Défense de la langue française
• Siège administratif : 222, avenue de Versailles 75016 Paris • 01 42 65 08 87 • dlf.paris@club-internet.fr •
N° 206 (4e trimestre 2002)
Il faut jouer la carte du terroir, répètent les promoteurs du cognac. Hennessy a bien compris la leçon en créant son site (www.hennessy.com) uniquement en… anglais ! Le service communication interrogé à ce sujet a indiqué, pour justifier ce choix, que la clientèle est surtout étrangère. Nous avons compris : la clientèle française et francophone n’intéresse pas Hennessy. Nous pouvons en tirer les conclusions quant à nos achats futurs.
La prestigieuse École normale supérieure de la rue d'Ulm a organisé du 3 au 6 décembre un symposium dans le cadre d'une « winter school » (suivant son appellation), qu’elle avait intitulé « Modeling the evolution of quantitative traits ». L’unique langue qui devait être utilisée pendant cette manifestation était l’anglais. L’intervention de Droit de Comprendre, appuyée par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, a permis d’obtenir du directeur de l’ENS, M. Gabriel Ruget, que la langue française ait un minimum de droit de cité dans la présentation de ce symposium et pendant son déroulement. Il n’en reste pas moins désespérant de constater l’incivisme et l’indiscipline républicaine qui règnent dans les établissements censés former les élites françaises de demain.
La Lettre de l’Expansion du 26 août 2002, vantant les mérites des hommes politiques qui pratiquent le « fluent English », citait en exemple « Dominique de Villepin [qui] a récemment fait sensation à Washington en s’exprimant dans un anglais impeccable ». Nous ne nous réjouissons pas de cette performance. Quand un représentant de la France est à l’étranger, il est de son devoir de s’exprimer exclusivement en français dans les interventions officielles. Beaucoup d’hommes politiques français ont observé cette règle sans atténuer la force de leur message et sans compromettre le rôle de la France, au contraire. Pour faire admirer son fluent English, il reste les conversations amicales, en privé.
La société gérante des autoroutes de la région Rhône-Alpes, AREA, a lancé une campagne de publicité, auprès des jeunes, en faveur de la sécurité. Elle a inséré une bande dessinée, dans son bulletin, comportant quatre figurines accompagnées de messages simples à propos de la vitesse, la drogue, l’alcool et le téléphone. L'initiative est louable mais pourquoi fallait-il que les mentions fussent en anglais ? On lit ainsi : « no speed, good drive – no drug, good drive – no beer, good drive – no phone, good drive. » Certes, ces mentions sont traduites, mais en petits caractères, en bas du prospectus. La société AREA pense-t-elle que les jeunes Français ne savent plus réagir qu’aux messages en anglais ?
Marceau DÉCHAMPS
Retour sommaire
• Siège administratif : 222, avenue de Versailles 75016 Paris •