Défense de la langue française   
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L’année 2006, sera-t-elle vraiment celle de la francophonie ?
Emmanuel DUPUY


Cette année 2006 est déterminante pour le projet francophone.

Nous fêtons, en effet, le centenaire de la naissance du chantre de la négritude et de l’ardent défenseur du projet francophone qu’était Léopold Sédar Senghor. Nous sommes également à quelques mois de la tenue du XIe sommet de la Francophonie qui aura lieu pour la première fois à Bucarest, preuve que la francophonie est un projet universaliste, liant 175 millions de locuteurs francophones affirmés répartis dans 63 pays.

Le salon du livre, sous le signe de la langue française dans le monde, ainsi que le festival « Francofffonies ! festival francophone en France » qui de mars à octobre battra dans l’Hexagone et dans les DOM-TOM, au cœur de la diversité culturelle, confirment l’enjeu formidable que sont la promotion et la défense de la langue française sur l'ensemble de la planète.

De nombreux colloques, ainsi qu’une abondante littérature, dont les ouvrages de Dominique Wolton au titre prophétique de Demain la francophonie (éditions Flammarion), de Claude Hagège au titre évocateur de Combat pour le français. Au nom de la diversité des langages et des cultures (Odile Jacob) ou celui de Claire Tréan dans la collection Idées reçues viennent concrétiser un intérêt croissant des Français pour cet enjeu, à la fois politique, culturel et économique.

Pourtant, que d'incompréhensions sur ce concept que d’aucuns assimilent à un souvenir honteux de la puissance passée de la France ! Les principaux fronts sur lesquels la francophonie évolue dépendent incontestablement de la richesse d'un réseau associatif militant marqué par sa jeunesse et hélas ! atermoiements fréquents d'une classe politique, volontiers défaitiste et prompte à dénier toute rôle à la francophonie dans notre politique étrangère.

Souvent a-t-on également coutume d’entendre que les projets européen et francophone seraient concurrents...

À tout cela, la francophonie répond en écho : fraternité, laïcité, humanisme, solidarité entre les peuples du monde, intégration républicaine ici comme ailleurs, diversité culturelle, dialogue des civilisations… caractéristiques de ce « savoir-être » francophone qui mériterait une prise en compte plus ostentatoire de la part des médias et des responsables politiques.

Mais au-delà de ces discours de circonstances, il est désormais temps d’agir de façon durable afin de ne pas voir le français décliner en tant que langue officielle au sein des organisations internationales, ou pour éviter de voir les instruments vitaux que sont les Alliances françaises, centres culturels et établissements scolaires fermer les uns après les autres...

Le combat pour le plurilinguisme est tout aussi vital, notamment en ce qui concerne les brevets européens. Par ailleurs, est-il déterminant de ne pas céder à l’air du temps qui voudrait que l’on abandonne une politique d’attribution de bourses ambitieuse qui inscrivait pourtant la « Francosphère » dans la réalité du co-développement et en faisait un des leviers pour la « Francophonie puissance » qui nous fait tant défaut dans la mondialisation !

Des actes symboliques et concrets sont urgents. Ainsi au-delà de la complexité institutionnelle, la mobilisation associative de la famille francophone est un facteur déterminant, à l’instar de la victoire obtenue à l’Unesco en octobre dernier en faveur de la diversité culturelle. Victoire, certes, mais qui reste à consolider...

De ce point de vue, la sortie du président Jacques Chirac au moment où Ernest-Antoine Sellière, nouveau « patron des patrons européens » choisissait sciemment de s’exprimer en anglais, lors du dernier Conseil européen, est un acte assez symbolique et assez fort pour démontrer que la langue française est un bien commun à défendre pied à pied. Une même détermination aurait été souhaitable lorsque Jean-Claude Trichet, tout juste promu, Président de la Banque centrale européenne s’était exprimé en anglais devant les parlementaires européens.

Pour ce faire, il faut savoir adresser des messages forts à l’opinion publique. Ceux-ci pourraient être - comme le proposent de nombreuses associations regroupées au sein du Forum francophone international (FFI)-, l’utilisation du drapeau officiel de la francophonie à côté des drapeaux nationaux, fédéraux, européens, l’ajout dans notre Constitution d’une phrase rappelant que la « République participe à la construction d'un espace francophone de solidarité et de coopération », ou encore, le renvoi systématique de tous les documents de travail et actes officiels émanant des institutions européennes, désormais disponibles uniquement en anglais.

Alors ainsi, nous sentirons-nous peut-être un peu plus francophones pour bâtir autour de cette « langue en partage » qu’est le français, un monde plus juste et garantir des rapports entre les peuples plus équilibrés, « unis dans la diversité » comme nous y invite le projet européen, dont incontestablement la France doit rester un des moteurs.
Emmanuel DUPUY
Président de l’Union des Républicains Radicaux (U2R)
www.u2r.org
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