Dans cette période de son histoire où son destin hésite, et où elle semble une nouvelle fois s'abandonner, la France peut et doit prendre les solidarités de langues et de cultures comme fondements du consensus républicain et de ses relations internationales.
C'est une idée à contre-courant, car :
- occultées , ces solidarités, simples résultantes de l'histoire, d'un passé révolu, ne peuvent, aux yeux des « modernistes », être porteuses que d'un avenir qui serait entaché de néo-colonialisme ou de néo-impérialisme ;
- il est « politiquement correct » de penser que la France est en déclin mérité, que la réussite matérielle - voire culturelle - mondiale, du modèle américain peut fort bien remplacer le vieil universalisme humaniste auquel nos élites avaient toujours aspiré ;
- le défaitisme ambiant conduit à écarter toute velléité de résistance, condamne tout « barrage contre le Pacifique », l'hégémonie américaine paraissant bien installée, tant « spontanément », que par la volonté de Washington ( exemple probant, déjà ancien, des quotas de films américains imposés aux Européens dans le cadre du Plan Marshall : 30% imposés sur les écrans français par les accords Blum-Byrnes de 1946, alors que les mêmes Etats-Unis crient au protectionnisme aujourd'hui, devant les efforts des Européens pour sauver leurs industries culturelles par des quotas).
C'est pourtant une idée neuve, et une politique nécessaire, à concevoir et mettre en œuvre d'urgence :
Parce que toute société vivante a besoin de se projeter dans l'avenir. Or, la France ne sait pas où elle va. Elle ne semble avoir pour tout futur que celui d'une fusion dans l'Empire américain. Ce n'est pas un avenir pour elle. Il ne saurait satisfaire ses intérêts vitaux, dans le prolongement de son exceptionnel passé. Sa vocation est de contribuer à marquer la mondialisation en cours, plutôt dans l'esprit de Porto-Alegre que dans celui de la « globalisation » à la Davos, et de refuser la marchandisation des hommes, des idées, des cultures, la réduction des valeurs à celles de la Bourse.
Parce que cet Empire américain, pour puissant qu'il paraisse, s'écroulera comme ses prédécesseurs, plus tôt qu'on ne le pense. La « France contre les empires et contre les robots », n'a donc aucun intérêt à lui sacrifier ce qu'elle représente pour s'y inféoder. Elle n'en tirerait rien. Elle serait, à sa chute, orpheline, décervelée ,dévertébrée, et prête à se donner à un empire encore pire…S'inféoder ne serait pas être le « petit malin » qui se place du côté du manche, mais le perdant qui joue vainqueurs l'Allemagne en 1940, l'URSS en 1947, et l'Oncle Sam en 2001.
Parce que la Francophonie-Communauté, forte de son existence et de son potentiel, est mieux placée que d'autres pour satisfaire le besoin universel de synthèse humaine, sociale, culturelle, entre la mondialisation de la communication et les revendications identitaires.
De là la nécessité d'une :
Politique
linguistique en France même, et d'une politique
francophone à l'extérieur.
Elle doit comprendre la reconquête du français, l'aménagement de l'enseignement des langues de France et de l'étranger, une priorité francophone dans l'accueil des étrangers, et la sensibilisation des Français à la Francophonie.
- 1.1.
- La « reconquista » de la langue française en France
Elle est nécessaire, urgente. Car, dans presque tous les secteurs vitaux de l'activité nationale (recherche et publications scientifiques, nos grandes entreprises « mondialisées », une partie des industries culturelles et audio-visuelles, l'Armée, voire une partie de la haute fonction publique, notamment au Trésor à Bercy, la haute couture aussi bien que la publicité, ainsi que nos relations avec les organisations internationales et au sein de l'Union européenne), l'anglo-américain a pris une place dominante, voire la place du français . Il n'est plus exagéré de dire que notre pays est engagé dans le troisième changement de langue de sa longue histoire. Sous l'empire romain, le passage des langues celtiques au latin a duré plusieurs siècles. Pour les trois quarts des Français qui, en 1793-94, selon l'enquête de l'abbé Grégoire, ne parlaient pas le français de l'Ile-de-France et de la Touraine, et sont passés à la langue de la République, la durée de leur deuxième mutation a été moins longue. Celle du passage à la bilinguisation du pays, puis à l'anglais langue unique, pourrait, si l'on n'y prenait garde, être bien moins longue encore - deux générations tout au plus - compte tenu de la puissance et de l'ubiquité des médias actuels, et des fortes pressions américaines, européennes, et de celles de nos « élites » qui y voient un futur pour le pays et un avenir pour leurs privilèges.
