N° 218 (4e trimestre 2005)
- Dans Le Figaro du 11 novembre, M. Maurice Druon, secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie française, nous apprend qu’il a été informé par l’amiral Michel Debray d’une nouvelle trahison linguistique.
Le siège d’un état-major international, sous commandement français, a récemment été inauguré à Lille. Cet organisme compte 420 personnes, dont 70 étrangers, parmi lesquels 21 anglophones seulement. La langue de « travail » doit être l’anglais !
Nous partageons l’indignation de l’amiral Debray et de Maurice Druon qui espère qu’un (ou plusieurs) député interrogera Mme Alliot-Marie dans l’enceinte de l’Assemblée. En attendant, nous avons écrit à notre ministre de la Défense.
- Le Canard enchaîné du 26 octobre nous donne aussi une triste information sur le comportement linguistique des ministres de notre République.
Lors d’une séance de la commission des Affaires étrangères, le député Jacques Myard a demandé à Mme Catherine Colonna, ministre délégué aux Affaires européennes, que les services de l’État reçoivent toujours les textes européens en français et non en anglais. Mme Colonna a répondu : « J’aimerais aller dans votre sens, monsieur le Député, mais pour des raisons d’efficacité, ce n’est pas possible. »
Ce sont ces raisons d’efficacité qui justifient l’emploi exclusif de l’anglais dans les entreprises, dans nos laboratoires, au sein de notre armée, lors de nos interventions internationales, dans nos services publics, lors des colloques et autres conférences. Au nom de l’efficacité, il faudra peut-être un jour retirer de la Constitution l’article 2 qui dispose que « la langue de la République est le français » !
- Efficacité aussi sans doute pour l’ANPE, organisme d’État, qui publie un dépliant à l’intention des demandeurs d’emploi étrangers : il détaille, en arabe, les services que rendent les Assédic et l’Agence nationale pour l’emploi. Sur ces dépliants, les mentions en arabe ne sont pas traduites en français. Est-ce en favorisant l’emploi d’une langue communautaire que l’on réussira l’intégration républicaine ? Ceux qui prétendent bénéficier des avantages dispensés par la France ne doivent-ils pas faire l’effort d’apprendre notre langue ? Rappelons que cette présentation est illégale et nous en avons saisi la Délégation générale à la langue française.
- Le Conseil général de l’Aisne a d’abord diffusé à tous les habitants un cédérom d’apprentissage de l’anglais et a ensuite financé une campagne de publicité, par affichage dans le métro parisien et encarts publicitaires dans la presse, sur le thème « Aisne it’s open ». Les slogans, minables jeux de mots franco-anglais (Peace Aisne Love, Rock Aisne Roll...) sont censés faire connaître ce département. N’eût-il pas été plus intelligent de rappeler que l’Aisne a vu naître Alexandre Dumas, Camille Claudel et que le château de Villers-Cotterêts, construit par François Ier, a vu la signature d’une ordonnance importante pour notre langue nationale ?
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