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"Ce candidat déclaré au moment de l'envoi de notre lettre, n'a pas pu obtenir le nombre de signatures nécessaires à la candidature officielle. Nous reproduisons cependant sa réponse puisqu'il s'est donné la peine de la rédiger".
1[voir questionnaire] - La « certaine idée de la France » qui m’anime me conduit à vous répondre tout naturellement « oui ». J’ajoute que ce devrait être la réponse immédiate de n’importe qui aspirant à exercer des responsabilités à la tête de l’Etat, tant l’indépendance et le rayonnement de la France se confond depuis toujours avec sa propre identité nationale, culturelle et linguistique, avec sa propre substance.
2 – Je préconise le rétablissement de 15 heures hebdomadaires d’apprentissage du français à l’école élémentaire, au lieu des neuf actuelles.
Le meilleur moyen pour encourager des vocations littéraires de qualité dans le cycle secondaire, c’est d’abord assurer une maîtrise correcte de la langue. Le respect de la langue conditionne le goût pour la lecture, qui doit être par ailleurs davantage valorisée dans les programmes.
Enfin, concernant l’initiation aux langues étrangères dans le cycle élémentaire, je suis favorable à une maîtrise correcte préalable du français, pour pouvoir développer valablement un apprentissage d’autres langues d’une part, pour s’assurer qu’il reste suffisamment de temps pour de tels enseignements d’autre part.
3 – Comme pour toute loi qui reste de pur principe lorsqu’on ne lui donne pas les moyens de son application, il convient de renforcer le contrôle et les sanctions à l’encontre des contrevenants.
Par ailleurs, sur les améliorations à apporter à la loi existante et actuellement bloquées à l’Assemblée Nationale, il va de soi que la volonté politique du futur président de la République sera déterminante. Il faudra cela, mais aussi des députés qui changent leur manière de voir sur la façon de légiférer : les pesanteurs institutionnelles de la Vème République, même si elles ne sont pas en cause en tant que telles, provoquent des effets pervers lorsque ces deux conditions ne sont pas réunies, ainsi que l’a démontré le passé récent que vous mentionnez.
Sur le dernier point, c’est à la fois une question de moyens (financiers, institutionnels, juridiques) et de volonté politique. Je préférerais que nous ne soyons pas obligés d’autoriser les associations de défense du français à se porter partie civile pour résoudre le problème. La judiciarisation de la vie publique, déjà observée dans d’autres domaines, me semble en effet inquiétante.
4[voir questionnaire] – J’ai toujours combattu avec la plus grande fermeté le protocole de Londres, de même que le projet de brevet communautaire qui aurait lui aussi des effets néfastes pour l’avenir de notre langue dans le domaine scientifique, industriel et commercial (sans compter avec le recul de nos intérêts proprement économiques que de telles « réformes » entraîneraient). Je suis favorable à une amélioration du système des brevets, mais à l’exclusion de tout bouleversement de la reconnaissance pleine et entière de la langue domestique où ceux-ci s’appliquent. Cela signifie clairement que je suis pour l’abandon du protocole de Londres et du brevet communautaire.
5 – J’estime que la francophonie est non seulement un atout irremplaçable pour le rayonnement de notre pays, comme des pays de langue française, sur la scène mondiale, mais qu’elle constitue également le fer de lance de toute véritable politique de diversité linguistique et culturelle : défendre la francophonie, c’est défendre le droit et la légitimité de chaque langue à exister dans un monde que la France a toujours voulu polyphonique (ne serait-ce que parce que c’est ce qu’elle réclame pour elle-même). En conséquence, j’estime que notre action pour la francophonie devrait être revue de fond en combles, aussi bien sur ses missions, ses moyens (financiers, institutionnels) que sur son articulation avec les autres volets de notre diplomatie. Agir pour la francophonie, ce n’est pas seulement renforcer ses institutions et ses budgets, c’est faire de la francophonie tous azimuts en renforçant nos écoles françaises de l’étranger, nos consulats, nos réseaux d’intelligence commerciale et économique, nos partenariats universitaires, nos partenariats politiques et techniques avec des pays tiers, etc. Dans cette perspective, j’ajoute que la France doit d’urgence renouer avec sa vocation mondiale et cesser de réduire sa diplomatie à un pré-carré européen et communautaire qui est en réalité enfermant pour elle.
Nous devons d’urgence remettre à flot les Alliances françaises, intensifier nos liens avec des pays dynamiques comme le Québec, utiliser et investir beaucoup plus massivement l’internet, donner de vrais moyens et des missions plus ambitieuses aux chaînes de télévision internationales francophone, etc. Ce ne sont pas les chantiers qui manquent !
En matière d’accueil d’étudiants étrangers (une chance et un défi pour la France), il est primordial de ne pas laisser dériver ces échanges en trappe à immigration irrégulière. La France a intérêt à former une partie des élites des pays francophones, notamment. Cela fait partie également de sa vocation universelle. Pour autant, elle doit veiller à ce que ces apports à d’autres pays leur servent effectivement, et non qu’ils alimentent un marché du travail domestique déjà saturé de chômage.
6[voir questionnaire] – C’est un problème évident de volonté politique. Je suis triste de devoir le constater, mais le français dans les institutions communautaires a subi une véritable déroute sous la présidence de Jacques CHIRAC. Dès sa première présidence, le pourcentage de textes produits en français a littéralement dévissé, pour atteindre des seuils particulièrement alarmants. Pire, l’administration française elle-même accepte désormais – voire commandite ! – des textes rédigés en anglais dans ses échanges avec les organes communautaires. Interpelé sur ce point à l’Assemblée Nationale, le gouvernement ne s’est pas contenté de reconnaître cet état de fait, il l’a aussi justifié au nom de l’efficacité de l’influence française en Europe ! Ainsi, la France se montre résignée, pour ne pas dire complaisante, face à l’offensive des partisans du tout-anglais, pour qui l’instauration de facto d’une langue de travail unique sera un puissant facteur d’intégration supranationale, de rapprochement avec les Etats-Unis et de réduction des coûts de traduction. La seule attitude digne et envisageable est de pratiquer autant que de besoin la politique de la chaise vide et de sanctionner les administrations qui continueraient à travailler à partir de documents en anglais.
Dans cette contre-offensive du français en Europe, il est évident que le Chef de l’Etat lui-même doit porter le message de la plus extrême intransigeance auprès de ses homologues européens.
7 – Aussi étrange que cela puisse paraître, le français est bien moins menacé à New-York qu’à Bruxelles. La France et le français y conservent une estime et un prestige que l’enfermement dans l’Europe supranationale nous empêche de voir. Il faut conforter et développer ce sentiment et, à travers lui, la position du français dans les instances onusiennes. Bien entendu, plus la politique mondiale de la France sera à la hauteur, plus nous y parviendrons. Et, comme disait de Gaulle : « Il n’est pas nécessaire d’être puissant pour être grand, il faut être à la hauteur de l’histoire ! »
8 – Je ne souhaite pas trop accabler les fonctionnaires qui cèdent à ces instructions. Ils ne font après tout qu’obéir à leur hiérarchie. Ce sont les donneurs d’ordre qu’il faut révoquer, par le suffrage universel. Une fois chose faite, je devine que nos fonctionnaires obéiront avec entrain à des consignes de fermeté sur la défense de notre propre langue !
Nicolas DUPONT-AIGNAN
Candidat à la présidence de la République
Député de l’Essonne
Président de Debout la République
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