Il y faut un véritable sursaut, pendant qu'il en est encore temps. « Nous sommes tous des Québécois » (Alain Finkielkraut). Une véritable « loi 101 » allant bien au delà de la loi dite Toubon du 4 août 1994. Malgré les habituels sarcasmes de l' « intelligentsia », et l'anesthésie qu'elle pratique, le peuple français, ses forces vives et ses syndicats, commencent à s'émouvoir et à demander une protection législative véritable. Sait-on assez que des Allemands commencent à s'en soucier, que les Polonais ont voté une loi récemment, qu'un projet contraignant est à l'examen du Parlement brésilien, que plusieurs Etats des Etats-Unis d'Amérique, inquiets, eux, de la montée de l'espagnol, se sont sentis obligés d'inscrire dans leurs constitutions que l'anglais était leur langue officielle ?…
Il faudra bien, aussi, restaurer une solide capacité d'expression orale et écrite en français dans nos écoles républicaines, oser agir sur la formation initiale et permanente des journalistes, favoriser sans pusillanimité la création et la diffusion en français dans l'audiovisuel et les médias.
- 1.2.
- Un meilleur dialogue avec les autres langues de France
Elles enrichissent et confortent le français. Mais « faire aller le gascon là où le français ne peut aller » ne saurait être la seule raison de maintenir et développer la connaissance des langues régionales. Elles sont une part inaliénable de notre patrimoine.
Le discours sur la diversité linguistique et culturelle, et l'intérêt du multilinguisme, dans la Communauté francophone et dans le reste du monde, trouve en France son terrain premier et privilégié d'application. D'autant plus que nous n'avons pas à redouter les critiques de certains étrangers, surtout anglo-saxons, à l'égard de notre « jacobinisme linguistique » . Ni en Afrique, ni en Polynésie, ni en Nouvelle-Calédonie, ni ailleurs, nous n'avons fait subir à des populations entières le sort des Indiens, des Hottentots, des Acadiens en 1755 (« grand dérangement ») ou des Aborigènes d'Australie. Nos « peuples premiers » existent, et participent, nombreux et évolués, à la gestion de leurs affaires, dans leurs langues comme en français.
Sans préjudice de l'article 2 de notre Constitution (« la langue de la République est le français »), il convient donc d'encourager les formations bilingues français-langue régionale en fonction des besoins démocratiquement exprimés. Le français langue nationale et internationale ne peut, aujourd'hui, qu'être conforté par la vie des autres langues de France, aussi longtemps que celles-ci ne sont pas langues officielles ni langues obligatoires de l'enseignement.
- 1.3.
- Un meilleur équilibre dans l'offre d'apprentissage des langues étrangères en France
La tendance actuelle au « tout anglais », dans l'enseignement (maintenant primaire et même maternel) est néfaste. Elle ne correspond pas aux besoins objectifs du pays ni à la véritable demande de tous les parents. Elle doit être combattue.
Le plurilinguisme doit être favorisé par une politique déterminée de l'offre. Programmes subventionnés d'apprentissage de langues autres que l'anglais à la radio, à la télévision et sur la Toile. Réintégration de diverses langues étrangères chassées des concours d'entrée dans les grandes écoles, notamment d'ingénieurs et de commerce, offre de filières cohérentes (du primaire au baccalauréat) d'apprentissage des grandes langues interculturelles avec lesquelles le français est en contact suivi en Europe. Concurremment, une action très forte de formation des enseignants de langues est à entreprendre.
