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Éditorial N° 287
Cause commune
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Le 23 juin 2022, Xavier Darcos, chancelier de l’Institut, a prononcé
ce discours d’accueil à l’intention de M. Simon Jolin-Barrette, ministre
de la Justice du Québec, qui venait d’être nommé ministre de la Langue
française.
Monsieur le Ministre,
Je suis heureux, au nom de tous mes confrères, de vous accueillir ici à
l’Institut de France, vous-même et ceux qui vous accompagnent.
Vous vous en doutez, la France a suivi avec intérêt l’adoption de la « Loi
sur la langue officielle et commune du Québec », votée fin mai 2022 par
votre Assemblée nationale. Nous devons à cette décision législative votre
présence parmi nous, puisqu’elle a créé, le 1
er juin, le nouveau ministère
de la Langue française, dont vous êtes le premier titulaire dans l’histoire
du Québec, cher M. Simon Jolin-Barrette. Ainsi, votre gouvernement
s’assure que la pérennité du français demeure une priorité d’action
permanente et invariable pour le Québec et pour tous les gouvernements
qui s’y succéderont.
Trois semaines plus tard, vous êtes déjà ici parmi nous. Cette rapidité
nous honore doublement. Et elle nous oblige. Certes la communication
que vous allez prononcer intéresse particulièrement l’Académie française,
gardienne du bon usage. Mais les cinq académies abritées à l’Institut de
France sont toutes soucieuses de l’avenir du français et de la francophonie,
dans un monde globalisé, soumis à une communication américanisée et
numérisée.
Vous allez nous donner un exemple de fidélité et d’ardeur. Nous
pourrons sans doute nous inspirer de votre volonté de promouvoir,
valoriser et protéger notre langue, ce patrimoine que nous avons en
commun. J’ai eu moi-même, naguère, l’honneur d’être ministre chargé de la francophonie, et de me rendre plusieurs fois au Québec et dans les
régions francophones du Canada. Je garde un souvenir vivace de mes
rencontres, chaleureuses et stimulantes. J’ai vu combien l’émulation et
la coopération sur ces sujets sont essentielles.
Nous faisons cause commune.
Merci donc de nous éclairer et, plus encore, de nous infuser un peu
de votre détermination. Un vieil alexandrin, que Corneille place à la
toute fin du
Cid, résume notre devoir partagé, fondé sur notre vieil
héritage et sur votre énergie qui lui redonne sens et vigueur :
«
Espère en ton courage, espère en ma promesse... »
Soyez le bienvenu parmi nous, c’est-à-dire chez vous.
Xavier Darcos
Chancelier de l’lnstitut de France