Défense de la langue française   
• Siège administratif : 222, avenue de Versailles 75016 Paris • 01 42 65 08 87 • dlf.paris@club-internet.fr •
AU PILORI !
N° 220 (2e trimestre 2006)

  • Suivant le chemin tracé par leur P.-D.G., Didier Lombard (voir « Au pilori », DLF, n° 217), les responsables commerciaux de France Télécom s’abandonnent à l’anglomanie dès qu’il faut baptiser un nouveau service. Dans cette société, qui a le culot de garder le nom de la France dans son enseigne, il est possible désormais de choisir des tonalités variées pour les téléphones fixes. Elles ont été baptisées « Fun tones ». Mais il faut bien se résoudre à utiliser un peu de notre langue nationale. Alors, les publicitaires en profitent pour maltraiter cette langue honnie et posent la question dans leur prospectus : « Fun Tones, c’est quoi ? » Il fut un temps où, pour entrer aux PTT, il fallait avoir son certificat d’études primaires, qui attestait d’une compétence minimum en français. Ce temps n’est plus...

  • La page « Sport » du Figaro du 24 avril nous apprend qu’une nouvelle activité ludique fait fureur sur nos rivages français. Il s’agit d’un sport de glisse nautique associant un cerf-volant à une planche. Les inventeurs sont bretons et ils l’ont baptisé... « kite-surf » ! Ils avaient déjà déposé un brevet pour une invention intermédiaire qu’ils avaient appelée « fly-surf ». La planche, qui a été conçue et fabriquée en France, est une « F-One ».
    Le journaliste, Gérard Nigaud, qui semble pourtant naviguer à l’aise dans toute cette terminologie anglaise – car il évoque encore le « free style », le « bird-sail », les « jawsi»... – conclut : « Décidément, les Français ont des idées, mais pas les mots pour les conserver... » Il a raison. Vue de l’étranger, cette invention, toute modeste qu’elle est, ne sera pas portée, comme tant d’autres, au crédit de la France.

  • Dans la série « Plus que tu parles mal, plus que t’es compris des clients », Monoprix apporte sa contribution zélée. Dans son magazine, Monop (n° 11), la célèbre chaîne de distribution interpelle ses clients en leur posant cette question : « Monoprix – on fait quoi pour vous aujourd’hui ? » Il eût sans doute été trop ringard de dire : Que fait-on pour vous aujourd’hui ?

  • Un message électronique émis par un chercheur de l’Inserm invitait ses collègues chercheurs français à un « workshop »*, qui s’est tenu à l’université Pierre-et-Marie-Curie, à Paris-5e, en février 2006. Tous les intervenants cités dans le message sont des chercheurs français ou francophones. Les titres des interventions étaient donnés en anglais. D’ailleurs, il était bien précisé au bas du message : « Official language is English for presentation and discussion. »
    Ce choix de l’anglais, hors de tout contexte international, est simplement scandaleux et révèle la soumission culturelle dans laquelle se complaît une partie de notre élite scientifique. Et ce sont les contribuables français qui financent ces trahisons linguistiques ! Jusqu’à ce jour, malgré la loi du 4 août 1994, aucune sanction n’a été appliquée pour ces comportements linguicides.


  • * Atelier.
Retour sommaire
• Siège administratif : 222, avenue de Versailles 75016 Paris •