Défense de la langue française
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Les entreprises sous surveillance
L'anglais est de plus en plus souvent utilisé dans les entreprises tricolores.
Pas plus tard qu'hier matin, la toute tricolore Air France annonçait dans un communiqué de presse diffusé dans les rédactions - françaises - sa volonté de racheter sa concurrente Air Liberté. Et ce communiqué était rédigé exclusivement… en anglais.
Voilà un concurrent sérieux pour le PDG de Renault, Louis Schweitzer, qui vient de se voir décerner le « prix de la Carpette anglaise » par des associations de défense de la langue française. Motif : depuis septembre, le patron a décidé que les comptes rendus des comités de direction seraient diffusés uniquement en anglais. « Le monde de l'entreprise doit être surveillé, s'inquiète Marc Favre d 'Échallens, de l'association Défense de la langue française. Bientôt, parler français dans une entreprise française va devenir un vrai combat. »
Dans les entreprises franco-britanniques, la bataille est perdue depuis belle lurette. Chez GEC-Alstom ou Eurotunnel, le français a été battu à plate couture par l'anglais devenu langue de travail. Idem chez Airbus, où se côtoient Britanniques, Français, Espagnols et Allemands.
Mais les victoires de la langue du business ne s'arrêtent pas là. Chez Alcatel - surnommé high speed society par son patron Serge Tchuruk - elle est devenue langage courant. Tout comme chez Rank Xerox, dont les salariés ont fini par se rebiffer. La CFDT et l'association Défense de la langue française ont ainsi assigné la direction en justice pour avoir imposé l'anglais dans les notes de services et les documents utilisés par les techniciens. « L'anglicisation de la vie professionnelle, qui touchait à l'origine les cadres supérieurs, se diffuse de plus en plus vers le bas de la hiérarchie », déplore Marc Favre d'Échallens.
Utilisé en interne, l'anglais fait aussi très bien sur les affiches ou les documents publicitaires. Ainsi de la marque de chaussures françaises Mephisto qui s'est choisi comme slogan : Menbers of the Mephisto movement… ou encore de Bull dont le logo s'accompagne de la très anglo-saxonne mention Networks of confidence.
Les défenseurs de la langue française n'ont guère en ce moment qu'un motif de satisfaction : le « bogue »de l'an 2000 a fini par l'emporter sur le bug.
Émmanuelle RÉJU
La Croix - vendredi 17 mars 2000
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