera (2013); Business dans la cité (2014);
La France de demain (2015) ; La Légende du 9-3 (2016); Les Princes du bitume (2017); Laisse pas traîner ton
fils (2020); Une dictée peut tout changer (2022); Anissa (2023).
Distinction : Lauréat espoirs de l’économie CCIP [Chambre de commerce et d’industrie Paris] (2006).
Décoration : chevalier de l’ordre national du Mérite.
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