Le but doit être que chaque Français ait à la fin du primaire un bon acquis dans l'une de ces langues interculturelles (en particulier : allemand, anglais, arabe, espagnol, portugais, russe) en faisant en sorte que l'offre soit équilibrée, voire égale, entre ces langues, puis, à la fin de ses études secondaires, une connaissance solide de deux langues en sus du français. Pour la majorité des élèves, l'une de ces langues sera peut-être l'anglais, sans préjudice, toutefois, du choix des familles qui opteraient pour une langue ancienne, pour une langue dite « rare », ou pour une langue régionale.
Développement de lycées et sections bilingues, à l'instar de ce qu'avaient fait les pays de l'Est européen. Exemples : franco-japonais à Strasbourg, franco-chinois et franco-arabes à Paris, Lyon et Marseille, franco-espagnols à Montpellier et Toulouse…
Ces mesures devraient faire l'objet d'une réciprocité négociée avec nos principaux partenaires, d'abord de l'Union européenne et de la Communauté francophone.
- 1.4.
- Une priorité francophone dans l'accueil et le traitement des étrangers en France.
Cette priorité doit s'inscrire dans un ensemble de dispositions et de mesures contraignantes de l'Union européenne en matière de libre circulation : priorité d'accueil aux étrangers venant de pays membres de la Francophonie-Communauté et parlant le français, à l'instar de la politique d'immigration du Québec, qui a su affirmer ses besoins spécifiques au sein de l'ensemble canadien.
Acceptation de la charte sur une préférence dans la circulation des personnes et des biens culturels au sein de la Francophonie-Communauté (cf. le document joint sur la politique multilatérale francophone).
Accueil spécifique (visas, bourses, cours intensifs de français…) aux étrangers artistes, chercheurs, professeurs associés, étudiants, cadres divers.
Organisation plus systématique et plus sérieuse de l'offre de cours de français pour les résidents étrangers et leurs familles.
Alignement progressif des droits à accorder aux ressortissants de la Francophonie sur ceux des ressortissants de l'Union européenne. En effet, les premiers sont souvent plus proches de nous que tels Européens venant des confins de l'Union en voie d'élargissement. L'acquisition de la nationalité française doit faire l'objet d'une priorité pour les demandeurs francophones.
- 1.5.
- -L'adaptation de la France et la sensibilisation des Français à l'existence et à l'importance de la Francophonie-Communauté : la Francophonie est un état d'esprit.
La France doit enfin tirer les conséquences chez elle de l'existence d'une Francophonie vivante, et y participer d'une manière plus démocratique et égalitaire.
Au sein de la Francophonie, nos partenaires n'admettent plus que la France se comporte encore aujourd'hui vis-à-vis d'eux comme se comportait « Paris » à l'égard de la « province » avant la décentralisation, et ignore superbement qui ils sont, quels besoins ils ont et quels apports - combien précieux - peuvent être les leurs.
La Francophonie est devenue aujourd'hui tout autre chose, et bien plus vaste (à la différence du Commonwealth et de la Lusophonie) que notre ancien empire colonial. Cela est en voie d'être admis partout, même en Algérie. Il est donc temps de ne plus craindre l'accusation de rétablissement des fameuses taches roses sur les cartes murales de nos écoles primaires sous les troisième et quatrième Républiques. Il est temps de l'enseigner dans les écoles, et dans les universités, en histoire, en géographie, en littérature, en économie, en sociologie, en géopolitique , de l'étudier spécifiquement, et de produire les ouvrages et manuels nécessaires. Il est temps d'introduire la dimension « francophonie » dans la formation des journalistes, des élèves de nos grandes écoles civiles et militaires. Nos écoles de commerce sont trop étroitement tournées vers les idées, les techniques et les marchés à la mode. Il en va presque de même de la formation initiale et continue de nos hauts fonctionnaires. Actuellement, il faut savoir que l'ENA elle-même forme des cerveaux plus tournés vers la gestion d'ensembles publico-privés européo-mondialisés que vers le service public français, a fortiori vers les affaires culturelles et francophones. Le Quai d'Orsay lui-même ne peut encore donner à la Francophonie la considération et la place qui conviennent, faute de connaissances suffisantes chez la grande majorité de ses diplomates sur le sujet. Il faut faire cesser ces anomalies dommageables, que nos amis étrangers ont du mal à comprendre.
