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Le français pour Bernard Fripiat
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Enseigner par le rire, tel est l’objectif que
Bernard Fripiat poursuit avec succès. Chroniqueur
à la radio, romancier, comédien et
dramaturge, l’invité d’honneur de notre
déjeuner d’automne nous a donné un bel
aperçu de ses talents d’acteur et d’humoriste
en nous présentant son dernier
ouvrage
*. En voici deux extraits.
43. POURQUOI ÉCRIVONS-NOUS
« AUJOURD’HUI » ?
Pour contrarier ceux qui abhorrent
les pléonasmes !
Au Moyen Âge, l’écriture des sons
v et
u se confondait. L’habitude
était d’écrire
v en tête de mot et
u à l’intérieur. Dès lors,
vi pouvait
signifier je
vi ou
ui, qui désigne le jour. Pour éviter toute confusion, les
juristes ajoutent un
h à ce dernier (
hui) que le latin
hodie justifiait.
Cette confusion disparaîtra : « je vis » prend un
s et
hui n’est plus utilisé.
Néanmoins, il nous en reste une trace dans le mot « aujourd’hui » qui
signifie littéralement « au jour du jour ». Vous me direz qu’il s’agit d’un
pléonasme aussi intelligent que « monter en haut », « descendre en bas »
ou « voire même ». Certes ! Mais il s’agit d'un pléonasme qui a réussi.
Pourquoi a-t-il réussi ? Parce que tout le monde l’utilise. Pourquoi tout
le monde l’utilise-t-il ? Parce qu’il a réussi...
Vous avez de ces questions, parfois !
89. POURQUOI NE PRONONÇONS-NOUS
PAS LE I DE « OIGNON » ?
Un vestige à faire pleurer !
Les Romains prononçaient le
gn de
signum comme notre « diagnostic ».
Au fil des siècles, la prononciation latine s’est transformée en
ni et nous
disons
« signe ». Naturellement, il n’est pas question d’écrire
n, puisque
les Romains mettaient
gn : l’étymologie l’emporte.
Durant une longue période, on a placé un
i avant le
gn pour indiquer
qu’il fallait prononcer
ni, et non
gn comme dans « stagner ». C’est ainsi
que l’on écrivait
montaigne afin d’indiquer qu’il fallait prononcer
montagne. D’ailleurs, pour que l’écrivain Montaigne réponde à un appel,
il fallait veiller à bien dire
montagne. En effet, c’est ainsi qu’il prononçait
son patronyme. Certains universitaires continuent d’ailleurs à suivre son
exemple. Quand la tradition se mêle au snobisme, l’université exulte !
« Poignet » se prononça longtemps
pognet. D’ailleurs, certains
grammairiens critiqueront notre manière de le dire qui, pourtant,
triomphera. Peu à peu, le
i disparut de tous les mots où on ne s’était pas
mis à le prononcer. Tous ? Non ! Comme vestige, nous l’avons tout de
même gardé dans « oignon ».
* Au commencement était le verbe... Ensuite vint l’orthographe, n° 256, p. 60).
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Bernard Fripiat, ,
Diplôme : agrégé d’histoire (université de Liège).
Carrière : au milieu des années 1980 vient à Paris
pour faire du théâtre et anime, depuis 1994, des
stages d’orthographe en entreprise.
Créateur d’Orthosketches sur l’internet. Auteur et acteur
d’une comédie orthographique (depuis 2013).
Chroniqueur sur Europe 1 (depuis 2015).
Parmi ses oeuvres : Trucs et astuces pour réussir vos
examens et concours (1993), Se réconcilier avec
l’orthographe (1997), Comment réussir vos examens ?
(2007), On vous casse les pieds avec l’orthographe ?
Ripostez (2010), L’Orthographe : 99 trucs pour en rire
et la retenir (2013) Au commencement était le verbe...
Ensuite vint l’orthographe ! (2015).
Romans : Monstres
ordinaires (2002), Le Siècle des Pardase (2000), On
peut toujours dire : non ! (2015).
Théâtre : Winston
Churchill. La décision qui sauva le Monde (2003), Le
Juge et le Ministre et les Killers (2013).
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