Défense de la langue française   
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Éditorial N° 268


À Bernard de La Villardière
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Le 14 mars, notre président nous avait permis d’organiser la cérémonie de la remise du prix Richelieu dans l’un des salons de l’Institut de France. Il félicita le lauréat du prix Richelieu 2018, journaliste de télévision.

L’an dernier, nous avons élu Bruno Frappat et l’année d’avant Natacha Polony, aujourd’hui c’est Bernard de La Villardière.

Je voudrais tout d’abord, en le félicitant, rappeler les raisons pour lesquelles il a été retenu par le jury de DLF. Évidemment, c’est un journaliste, c’est déjà beaucoup. C’est un journaliste qui s’est illustré notamment sur les chaînes de télévision par divers types de reportages, avec beaucoup de courage et d’énergie. Je suis sûr que son président bien-aimé, Nicolas de Tavernost, sera d’accord avec moi. Également parce que, en ouvrant des magazines d’information et de réflexion comme « Zone interdite », « Ça me révolte », « Enquête exclusive », il a toujours appelé à réfléchir à ce qui nous entoure, et finalement, par cette réflexion, par ce côté enquêteur, il a éclairé en quelque sorte les raisons qui conduisent à tel ou tel comportement et, par là même, il a rappelé ce que doit être une vie droite, puisque, lorsque l’on mène une enquête, on enquête toujours sur des gens qui ont quelque chose à cacher.
Bernard de La Villardière était déjà cela. De surcroît, il s’exprime toujours avec beaucoup d’énergie et de clarté. C’est un homme qui marche, comme il l’a écrit dans un livre, qui, je crois, s’intitule : L’homme qui marche. Il a donné de la télévision et de son métier une image extrêmement positive, dans une langue toujours très précise et très courageuse.

Mais je voudrais dire, cher Bernard de La Villardière, que vous avez été choisi par ce jury, bien avant que vous illustriez, récemment encore, les valeurs que je viens de dire.
Récemment, vous ne vous êtes pas laissé impressionner par une femme qui vous demandait de défendre l’oxymore absolu qu’est la liberté d’être discriminée, comme s’il y avait un humanisme de l’excision, par exemple. Et je trouve que vous avez raison de ne pas vous laisser impressionner. J’ai été content de voir ce que j’ai vu. Il n’y a aucune raison pour que dans cette nation, qui est la nation des Lumières, de la clarté, de la raison, on puisse petit à petit accréditer l’idée qu’il y ait des valeurs qui se fondent précisément sur la discrimination, sexuelle ou de quelque nature qu’elle soit. Chacun a les convictions religieuses qu’il voudra, mais la République a le droit de se vivre à visage découvert. Alors, pour moi qui étais le rapporteur de la loi sur l’interdiction du port du voile à l’école, ainsi que le rapporteur de la loi sur l’interdiction de la burqa dans les espaces publics, j’ai évidemment été de votre côté et cela m’a fait très plaisir, parce que nous vous avions déjà désigné avant que vous ne fassiez ce coup d’éclat supplémentaire. Et je voudrais évidemment vous en féliciter.

Enfin, vous avez illustré aussi l’universalité de la langue française, en particulier parce que vous avez beaucoup voyagé. Et j’ai vu que vous aviez fait vos études au lycée franco-libanais de Beyrouth, qui est un exemple merveilleux de ce que peut faire la culture de la langue française dans ses rapports avec d’autres pays, en particulier avec les pays du Proche-Orient, et d’une manière générale de ce qui a été fait dans ces régions par les défenseurs de la langue, par les enseignants, par les jésuites, par les intellectuels, par la Mission laïque française, par les établissements français de toute nature, par l’université Saint-Joseph, qui illustrent toutes les valeurs qui sont celles de Défense de la langue française. Défendre la langue française, ce n’est pas seulement pinailler sur du lexique ou du vocabulaire, c’est illustrer qu’une langue porte des valeurs, qu’elle parle de quelque chose. Exprimer le droit en français, ce n’est pas la même chose que de l’exprimer en anglais. Le droit romain, ce n’est pas la même chose que la Common Law. On peut dire que les deux se valent, bien entendu, mais ce n’est pas la même chose. Raisonner avec une langue structurée, la langue française, ce n’est pas la même chose que parler dans une langue qui se construit avec des idéogrammes. Les deux sont respectables, mais ce n’est pas la même chose. Et donc, cette universalité qui est la vôtre, cet homme de voyages, d’échanges que vous êtes – on m’a fait la liste des pays où vous êtes allé – c’est impressionnant ! Syrie, Amazonie, Nord Kivu... vous êtes allé partout. Je pense à votre épouse !
En tous les cas, vous avez donné une visibilité à votre métier que vous exercez avec droiture, et à votre manière de livrer votre pensée que vous exprimez dans une langue parfaite.

Pour toutes ces raisons, cher Bernard de La Villardière, j’ai la fierté, au nom de Défense de la langue française, de vous remettre le prix Richelieu 2018, qui est essentiellement une médaille. Ne vous attendez pas à des salaires comme ceux que vous donne M. de Tavernost. C’est beaucoup plus modeste...
Xavier Darcos
de l’Académie française
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