Les médias, à côté de l'enseignement, doivent aussi être incités à jouer leur rôle éducatif en la matière. Les émissions de radio, de télévision, les sites sur la Toile, doivent être développés. Ceux qui existent, à l'instar d' « Espace francophone » sur France 3, doivent pouvoir faire l'objet d'enrichissements et d'une diffusion à des heures plus propices que le milieu de la nuit. La chaîne internationale francophone TV5, que le gouvernement français aide (cf. les propositions jointes concernant la politique multilatérale francophone), doit recevoir les moyens nécessaires à une meilleure diffusion en France d'émissions sur les autres pays francophones et sur leur coopération entre eux et avec la France.
Les institutions françaises doivent s'ouvrir bien davantage aux ressortissants de la Francophonie et aux coopérations - bilatérales et en réseau - avec les institutions homologues ou correspondantes de la Francophonie-Communauté. Cela vaut au premier chef - et à titre d'exemple hautement symbolique de l'attitude nouvelle à adopter - pour les institutions qui traitent du patrimoine commun : la langue française. L'Académie française peut sans doute encore, compte tenu de son prestige et de ce qu'elle représente pour les Français, rester elle-même et ne pas être transformée immédiatement en « Académie de la Francophonie » avec tout ce que cette transformation comporterait de partage de pouvoirs correspondant au fait que, selon la formule de Maurice Druon reprise par les Sommets francophones, tous les pays membres ont « le français en partage ». Mais elle doit s'ouvrir plus qu'aux trop rares Senghor et Yourcenar, en fait très « français ». Dans un premier mouvement, il convient de mettre en réseau, voire de fédérer - en un « Institut du français en Francophonie »? - les délégations et offices, conseils et comités, ainsi que les commissions de néologie et terminologie, qui existent dans les divers pays membres, et de faire en sorte que les résultats de leurs travaux vaillent , dans un enrichissement mutuel, pour l'ensemble de la Francophonie, sous la coordination, l'impulsion et la responsabilité d'un organe de la « Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement des pays ayant le français en partage ».
Il est enfin nécessaire de créer , à l'instar des anciens instituts, encore existants ou malheureusement supprimés, tels l'IFAN (Institut français d'Afrique Noire) ou le CHEAM (Centre des Hautes Etudes d'Afrique et d'Asie Modernes) , un Institut des Hautes Etudes Francophones, lieu d'études et d'échanges de haut niveau et laboratoire d'idées, sur la Francophonie, les langues et cultures qui la composent , à gérer en commun par la Communauté francophone.
2) FAIRE DE LA FRANCOPHONIE UN AXE PRIVILEGIÉ DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE DE LA FRANCE .
Le traité d'Union européenne signé en 1992 à Maëstricht « institue » « une politique étrangère et de sécurité commune ». Aucun pays d'Europe n'a, à ce jour, interprété cette clause comme une obligation de n'avoir d'autre politique étrangère que commune, ni considéré que sa diplomatie devait recevoir l'autorisation des voisins pour continuer à traiter de ses intérêts nationaux hors de l'Union.
De même que le Royaume Uni, les Pays-Bas, et de plus en plus l'Allemagne, continuent à s'intéresser à la fois à l'Europe et au grand large, au reste du monde, la politique étrangère de la France doit continuer, dans ses lignes de forces antérieures, à «
marcher sur les deux jambes », ce qui signifie à la fois :
- traiter la culture au moins aussi bien que les affaires économiques et commerciales ;
- traiter la Communauté francophone sur le même pied que l'Europe.
- 2.1.
- -Reprendre une politique volontariste de soutien aux réseaux français à l'étranger.
Les crédits accordés par les ministères français concernés aux remarquables réseaux d'écoles et lycées à programmes français ou franco-étrangers, aux instituts et centres culturels, aux sections bilingues secondaires et universitaires, aux centres de recherche (archéologie, Instituts Pasteur, etc.…), suivis par nos Ambassades et Consulats hors de France, n'ont guère cessé de diminuer en valeur relative depuis près de trente ans. Il en va de même des établissements privés, de statut étranger pour la plupart, entretenus par les Alliances françaises, la Mission laïque française, l'Alliance israélite universelle, ainsi que des anciennes et nombreuses missions catholiques et protestantes. Or, aucun autre pays n'entretient, à l'extérieur, de réseaux comparables en étendue et en qualité. Les crédits qui leur sont affectés devraient donc reprendre une courbe ascendante jusqu'à doubler dans les cinq prochaines années.
