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La langue française pour Wendy Bouchard
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Voici l’allocution prononcée, le 6 avril, par
la lauréate du prix Richelieu 2019.
C’est vraiment un grand honneur que vous me faites
aujourd’hui, car, vous le savez, les récompenses font
rejaillir les grandes étapes de la vie, une petite vie, une
petite carrière. Xavier Darcos a été très élogieux à
l’égard de ce chemin qui est un petit chemin. Mais de
mes premiers mots, je ne me souviens pas ; de l’orthographe tatillonne sur mes
cahiers d’école, sans doute comme vous un peu davantage, mais l’envie de bien
écrire, de m’exprimer harmonieusement, cette envie, je crois, m’est venue enfant,
avec ce plaisir des mots nouveaux – tu le disais, Mathieu –, de celui qui sonne
bien et dont on est fier. Je me souviens d’avoir écrit, par exemple, à Catherine
Deneuve dont j’appréciais le parcours : «… cette beauté romanesque… ». J’avais
douze ans. Savais-je au juste ce que signifiait « romanesque », je ne le crois
pas, mais je trouvais que ce mot était beau. Il me plaisait par son envol, comme
les mots de Camus que j’ai découverts, comme l’écriture de Zola, comme le
panache de Cyrano, comme l’argot de Brassens, comme le souffle de Barbara,
comme la poésie de Malraux, d’Hugo, comme la plume vive et sensuelle de
Gainsbourg. J’ai grandi avec tout ça, avec eux comme avec les expressions de
mes grands-mères. Elles disaient « chienlit », elles disaient « nouba », elles
parlaient de « barouf », elles parlaient du croque-mitaine ou disaient « bon
sang de bonsoir ». Ce sont des expressions un peu surannées qu’un président
actuel aurait employées aujourd’hui. Elles nous permettent des saillies percutantes,
qui font écho aux mots d’enfance qui nous ont façonnés.
Voilà pourquoi, puisque vous me remettez cet ouvrage,
L’Écume des mots, je
dirai comme vous que la langue est belle, qu’elle entrechoque son héritage et
sa soif de modernité. Bernard Fripiat, par exemple, excelle à nous amuser de ses complexités, de ses contradictions… J’ai, grâce à toi, cher Bernard, pu réviser
l’accord souvent ardu des verbes pronominaux. Merci !
Cette histoire a ses exigences. Je les ai à l’esprit, croyez-moi, lorsque je présente
les deux heures d’émission quotidienne sur Europe 1. Deux heures de direct, avec
la nécessité de ne pas parler pour ne rien dire, de choisir, dans l’instantanéité
tout de même, le terme juste, la précision et la rigueur de la définition.
Notre langue est aimée, par vous, d’abord, mais par tant de Français et ça c’est
bon ! Vous participez, vous et votre association, à son rayonnement, mais cette
langue est aimée aussi par nos auditeurs, et là encore, Mathieu Vidard le disait,
ils envoient des courriels, des courriers pour se plaindre de chaque incorrection
grammaticale, de chaque erreur de syntaxe. Ils ont raison ! Et on pense à eux.
Intransigeants, ils le sont. Alors je parle, je questionne, j’anime, je présente, je
relance, j’interviewe, je rebondis, je modère comme je peux. Je pense à
madame Leblond, à Christiane Giransky, ces deux professeurs de français qui ont
été étincelantes et qui, comme à beaucoup d’entre nous, m’ont donné envie de
transmettre ce goût des mots que je n’oublierai pas. Et je pense à un homme,
dont l’exigence aussi a été le fil de la vie – Xavier Darcos, vous l’avez connu –
cet homme s’appelait Philippe Séguin. Il était l’un des plus fiers défenseurs de la
francophonie, formé à la grande École normale des instituteurs, puisant dans sa
culture franco-tunisienne le sens de cette langue dont il souhaitait qu’elle
redevienne l’une des plus fortes et des plus fraternelles du monde. Et dans ce
souvenir ému, parce qu’il était mon ami, je vous remercie de cette attention qui,
chers amis, me touche et m’engage à faire mieux encore à l’avenir. Merci vraiment,
infiniment.
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Wendy Bouchard, née en 1980 à Paris, est journaliste à Europe 1
depuis 2006, et à la télévision depuis 2012 (France 2 et M6 en
2012, France 3 depuis 2016, et Public Sénat depuis 2018).
Licenciée d’histoire, elle est diplômée de l’Institut d’études
politiques de Paris et du Centre de formation des journalistes.
En 2006, elle intègre la rédaction d’Europe 1 comme reporter
aux informations générales, avant d’être rattachée au service
culture. En 2011-2012, elle présente le journal « Europe 1 Midi »
les samedis et dimanches, et anime différentes émissions du weekend,
notamment « Le débat des grandes voix ». En septembre
2015, elle devient présentatrice de la matinale du week-end, sur
Europe 1; depuis septembre 2018, elle y présente l’émission « Le
tour de la question » du lundi au vendredi, de 9 à 11 heures.
Œuvres : avec David Khayat et Nathalie Hutter-Lardeau, Des mots sur
les maux du cancer (2008);
avec Bernard Fripiat, L’Almanach 2018 des
amoureux des mots ;
avec Liane Foly, Nos femmes de coeur (2018).
Distinctions : « Femme en or - Médias 2013 » ; prix de la « meilleure
émission de radio » pour « Europe 1 Midi », à l’occasion du 16 e grand
prix des médias CB News (2014).
(D’après Wikipédia.)
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