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À bord de la Somme
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Le dimanche 25 juin, à 15 heures, en gare Saint-Lazare, à Paris, les six lauréats et
les deux accompagnateurs se retrouvent. Deux heures plus tard, au Havre, trois lauréats
les rejoignent. La Somme avait dépêché un accueil et deux minibus. Quelques minutes
plus tard, lauréats et accompagnateurs découvrent le bâtiment de commandement et
de ravitaillement (BCR) Somme, amarré au quai Roger-Meunier. La marée très basse,
dissimule la taille imposante du bâtiment
(158 mètres de long et 18 500 tonnes à
pleine charge). Des attentions certaines
démontrent que les lauréats sont attendus
avec bienveillance : accueil par le commandant,
le capitaine de frégate Cazenave,
prénoms affichés sur les portes des
chambres et première visite du bord sous
la direction du commandant en second, le
capitaine de corvette Reignier.
Le lendemain, l’appareillage commence
à 8 h 30. Les remorqueurs
Barfleur et
Le
Havre prêtent main-forte à la
Somme, qui quitte lentement le quai. Sous un ciel clément
se dressent le clocher de l’église Saint-Joseph construite par Auguste Perret et une
immense composition de deux arches de conteneurs de transport maritime, peints de
couleurs vives, une couleur par « boîte ». Cette oeuvre se dénomme
Catène de
containers.
Le poste de combat de vérification qui suit l’appareillage permet de constater que
l’équipage se présente au complet. La visite du bord qui suit se fait plus détaillée et
approfondie : pont pétrolier (PONPET), poste de commandement de la cargaison (PC
CARG), poste central de contrôle Machine Électricité Sécurité (PC MES), cuisine et,
tout à l’avant, la soute des manoeuvriers (les boscos) avec sa légère odeur du goudron
destiné à la bonne conservation des cordages.
Le programme de la
Somme s'avère très chargé : à 13 h 30, un exercice «homme à
la mer » mobilise l'attention. Le mannequin orange « Oscar », projeté dans les eaux de
la Manche, est rapidement tiré d'affaire grâce à l'équipage d’une embarcation pneumatique.
Des manoeuvres « aviation » prennent la suite. Un hélicoptère de neuf tonnes à vide (le
NH 90) permet des hélitreuillages d’exercice : celui d’un plongeur, puis d’une civière et
ensuite celui d’une civière et d’un plongeur. Chaque adolescent peut passer quelques
minutes dans l’étroite cabine « aviation ». Le commissaire du bâtiment, le commissaire
des armées Artru, remplit la fonction d’officier « de quart aviation ». S’enchaînent la
présentation et l’utilisation du matériel incendie, toujours suivies avec une grande curiosité.
Trois marins-pompiers de la flotte expliquent les secrets de l’appareil respiratoire et de
la tenue de feu. Bien vite, cinq combinaisons bleu marine en coton portant dans le dos
une inscription en gros caractères (MARINE NATIONALE) sont enfilées et les délices de la mise en action de la lance incendie s’offrent aux dix volontaires. En fin d’après-midi,
la visite des machines s’effectue en trois groupes. Les deux énormes moteurs diesel,
«Mario » à bâbord et « Luigi » à tribord, ronflent de leurs seize cylindres et les deux lignes
d’arbre tournent avec un bourdonnement grave, le tout dans une chaleur étouffante.
Les casques anti-bruit masquent une partie du puissant fond sonore. Nous passons les
îles Anglo-Normandes à 18 h 30. Dans la soirée, les plus aventureux se glissent à la
passerelle et s’initient à la navigation, voire à la barre. Le personnel de quart ne ménage
ni ses explications ni sa gentillesse.
Mardi 27 juin est une journée remplie d’activités plus nombreuses. À 8 heures, la
frégate
La Motte-Picquet, qui sort d’une période d’entretien et doit donc suivre une
remise en condition opérationnelle, se présente afin de réaliser des manoeuvres difficiles
qui occuperont la journée entière et ce jusqu’à minuit. Un premier ravitaillement à la mer
se traduit par le transfert en huit minutes, de la
Somme au
La Motte-Picquet, de
vingt tonnes de gazole. Les deux bâtiments naviguent en parallèle, séparés de
quarante mètres seulement. À bord du
La Motte-Picquet, des représentants de l’amiral
commandant la force d’action navale (ALFAN) notent les points forts et les points faibles
de cette opération complexe et non dénuée de dangers. L’après-midi, les mêmes protagonistes
s’essaient avec succès, toujours dans le cadre d’une navigation parallèle et
rapprochée, au transfert de charges lourdes. Cinq palettes quittent la
Somme à destination
du
La Motte-Picquet et quatre en reviennent. Durant l’exercice, des timoniers sur chaque
bâtiment s’exercent à la transmission des ordres au moyen de pavillons mi- jaune mirouge.
Un peu de vent et un léger grain pimentent cet exercice réservé aux professionnels
aguerris. À 22 h 30, à la nuit tombante, un troisième ravitaillement à la mer se déroule.
Les gris du ciel et des coques s’avèrent splendides. Ce camaïeu époustouflant ne dure
pas. La nuit noire ne constitue cependant pas un obstacle et le ravitaillement se poursuit
en l’absence des lauréats, que les accompagnateurs reconduisent à leur chambre. La
journée du lendemain sera riche et il importe de se lever tôt.
À 7 heures, le mercredi 28 juin, le chasseur de mines
Céphée, à son tour, bénéficie
d’un ravitaillement en mer. L’opération n’est pas courante du fait de la taille du bâtiment
ravitaillé. Long de 52 mètres, il est beaucoup plus petit que la frégate
La Motte-Picquet
avec ses 139 mètres. Il ne dispose que de matériels de ravitaillement à la mer limités.
Le chasseur de mines
Céphée nous quitte une fois la manoeuvre, toujours délicate,
achevée. Pas de temps mort, le médecin des armées Vermeulen expose son quotidien
et fait visiter les installations hospitalières du bâtiment. En fin de matinée, le commandant
nous fait l’honneur d’un court entretien et remet casquettes et écussons brodés
« Somme » aux membres du « détachement » de Défense de la langue française. La
fin de notre embarquement se précise. La navigation en eaux resserrées (NAVRES)
dans le goulet de Brest nous porte de la grande rade à la petite rade. Bientôt, les
remorqueurs
Armen, Mengam, Le Four et
Nividic entourent le BCR
Somme et le plaquent
contre le quai de l’épi « porte-avions ». Le court embarquement s’achève et l’absence
du mal de mer pendant ces trois jours est remarquée de tous. En ce début d’aprèsmidi,
il est temps de quitter le bord après de chaleureuses salutations, de prendre le
car obligeamment dépêché par la préfecture maritime et de rejoindre la gare de Brest.
Franck Sudon (à partir du récit des lauréats du Plumier d’or 2017)