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Éditorial N° 272
Prix Richelieu
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M. Paul de Sinéty et Mme Jacky Deromedi
écoutent notre président. |
Les lauréats du prix Richelieu 2019 :
Wendy Bouchard et Mathieu Vidard. |
Voici l’enregistrement du discours prononcé au palais du
Luxembourg, le 6 avril, par notre président, chancelier de l’Institut,
à l’occasion de la remise du prix Richelieu 2019.
D’abord, je voudrais remercier notre ami Jean Pruvost de sa
présentation très bienveillante et, comme il l’a fait, dire en premier
notre reconnaissance à Jacky Deromedi, qui part dans quelques heures
rejoindre Singapour, son lieu d’activité de sénateur des Français de
l’étranger. C’est grâce à elle que nous pouvons organiser chaque année
ce déjeuner dans ces lieux magnifiques. Je voudrais dire aussi, avant de
saluer les lauréats, à quel point je suis sensible à la présence de Paul de
Sinéty, délégué général à la langue française et aux langues de France.
Paul de Sinéty est un grand défenseur de la langue française et il exerce
avec un grand talent ces fonctions tout à fait éminentes.
Nous sommes ici pour la remise du prix Richelieu, destiné à des
journalistes ou des personnalités du monde des médias qui ont servi la langue française. Je suis particulièrement heureux que nous saluions
deux personnalités : Wendy Bouchard et Mathieu Vidard, à qui leur
carrière diverse et riche permet de se faire connaître du grand public,
de parler de très nombreux sujets et – à cette occasion – de défendre la
langue.
Wendy Bouchard, après avoir fait une licence d’histoire à la Sorbonne,
Sciences-Po à Paris et le Centre de formation des journalistes, vous êtes
devenue rapidement une voix reconnue, notamment sur Europe 1, où
vous avez travaillé avec Michel Drucker et Jean-Luc Petitrenaud, et vous
avez surtout animé « Le Débat des grandes voix » et autres débats
d’actualité politique, ainsi que la matinale du week-end et, aujourd’hui,
pendant deux heures tous les matins « Le Tour de la question », où vous
recevez des spécialistes susceptibles d’éclairer les sujets brûlants de la
semaine. Vous participez aussi à de nombreuses émissions sur France 2,
France 3 et la chaîne Public Sénat (je me souviens, en particulier, d’une
émission qui s’appelait « L’art à tout prix », avec Olivier Picasso, sur
France 2). Bref, une très grande diversité de centres d’intérêt, qui tous
au fond rejoignent l’art de vivre et la culture. Mais la séduction
particulière que vous avez exercée sur nous, c’est par l’
Almanach 2018
des amoureux des mots, que vous avez écrit avec Bernard Fripiat, lui aussi
grand amoureux des mots.
Voilà pourquoi Wendy Bouchard est la première des lauréats du prix
Richelieu 2019.
Mathieu Vidard, vous incarnez les chiffres et les lettres aujourd’hui !
Vous avez aussi une très bonne formation littéraire et il paraît que vous
avez découvert la culture scientifique grâce à Jules Verne. Depuis 2006,
vous animez, sur France Inter, « La Tête au carré », émission de
vulgarisation scientifique qui connaît un succès absolument considérable,
qui a fêté ses dix ans le 9 novembre 2016. Vous étiez entouré ce jour-là
par Hubert Reeves, Étienne Klein, Cédric Villani, médaille Fields,
membre de l’Académie des sciences, Axel Kahn, Yves Coppens, Michel
Brunet, bref, tout ce qu’il y a de plus prestigieux dans le monde de la
science, ce qui était une manière de reconnaître le rôle éminent que
vous jouez dans la transmission de la connaissance au grand public.
Vos publications,
Abécédaire scientifique pour les curieux, Le Carnet
scientifique et
Dernières nouvelles de la science – paru, il y a quelques
semaines, chez Grasset et Fasquelle –, obtiennent un grand succès de
librairie. Bien que très jeune, vous avez déjà reçu deux prix, l’un attribué
par la Société française de physique, l’autre par l’Académie des sciences,
qui récompensaient votre talent de vulgarisateur scientifique.
Nous avons été sensibles aussi au fait que vous invitiez certains de nos
membres, notamment Jean Pruvost, qui est une sorte de dictionnaire
vivant sur pattes.
Je dois vous dire que nous étions heureux de saluer ce duo : une
journaliste tournée vers les questions de littérature, de culture, vers les
beaux-arts, le cinéma, la gastronomie... et un littéraire converti en
divulgateur scientifique. La langue française se dit dans les mots de tous
les jours, dans le langage artistique, mais aussi dans le langage
scientifique. Je dirais même, pour terminer, que c’est un des combats
essentiels de la langue. Ce que nous défendons, c’est le rayonnement
de la langue et tout ce qui va avec. Défendre la langue française, c’est
défendre le droit romain contre la
Common Law, c’est défendre une
manière d’apprendre, de savoir, une manière de vivre, c’est défendre
des conceptions éthiques, politiques, morales, c’est une forme d’art,
c’est une littérature. Ce n’est donc pas seulement une langue pure qui
est défendue ici, mais c’est une civilisation.
Pour toutes ces raisons, je suis heureux de vous remettre, à l’une et à
l’autre, le prix Richelieu 2019.
Xavier Darcos
de l’Académie française