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Embarquement du Plumier d’or 2019
Brest du 20 au 23 octobre 2019

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Les lauréats du Plumier d’or 2019 étaient conviés, lors des vacances d’automne, à embarquer sur le navire–école La Grande Hermine, yawl de dix-huit mètres construit en 1932. Un temps magnifique, ensoleillé et sans vent, gommait les appréhensions des organisateurs.


Le voilier-école malgré son âge respectable se présente dans un état remarquable. L’entretien régulier de La Grande Hermine permet à cette octogénaire de remplir ses missions de formation au côté du dundee Mutin, des goélettes Etoile et Belle Poule, les trois autres voiliers de la Marine nationale.

Les lauréats divisés en deux groupes embarquèrent une journée, respectivement le lundi 21 et le mardi 22. La rade de Brest, avec ses 184 km2, offre de multiples possibilités aux passionnés de la voile et des paysages variés aux admirateurs de la nature. Les deux sorties en mer, furent instructives et différentes l’une de l’autre. Des moments remarquables ont émaillé ces sorties : ainsi le premier jour un marsouin solitaire s’est plu à accompagner La Grande Hermine. Avec une réserve : le voilier devait au moins dépasser quatre nœuds pour permettre au dauphin de rivaliser de vitesse. Le second jour, l’absence de vent, a permis, au mouillage, l’utilisation d’un brasero installé sur des montants débordant de la coque ; les voiles étant affalées et soigneusement pliées.



A bord les lauréats furent initiés avec beaucoup de gentillesse par l’équipage au vocabulaire maritime très riche (gui, corne, trinquette, poupée et autre écoute) et à la manœuvre.

La Grande Hermine a permis d’apprécier à partir de la mer l’importance des installations du port de commerce, du récent port de plaisance et du port militaire avec ses différents navires : de combat, de soutien, écoles, scientifiques et de servitude. Les puissants navires affrétés par la Marine nationale, pour faire face aux exigences de l’action de l’Etat en mer ont suscité de nombreuses questions. L’énorme remorqueur Abeille Bourbon, dans le port de commerce, et les récentes et imposantes frégates multi-missions Aquitaine et Bretagne dans le port militaire ont surpris soit du fait de leur taille, soit à cause de leur aspect futuriste. Le bâtiment d’essais et de mesure Monge et ses antennes géantes a remporté beaucoup de succès. La menaçante base sous-marine, construite par les Allemands, indestructible, témoigne de l’acharnement des combats maritimes et aériens de la Seconde Guerre mondiale et continue d’impressionner.

Lorsqu’un groupe embarquait sur La Grande Hermine, que faisait donc l’autre groupe ? Il ne restait pas inoccupé : visite de la base navale, côté terre, passage dans le simulateur de navigation d’ALFAN Brest (amiral commandant la force d’action navale à Brest), découverte du centre de formation à la lutte contre l’incendie. A l’entrée du goulet de Brest, face à la pointe des Espagnols, la vigie du Portzic (« Brest Approches » dans le langage des marins), comme son nom l’indique, surveille inlassablement, de jour comme de nuit, les mouvements des navires de tout tonnage. L’amabilité et la passion de nos interlocuteurs de la Marine a, à chaque fois, été remarquée.

Les deux groupes se retrouvaient le soir et eurent ensemble plusieurs activités communes.

La visite du Musée national de la Marine, installé dans le château, dont les fondations sont romaines, a constitué un grand moment. L’exposition temporaire consacrée au « Trophée Jules verne, l’extraordinaire record » détaille le pari d’une circumnavigation à la voile, en moins de 80 jours, d’est en ouest, sans escale et sans assistance. Les visiteurs peuvent découvrir, dans des locaux exceptionnels, des collections uniques (notamment de sculptures destinées à orner les vaisseaux du roi).

La bibliothèque et les archives détenues par le Service historique de la Défense possèdent des trésors insoupçonnés. Publié en 1543, année de la mort de son auteur, le très précieux ouvrage de Copernic Des révolutions des orbes célestes est conservé dans une chambre forte avec le fonds précieux. Les registres du bagne, avec leurs soixante mille bagnards voisinent avec les Lettres de la cour soigneusement reliées par année. De Versailles, de multiples instructions et ordres étaient adressés par le souverain, dans la langue du temps, à l’intendant et au commandant de la Marine. Ainsi avant le départ de l’Autruche et du Portefaix, Louis XVI prit soin de les renommer Astrolabe et Boussole, afin de souligner le caractère scientifique de l’expédition de La Pérouse en 1785.

Enfin, malgré un programme chargé, une petite déambulation à pied dans Brest a pu être organisée à l’impromptu. Le téléphérique qui permet de traverser le cours d’eau Penfeld, qui coupe la ville de Brest en deux, a procuré durant quelques instants des sensations fortes, notamment au moment du croisement, dans les airs, des deux cabines.

Lors de la courte visite de la ville de Brest, près du château, se dresse le monument élevé à la gloire de Jean Cras, officier de marine et compositeur (1879 – 1932). Il est l’inventeur de la règle qui porte son nom : la règle Cras qui est une règle à double rapporteur utilisée depuis 1917 pour tracer des routes et des relèvements sur une carte de navigation et y porter des points.


Mercredi 23, il fallut quitter le casernement Challier après les formalités requises et restituer les précieux documents d’accès. C’en était fini de notre parcours initiatique ; il fallait retrouver une vie plus prosaïque et les difficultés ferroviaires pour retourner chez soi.
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