Compte rendu
Manifestation du 5 mars 2002 à Paris
Cette manifestation, lancée par l'association Avenir de la langue française, avait pour but de protester contre la circulaire
[1]
du 20 septembre 2002 signée par Catherine Tasca ministre de la Culture et de la Communication, Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget, François Patriat, secrétaire d'État aux Entreprises et au Commerce...
Rappelons que cette circulaire autorise l'usage de dessins, symboles et pictogrammes pour informer les consommateurs et qu'elle autorise l'adjonction d'explications en langue étrangère (lire l'anglais) sans qu'il soit obligatoire de les traduire en français.
Cette manifestation lancée en deux semaines ne nous a pas permis de mobiliser efficacement nos adhérents. Nous étions environ 150 personnes sur la place du Palais Royal à 17 h 45. Nous avons noté la présence de M. Jacques Myard, député, venu nous encourager.
Un officier de police de la préfecture nous a fait savoir que le ministère de la Culture était disposé à recevoir une délégation de 8 personnes, deux par association signataire de la pétition [2].
Une délégation fut ainsi composée :
Avenir de la langue française : MM. Méric et Salon
ASSELAF : MM. Loubière et Thibault
Défense de la langue française : Dr Lasserre et M. Déchamps
Droit de Comprendre : MM. Bonnaud et Priestley
Nous fûmes reçus par
André Ladousse du cabinet de madame Tasca, chargé de la langue française
Claude Jean, délégué général adjoint à la langue française (DGLF)
Jean-François Baldi, chargé de l'application de la loi (DGLF)
La parole fut donnée à chacun des membres de la délégation et les remarques suivantes ont été faites aux représentants du Gouvernement et de l'Administration :
- les pictogrammes ne peuvent remplacer une explication claire en français ;
- cette circulaire ouvre un boulevard à l'utilisation exclusive de l'anglais ;
- discrimination entre les consommateurs anglophones et non anglophones ;
- certains ministères français font preuve de soumission zélée face aux diktats de la Commission européenne. Les chasseurs obtiennent des dérogations. Est-ce parce qu'ils ont des fusils ?
- la circulaire va au-delà des recommandations et des règlements européens ;
- l'actuel gouvernement a un bilan désastreux en matière de langue française ;
- Mme Tasca n'a jamais fait de déclaration sur sa politique de la langue française, en a-t-elle une ?
- manque de caractère de nos dirigeants devant les dérives linguistiques de la Commission européenne ;
- pourquoi faudrait-il appliquer à la lettre les directives et règlements européens alors que la Commission ne respecte pas ses propres règles en matière linguistique ?
- absence de concertation avec les associations représentatives ;
- faudra-t-il en arriver à commettre des actions violentes pour être entendus ?
Après une écoute attentive et polie, M. Ladousse expliqua que cette circulaire avait été prise à la suite d'une affaire portée devant la Commission européenne par la marque « Fruit of the Loom » qui avait été condamnée en France pour des inscriptions en anglais sur des ticheurtes, en excipant du principe de la libre circulation des marchandises au sein de la communauté européenne.
Pour éviter que cette affaire vienne devant la Cour européenne de justice, ce qui aurait menacé l'existence même de la loi du 4 août 1994, d'après Monsieur Ladousse, le ministère de la Culture et de la Communication à commis cette circulaire. La Commission a jugé cette disposition satisfaisante et a clos le dossier.
Ensuite , M. Ladousse tenta de développer le bilan du ministère en faveur de la langue française. Il ne put cependant citer que les mesures prises en faveur du prix du livre, du financement de la création cinématographie et de la chanson. Tout en reconnaissant l'intérêt de ces mesures (bien que des films français tournés en anglais soient aussi financés par les deniers publics) les délégués firent remarquer qu'aucune mesure pour défendre la langue française au quotidien n'avait été lancée par ledit ministère. Au contraire, c'est sous le ministère de Mme Tasca que la langue française a subi les plus graves reculs : Loi MURCEF, Brevets européens, circulaire...
M. Ladousse concéda finalement que la circulaire, rédigée sous la pression, n'était pas sans défaut et qu'elle mériterait d'être améliorée.
Il expliqua également que le poids du ministère de la Culture était faible face au poids lourds du gouvernement (Finances, Travail, Industrie,...). Lors des arbitrages, son point de vue n'est pas toujours celui qui prévaut, même dans le domaine de la langue française.
Une mesure pratique a été proposée à Monsieur Ladousse, en attendant la modification de la circulaire : qu'instruction soit donnée aux ministères français de renvoyer tous documents d'information et de travail qui leur sont envoyés par les institutions européennes qui ont le français comme langue de travail. Cette proposition n'a rencontré qu'un silence poli...
Réunion close à 20 h 00
Conclusion
Cette manifestation a été utile en ce qu'elle a démontré, malgré tout, notre pouvoir de mobilisation et le ministère de la Culture ne peut plus ignorer notre hostilité à cette circulaire. Nous avons démontré également une belle cohésion associative que nous devons élargir en fonction des dossiers.
Bien entendu, rien ne sera fait avant la nouvelle législature.
Nous devons nous préparer à manifester d'une manière plus spectaculaire et à faire pression pour que nos revendications en matière de langue française soient prises en compte et ce, quel que soit le gouvernement qui sera mis en place à la rentrée.
Rendez-vous en octobre.
Marceau Déchamps le 8 mars 2002
[Retour] [1] voir circulaire parue au J.O.du 27/10/2001 disponible au secrétariat DLF ou sur internet à l'adresse http://www.langue-francaise.org/Circulaire_20_09_2001.html
[Retour] [2] pétition disponible sur demande au secrétariat ou par messagerie en écrivant à direction@langue-francaise.org