N° 214 (4e trimestre 2004)
Pour aider le ministre de l’Éducation nationale à rédiger la loi d’orientation en primaire, une commission, présidée par M. Claude Thélot, a remis un rapport au ministre François Fillon le 12 octobre 2004. Parmi les mesures proposées, figure l’apprentissage obligatoire de la langue anglaise dès les petites classes. Sans nier l’intérêt de la maîtrise de cette langue, on peut considérer que cette mesure, si elle était adoptée, tuerait dans l’œuf l’acquisition d’autres langues nécessaires au développement de notre pays dans l’avenir.
Cet apprentissage obligatoire de l’anglais ou de l’américain nous met sur la voie du bilinguisme national. C’est pour s’opposer à ce bilinguisme larvé que les législateurs de 1994 avaient introduit des obligations de double traduction dans la « loi Toubon ».
M. Thélot préconisait même, lors d’un entretien radiophonique, de faire diffuser par les chaînes nationales des programmes de télévision en anglais, seulement sous-titrés. Lors de la conférence de presse organisée pour la remise du rapport, les participants reçurent, en plus d’une plaquette en français, une autre entièrement enianglais intitulée « Ensuring that all pupils achieve their full potential ». Est-ce pour préparer les Français au bilinguisme ?
Ce comportement et ces préconisations sont en totale contradiction avec les déclarations qu’avait faites le président de la République lors d’un voyage en Chine, au mois d’octobre 2004, et qui dénonçaient la colonisation par la langue américaine et la monoculture.
- Claude Duneton, dans un article du Figaro littéraire du 7 octobre 2004, intitulé «iVersailles offensé », s’indigne à juste titre de l’envoi d’une invitation de la part de M.iDonnedieu de Vabres, notre ministre de la Culture, à l’occasion d’une manifestation culturelle baptisée « Versailles off » !
- Le rapport de M. Hervé Bourges, sur la place du français lors du déroulement des Jeux olympiques d’Athènes, n’a été connu qu’à la fin des vacances et nous n’avons pu le commenter avant. Encore une fois, la francophonie a été maltraitée, et cela est d’autant plus inacceptable que la France n’avait ménagé ni ses efforts ni son argent. Forte des engagements pris par Mme Gianna Angelopoulos-Daskalaki, présidente du comité organisateur, la France pouvait s’attendre à un traitement honorable de la langue française. Las ! Ce ne fut pas le cas autour des stades et Mme Angelopoulos-Daskalaki fit même son discours inaugural en anglais, citant seulement une phrase de Pierre de Coubertin en français, en négligeant sa propre langue grecque. Timeo Danaos et dona ferentes !* )
*Je crains les Grecs, même quand ils font des présents !
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