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Éditorial N° 294
Aux Plumiers d’or
Le 5 juin 2024, dans l’amphithéâtre du
musée de la Marine, les lauréats du
Plumier d’or, leurs parents et leurs
professeurs de français étaient accueillis
(voir DLF no 293, p. II) par notre
président, Xavier Darcos, chancelier de
l’Institut, en présence de M. Youssef Jabre,
premier secrétaire de l’ambassade du
Liban, de Mme Anne-France Moreau,
épouse du major général de la Marine, de
MM. Jean-Joseph Julaud et Alfred Gilder,
deux de nos plus généreux mécènes, ainsi
que de l’équipe des concours.
Nous sommes tous réunis ici grâce à l’association Défense de la langue
française pour la remise des prix du concours le Plumier d’or.
Je voudrais avant tout remercier :
– le musée de la Marine, qui nous reçoit si nombreux, et qui vous a
généreusement ouvert les portes de ses merveilleuses collections ce
matin ;
– la Marine nationale, qui nous apporte son fidèle soutien, et je salue
tout particulièrement Monsieur Dominique Le Brun, Écrivain de
Marine, qui est notre invité d’honneur ;
– l’équipage qui a courageusement préparé ce concours ;
– les professeurs et les chefs d’établissement qui ont accepté de soutenir
cette initiative.
Mais je voudrais surtout, évidemment, féliciter nos 60 lauréats qui ont
remporté le concours du Plumier d’or.
Cette année, vous étiez près de 22 000 à participer à l’expédition, dans
presque 900 classes de 4e. Chers lauréats, vous êtes les glorieux explorateurs arrivant au port ! Mais je salue tous les marins qui ont
participé au voyage ; les plus méritants reçoivent aussi aujourd’hui des
diplômes de félicitations.
Vous venez d’horizons divers : de la région parisienne certes, mais
aussi de Marseille, Tours, Clermont-Ferrand, Bayonne, Quimperlé,
Toulouse, Rouen, Aix-en-Provence, Libourne, Montauban, et plus loin
encore, du Liban, de Grande-Bretagne, de Belgique, du Luxembourg,
du Maroc, de Suisse et même de Madagascar !
Même lorsque l’on sait repérer, sous la surface, les courants qui font
frissonner l’océan, il faut une certaine inconscience pour se jeter à l’eau.
Il en va de même avec les subtilités de la langue française.
Dans votre redoutable navigation, vous avez évité le naufrage. Sans
boire la tasse, vous avez su baliser un texte avec la bonne ponctuation,
louvoyer entre les homonymes, éviter les écueils de la grammaire et de
la conjugaison et harponner les faux sens. Félicitations à tous !
Depuis sa création, en 1958, Défense de la langue française affronte
les tempêtes d’anglicismes, qui dévastent quotidiennement nos médias,
et défend de toutes ses forces la francophonie, l’usage du français partout
dans le monde.
Elle place sa proue dans le sillage de la grande nef de l’Académie
française, puissante alliée.
Et puisque notre journée est placée sous des auspices maritimes, je
voudrais évoquer le commandant Jacques-Yves Cousteau. Il dévoua sa
vie à l’exploration des océans, à bord de son navire
La Calypso, et à
l’étude des fonds sous-marins.
En avance sur son temps, et grâce à sa notoriété, il gagna l’opinion
publique à la cause de l’écologie. Il mena un long combat contre le
saccage de l’océan.
Élu à l’Académie française en 1989, il se consacra à lutter contre un
autre saccage, celui des mots, habités par la même beauté fragile que
les merveilleuses créatures qu’il contemplait sous l’eau.
Les vagues de paroles qui déferlent sur nos réseaux et nos écrans nous
noient sous des vocables faussement savants ou imbéciles, et submergent une langue façonnée par des millions de locuteurs depuis des siècles.
Les mots vides, les approximations, les phrases hachées ressemblent aux
déchets plastiques et aux marées noires. Les uns abrutissent la vie de
l’esprit comme les autres étouffent la vie océanique.
Notre association veut protéger le génie de notre langue de ces
blessures. Et elle sait que sa plus grande force, c’est vous, la jeune
génération. Continuez à étudier la langue française !
Hissez haut les voiles, sillonnez la langue de Molière et de Senghor,
plongez en scaphandriers à la recherche de ses trésors enfouis, laissezvous
éblouir par ses beautés et n’en finissez pas de l’apprendre et de
l’aimer : elle est notre plus bel héritage.
Bon vent à tous !
Xavier Darcos
Chancelier de l’lnstitut de France