De même, après avoir fourni proportionnellement le plus grand nombre de missionnaires expatriés, puis de « coopérants », la France a réduit considérablement le nombre de ces derniers. Mais elle est allée trop loin dans la réduction, jusqu'à descendre très en-dessous du seuil de réponse normale à des besoins réels, qui correspondent aux nécessités de développement de ses partenaires comme à ses propres intérêts. La situation est à redresser progressivement, au besoin par le recours accru aux jeunes volontaires techniciens, soignants, enseignants, au statut plus souple et au coût moins élevé que ceux des coopérants.
- 2.2.
- -Une priorité francophone dans certaines de nos relations bilatérales politiques, économiques et de coopération.
- 2.2.1
- - Relance d'un effort de coopération au développement avec les pays africains, arabes, méditerranéens et asiatiques membres de la Francophonie-Communauté :
- Sans remise en cause de la récente réforme du ministère des Affaires étrangères, il convient de veiller avec soin à la préservation et au renouvellement des ressources humaines et des compétencesfrançaises en matière de coopération au développement, notamment avec l'Afrique.
- Priorité nette à rétablir dans l'aide au développement aux pays membres de la Francophonie, tant par les crédits du FSD (Fonds de solidarité pour le développement) que par les moyens de l'AFD (Agence française de développement) , dans une coopération mieux ciblée, mieux négociée, plus étroitement contrôlée, afin qu'elle puisse être au moins doublée dans les cinq prochaines années.
- Complémentarité et couplage à assurer de cette coopération avec celles : d'une part, bilatérales de nos partenaires développés en Francophonie (belge, canadienne, québécoise, suisse…), et, d'autre part, multilatérales de la Commission européenne, des organisations mondiales d'aide, et, naturellement au premier chef de l'O.I.F.(Organisation internationale de la Francophonie).
- 2.2.2
- - Une attention toute particulière aux pays et régions où le français est la langue maternelle d'une partie importante de la population
En concertation avec les Etats et gouvernements concernés :
- Aide aux associations qui luttent pour le maintien du français en Louisiane, en Nouvelle Angleterre, au Val d'Aoste, dans le canton de Berne, au Canada hors Québec.
- Développement avec le Québec d'un partenariat véritable, culturel, économique et politique, tant dans la relation bilatérale qu'au sein de la Francophonie-Communauté.
- Contenu réel, culturel et économique, à donner à l'accord conclu le 22 mars 1999, riche de potentialités mais qui reste encore vide, avec la Communauté Wallonie-Bruxelles. Sensibilisation des milieux concernés de ce côté-ci de la frontière, afin que la France soit prête à accompagner, au mieux de ses intérêts et de ceux des Wallons et des Bruxellois, les choix, quels qu'ils soient, qu'il incomberait à ceux-ci de faire le jour où les Flamands décideraient de se constituer en Etat indépendant.
- Attention accrue à porter, en ce qui concerne les diverses communautés francophones d'Europe, aux programmes de coopération interrégionale (Interreg, Sarlorlux…) guidés et financés par la Commission européenne.
- 2.3.
- - Conforter la langue française dans les organisations internationales dans lesquelles son statut juridique est remis en cause dans les faits.
- en veillant au respect des textes, en renforçant les instructions données aux représentants français en ce sens et en assortissant de sanctions réelles leurs manquements et complaisances ;
- en y envoyant à nouveau, dans les postes stratégiques, comme a si bien su le faire la Grande Bretagne à Bruxelles, des représentants de qualité, capables non seulement d'exiger des traductions, mais encore de produire des idées et des documents en français ;
- en soutenant plus vigoureusement, au sein des diverses institutions européennes et mondiales, les groupements et actions communes de tous les francophones, en premier lieu des représentants des pays membres de la Francophonie, en liaison avec les efforts propres, en ce sens, des organes de la coopération multilatérale francophone ;
- en apportant une aide beaucoup plus substantielle aux PECO (pays de l'Europe centrale et orientale) prêts et disposés à utiliser le français dans leurs relations avec les diverses institutions internationales, voire comme langue diplomatique au même titre que l'anglais. Cette aide devrait être négociée avec un soin particulier avec ceux des PECO, candidats à l'admission dans l'Union européenne, qui sont actuellement membres de la Francophonie-Communauté ou ont manifesté le désir d'y entrer.
