Défense de la langue française
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N° 250 (4e trimestre 2013)
- Nos adhérents nous signalent souvent
des incivilités linguistiques. Nous en
avons relevé quelques-unes parmi les plus
récentes :
C’est d’abord un restaurant de Lyon,
capitale de la gastronomie française, qui
inscrit dans le fond de ses assiettes la
mention « It’s
dinner time ».
C’est la chaîne
de blanchisserie
5 à Sec qui
vend des sacs
baptisés « Mon
bag repassage ».
C’est enfin le titre d’un film américain,
diffusé depuis peu sous le titre « As I lay
dying ». Ce film est inspiré d’un ouvrage
de William Faulkner dont la version
française porte le titre Tandis que j’agonise.
Toutes ces atteintes à la langue française,
prises isolément, peuvent sembler
anodines et ne pas mériter une sévère
réprobation. Pourtant, elles sont
révélatrices de la lente colonisation de
notre langue et de notre culture que
dénonce l’historien François Kersaudy1
dans le Figaro (1er octobre 2013) :
« ... Mais ce qui est le plus surprenant, c’est
le degré d’américanisation qui prévaut dans
une France pourtant marquée par des
décennies d’anti-américanisme primaire.
Nous ne parlons pas là de la multiplication
exponentielle des Kevin, Samantha, Sue
Ellen et autres J.R., des fast-foods, des gay
prides, des jeans, des sitcoms, des talk-shows,
du chewing-gum, des bandes ethniques, du
speed-dating, du crack, du rap [...] mais
bien de l’influence démesurée qu’exerce sur
nos politiques et nos institutions cet
“impérialisme américain” tant décrié. »
- Dans La Dépêche (20 octobre 2013),
l’académicien Michel Serres2 s’indigne
de nouveau à propos de l’anglicisation
généralisée :
« ... Maintenant, la classe dominante parle
anglais et le français est devenu la langue
des pauvres ; et moi, je défends la langue des
pauvres. Voilà, c’est pour ça que je demande
qu’on fasse la grève. J’en ai marre que la
SNCF nous fasse des “smiles”. J’en ai plein
le dos de cette affaire.[...] Il y a plus de mots
anglais sur les murs de Toulouse qu’il y avait
de mots allemands pendant l’Occupation. »
Ne faudrait-il pas adopter ses recommandations
? : « Ce que je voudrais moi, c’est
inviter les Français à faire la grève, chaque
fois qu’une publicité sera en anglais, on
n’achète pas le produit, chaque fois qu’un
film ne sera pas traduit dans le titre, on
n’entrera pas dans la salle de cinéma. [...]
Et dès lors que les publicitaires et les
commerçants auront 10 % de moins de
chiffre d’affaires, ne vous en faites pas, ils
reviendront au français. »
Voilà de bonnes résolutions à prendre
pour la nouvelle année 2014.
1. François Kersaudy est aussi polyglotte (9 langues) et fut professeur d’anglais à la Sorbonne.
2. Le philosophe Michel Serres enseigne aux États-Unis, à l’université de Stanford.
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