24170. -6 avril 2000. -Une fois de plus, il est proposé d'interdire I'usage de la langue française en France Cette fois, c'est à l'aéroport Charles-de-Gaulle (quel symbole !) qu'il est question d'imposer l'anglais comme unique langue de communication entre les pilotes et les aiguilleurs du ciel. Le responsable sécurité d'Air France aurait déclaré qu'« il est temps de mettre Roissy au même niveau que les autres grandes plates-Formes aériennes internationales, où toutes les communications de contrôle se font en anglais ». Comment alors expliquer que les Québécois, qui vivent, eux. Au milieu d'un océan anglophone, maintiennent l'usage du Français dans le secteur aéronautique ? Seraient-ils moins soucieux de la sécurité aérienne ? Après avoir trouvé normal que le français ne soit plus systématiquement la langue en version originale des films français, comme semble l'admettre le ministère de la culture, après avoir laissé Renault, où l'État est encore l'actionnaire majoritaire rédiger des comptes-rendus de direction en anglais, après s'être résigné à admettre, comme le pense un ancien ministre de l'éducation nationale, que l'anglais est la langue des sciences, après avoir admis que nos troupes utilisent l'anglais comme langue opérationnelle au sein même de groupements multinationaux de pays non anglophone, aurons-nous encore la capacité de présenter le français comme une langue internationale ?
M. Jacques Legendre demande à
M. le Premier ministre quelles mesures il compte prescrire à son nouveau gouvernement pour mettre un terme à ce qui semble de plus en plus être l'abdication de notre langue.
Question transmise à Mme le ministre de la culture et de la communication.
Réponse - Le français est la « langue de la République », en vertu de l'artlcle 2 de la Constitution et, comme le prévoit l'article 1
er de la loi du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française, « la langue de l'enseignement, du travail, des échanges et des services publics ». Le Gouvernement est particulièrement attaché au respect de ces dispositions, Cette volonté politique visant à promouvoir et diffuser 1a langue française, tant en France que hors de France, a été clairement réaffirmée par le Premier ministre à l'occasion de l'installation du Conseil supérieur de la langue française le 16 novembre 1999. Plusieurs textes récents sont allés dans ce sens, notamment une circulaire du Premier ministre du 7 octobre 1999 relative aux sites internet des services des établissements publics de l'État rappelant l'obligation d'employer le français pour la rédaction de leur contenu. La préparation de la présidence du Conseil de l'Union au second semestre de l'an 2000 est également l'occasion pour la France d'accroître l'effort accompli pour renforcer la place de notre langue au sein des institutions comnunautaire. La décision d'Air France, dont Fait état l'honorab1e parlementaire d'imposer l'utilisation de la langue anglaise dans les communications par radiotéléphonie entre les équipages et l'organisme de la circulation aérienne de l'aérodrome de Paris Charles-de-Gaulle a suscité beaucoup d'émotion de la part des autorités françaises mais aussi québécoises, d'un grand nombre de salariés d'Air France ainsi que de nombreux citoyens et usagers attachés au maintien de la place de notre langue et au respect de la diversité linguistique. La presse s'en est également fait l'écho. Cette mobilisation de grande ampleur, ainsi que l'intervention de la ministre de la culture et de la communication Ont débouché le 6 avril dernier sur la suspension par Air France de la décision en cause. En effet, la question de l'établissement d'une langue de communication unique pour la navigation aérienne Fait l'objet d'appréciations diverses et rien ne permet d'établir Formellement qu'une telle option aurait renforcé la sécurité des transports aériens. Par ailleurs la décision d'Air France, incertaine sur le plan juridique aurait pu être considérée comme contraire à un certain nombre de textes internationaux et nationaux. Le Gouvernement demeurera attentif à l'évolution de ce dossier dans la mesure où la décision d'Air France est simplement suspendue et non retirée définitivement.
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