- 2.4.
- -Traiter la coopération multilatérale francophone sur le même pied que la coopération européenne
Mettre fin à ce que la Ministre Mme Catherine Tasca qualifiait en 2000 d' « inconscience et de légèreté de la France ».
- Introduire dans la Constitution la mention de l'engagement de la France en faveur de la « construction d'un espace francophone de solidarité et de coopération », manifesté jusqu'ici seulement dans les Sommets francophones biennaux depuis 1986.
- En accepter les contraintes, les principales d'entre elles étant :
- la préférence de circulation, dans l'espace francophone, des biens et des services culturels, ainsi que des personnes de profession ou vocation culturelle au sens large : artistes, écrivains, chercheurs, universitaires, étudiants, spécialistes des industries culturelles et de l'information… ; il faut enfin admettre franchement que ces personnes, imprégnées de culture française, souvent grâce à notre aide, nous sont souvent bien moins étrangères que tel Européen de l'Union qui ne parle pas français et ignore tout de notre littérature, de nos chansons et de notre histoire ;
l'instauration, dans l'espace économique francophone, d'une préférence communautaire réservée aux industries culturelles, aux biens et services culturels ;
le partage réel du pouvoir et la réciprocité au sein des organes de la Communauté francophone ainsi que dans diverses institutions françaises qui traitent seules jusqu'ici des questions vitales pour l'ensemble de la Communauté (cf. plus haut l'exemple des institutions de la langue française elles-mêmes)
la volonté de tripler en cinq ans les contributions financières de la France à la coopération multilatérale francophone. La France ne peut pas prétendre faire vivre cette coopération là avec des contributions annuelles inférieures à 700 MF(qui incluent toutes nos dépenses y compris celles pour TV5 dans le monde entier), soit moins de 5% de l'ensemble des contributions obligatoires et volontaires de la France aux organisations de coopération multilatérale de toutes natures, et environ 2% de la totalité des crédits publics et privés de l'aide française au développement.
Toutes ces mesures sont évidemment à négocier avec nos partenaires francophones dans les orientations, les volumes de dépenses et le sérieux de leur contrôle , comme sans doute avec nos partenaires de l'Union européenne en matière de libre circulation et de préférences. L'essentiel est que la France ait, pour ce qui la concerne, la volonté de les faire adopter et aboutir, et de faire en sorte que la Francophonie ne se disperse ni se dilue :
- ne fasse pas ce que d'autres organismes internationaux, ou les coopérations bilatérales, font déjà, mieux et avec des moyens plus importants ;
- se concentre sur ce qu'elle seule peut faire, sur ce qu'elle peut le mieux réaliser, sur ce que d'autres n'entreprendront jamais pour elle, ni à sa place.
- 2.5.
- - La France doit, pour sa part, veiller à adapter la coopération multilatérale francophone et à améliorer très sensiblement son efficacité
Cela en négociant avec ses partenaires concernés, selon les propositions contenues dans le document séparé intitulé « plate-forme pour une politique multilatérale francophone ».
Elle peut, notamment, plaider en faveur d'un arrêt de la tendance actuelle à faire de la Francophonie une sorte d' ONU bis » et à y admettre des pays qui n'ont que peu de liens avec le français et la francophonie, et auxquels personne n'ose vraiment demander de s'engager à donner chez eux au français le statut de langue seconde ou du moins de « langue étrangère la plus favorisée ».
Elle peut aussi invoquer l'existence d'un statut de « gouvernement participant » inventé pour admettre le Québec non souverain, et étendu notamment à la Communauté française Wallonie-Bruxelles, pour parrainer l'entrée dans la Communauté de ceux de ses territoires d'outre-mer dotés de gouvernements et de capacités juridiques de relations de coopération avec l'extérieur, à commencer par la Nouvelle Calédonie et la Polynésie française, qui le souhaiteraient