19868. - 05 octobre 1998. - M. Jacques Myard appelle l'attention de M. le ministre délégué à la coopération et à la francophonie sur la conférence qu'à prononcée M. le Premier ministre lors de son déplacement à Shanghai devant une délégation de chefs d'entreprise chinois au cours de laquelle il s'est exprimé en anglais. Il est regrettable que l'une des plus hautes autorités du pays, le chef du Gouvernement, ait conduit ses entretiens dans la langue anglo-américaine. On ne peut à la fois renoncer à notre langue et vouloir en même temps défendre et servir valablement les intérêts de la France et plus largement de la francophonie. Au moment où plusieurs coups de boutoir s'exercent sur la France pour qu'elle rentre dans le rang, il conviendrait bien plutôt d'appuyer en toutes circonstances et notamment à l'étranger les efforts de promotion du français. Il souhaiterait l'interroger sur l'attachement qu'il porte à la politique linguistique en faveur de notre langue. Il lui demande de quelle crédibilité jouit cette politique dès lors que les plus hauts responsables du pays utilisent l'anglais lors de leurs déplacements à l'étranger.
Réponse. - Le programme de déplacement du Premier ministre à Shangai comprenait notamment l'inauguration du lycée francophone chinois de cette ville. La France a fait de ce projet une de ses priorités dans le domaine de la coopération linguistique avec la Chine. Elle y consacre des moyens importants. C'est à l'occasion de cette visite que le Premier ministre a fait, en français, un parallèle entre la Chine et la France, pays de grandes et très anciennes cultures, pays dont les langues sont enseignées et parlées dans le monde entier, même si, a-t-il dit, les locuteurs de chinois sont forcément plus nombreux que les francophones. Il a rappelé le prix qu'il attache à la diversité linguistique et culturelle et engagé ses partenaires à s'associer à ce combat. La coopération linguistique et éducative entre la Chine et la France ne cesse d'ailleurs de croître depuis quelques années. La meilleure visibilité de l'Organisation internationale de la francophonie, la tenue du dernier sommet pour notre langue, qu'ils utilisent, notamment en Afrique francophone, où ils mènent une coopération très active. Le Premier ministre a utilisé l'anglais, dans les circonstances particulières d'une brève réunion avec les entrepreneurs chinois, afin de ne pas détourner l'attention de ses propos. L'idée étant de se présenter comme un partenaire à part entière de la Chine, sur le plan économique, et non d'utiliser « l'idiome de la puissance dominante ». Défendre la francophonie ne consiste pas à faire la guerre à la langue anglaise mais à lutter pour la diversité linguistique et culturelle du monde.