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À bord du Siroco
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Du 9 au 14 juin 2013 : dix collégiens embarqués !
Angèle, Clémence, Eugénie, Inès et Sofia ; Adrien, Baptiste, Hadrien, Jean-
Romain et Tanguy, lauréats du Plumier d’or 2013, se sont retrouvés le 9 juin
en gare de Lyon, autour de Kahina Medjabra, aspirant, Geneviève Neubig, de
DLF Paris, et moi-même, alors vice-président de DLF Touraine, pour partager
cinq jours et cinq nuits avec l’équipage du troisième vaisseau de guerre de
France, le
Siroco, au départ de Toulon. Sa mission : nous offrir une série
d’exercices de guerre en zone internationale. Bénéficiant de l’encadrement
de tout un personnel disponible et fier de transmettre ses savoirs, nous avons
vibré au son du clairon et tremblé lors des exercices. Tout cela au milieu des
eaux paisibles et lumineuses de la Méditerranée.
Dépassant l’île du Levant, un scooter-suicide fonce droit sur la coque du
Siroco. La cible est atteinte sitôt donné l’ordre de tirer. Un officier explique :
«
On doit écouter le chef en silence. Par respect et par devoir de comprendre les
consignes et l’ordre. » Le Siroco est un espace clos où cohabitent en
permanence 220 personnes.
Émotion quand, sur la plate-forme, nous entourons le « pacha », c’est-à-dire le
commandant Le Guillec. Il parle, le regard pétillant posé sur ces collégiens,
jeunes défenseurs de la langue française exportée sur maints océans par
Bougainville, Loti et tant d’autres : «
Le Siroco,
vaisseau amphibie, fait partie
des douze torpilleurs de type “Bourrasque”. Siroco
vient de sirocco,
vent saharien.
Il a participé aux guerres du Kosovo, d’Afghanistan et de Libye. Il a aussi la
vocation d’assurer des missions humanitaires. La dernière a été l’opération Séisme
Haïti. Nous sommes équipés de blocs chirurgicaux... »
Ayant décollé d’Héliopolis, un hélicoptère doit déposer un homme sur la
plate-forme Alpha. Nous ne perdons rien de ce qui est pour nous un spectacle
de funambule. L’appontage est assuré par les chiens jaunes du
Siroco.
L’hélicoptère est parfaitement immobilisé au-dessus du cercle de sécurité
Alpha. Jambes arquées, l’homme se pose sous le souffle de l’engin. En
quelques secondes, le voilà debout au centre du cercle. Le clairon sonne la fin
de l’opération.
«
Frégate à bâbord à 180 ! » Les tirailleurs ont revêtu leurs cagoules, lunettes et
masque à gaz. Barre à droite, toute ! Quelle est cette frégate qui refuse de
s’identifier ? Feu ! Et chante à nouveau le clairon du poste de combat.
Après avoir grimpé l’échappée (escalier-échelle en fer) et parcouru une
coursive (couloir) accompagnée d’un matelot bienveillant, Angèle nous
rejoint pour assister à un ravitaillement.
Siroco et ravitailleur doivent être
immobilisés et s’ajuster suivant une ligne de 15 mètres, matérialisée par un fil
tendu entre eux. 400 000 litres de fuel vont transiter, grâce à une pompe
aérienne. Pendant ce temps, un système de poulies permet aux cargaisons
d’eau, farine et divers produits, de se poser en douceur sur la plateforme. Ces
marchandises sont destinées aux douze cuisiniers et deux boulangers du
Siroco.
De l’arraisonnement d’un voilier blanc à un début d’incendie qui pourrait
être fatal, et au lancement d’un missile sur un bombardier parti de la côte
africaine, tout peut arriver. Le branle-bas de combat n’effraie pas les
dauphins. Il n’est pas rare de les voir entourer le nez du
Siroco, sauter à plus
d’un mètre au-dessus des vagues, effectuer un numéro de danse.
14 juin. 4 heures : arrivée dans la rade de Marseille. Notre-Dame-de-la-Garde
flamboie. Lentement, le
Siroco accoste. Nous assistons au salut de la terre par
un détachement du vaisseau. La fatigue n'existe plus. Seul demeure le
sentiment d'avoir vécu quelque chose d'inouï. Il faut demeurer brave : les
larmes d'émotion doivent être discrètes.
Christian Massé
président de la délégation de Touraine